Décès dans les prisons provinciales : un rapport de recherche inédit publié par une équipe de l'UQAM
MONTRÉAL, le 21 févr. 2024 /CNW/ - Les prisons provinciales ont connu une augmentation nette de 87% du taux de décès entre leurs murs en 13 ans (2009 à 2022). C'est ce que révèle un rapport de recherche inédit publié aujourd'hui par une équipe de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), dirigée par Catherine Chesnay, professeure à l'École de travail social.
Aucun organisme n'a pour mandat d'exercer une surveillance continue du nombre de décès dans les prisons provinciales. C'est pour brosser un portrait quantitatif de ce phénomène que la recherche a été menée.
« Qu'il soit « naturel », indéterminé ou un suicide, chaque décès en prison est un décès de trop. Chaque mort devrait être systématiquement consignée et prise en considération par l'institution carcérale pour, idéalement, motiver une prise d'action afin d'éviter que d'autres décès similaires n'occurrent. Or, le manque de transparence et de surveillance du phénomène des décès en prison, en dépit de la hausse du nombre de décès, en dit long sur le positionnement politique et l'absence de rigueur avec lesquels ces événements sont pris en compte », signale la professeure de l'UQAM Catherine Chesnay.
Durant la période à l'étude, soit de 2009 à 2022, 256 personnes seraient décédées dans des établissements de détention provinciaux.
Les décès classés comme morts naturelles, c'est-à-dire causés par une maladie ou des complications d'une maladie, représentent 33 % des décès comptabilisés en 13 ans.
Les décès classés en tant que mort de cause indéterminée représentent 28 % des décès. Selon les chercheurs de l'UQAM, cette proportion est préoccupante, car une prison est une institution où la surveillance et le contrôle des personnes incarcérées sont exercés de façon continue. Cette donnée est également révélatrice du manque de surveillance et de suivi du phénomène des décès dans les prisons provinciales.
Les décès classés comme suicide représentent 38 % du nombre total de décès. Pour la période étudiée, il y a à la fois une augmentation globale dans les taux de suicide et trois pointes d'augmentation ponctuels de ceux-ci. La pandémie de COVID-19, période durant laquelle les conditions de détention ont été particulièrement restrictives, est associée à une augmentation marquée du nombre de décès par suicide.
L'équipe de recherche a utilisé les données fournies par le ministère de la Sécurité publique (MSP) pour les années 2009-2010 à 2021-2022. Plus précisément, les données sont tirées des Compilations des événements par établissement de détention produites par le MSP dans le cadre de demandes d'accès à l'information. Au cours de leurs travaux, les chercheurs de l'UQAM ont observé certaines irrégularités dans le nombre de décès en les comparant avec d'autres demandes d'accès à l'information. Les analyses incluses dans leur rapport présentent un portrait partiel de l'ampleur des décès dans les prisons provinciales.
« Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour raffiner les analyses et établir un portrait plus clair du phénomène, ce rapport est révélateur des nombreuses injustices vécues par les personnes incarcérées », conclut la professeure Catherine Chesnay de l'UQAM.
Le rapport est disponible en ligne.
Autrices et auteur du rapport : Catherine Chesnay, professeure à l'École de travail social de l'UQAM, Mathilde Chabot-Martin, auxiliaire de recherche et étudiante à la maîtrise en travail social à l'UQAM, Guillaume Ouellet, chercheur au Centre de recherche de Montréal sur les inégalités sociales, les discriminations et les pratiques alternatives de citoyenneté (CREMIS) et professeur associé à l'École de travail social de l'UQAM, avec la collaboration de Dominique Bernier, professeure au Département des sciences juridiques de l'UQAM.
La professeure Catherine Chesnay est disponible pour des entrevues.
SOURCE Université du Québec à Montréal
Source : Joanie Doucet, Conseillère en communication, Division des relations avec la presse et événements spéciaux, Service des communications, Tel.: 514 987-3000, poste 3268,Cell.: 514 297-2771, [email protected]
Partager cet article