Décès d'un arpenteur sur le chantier de l'Autoroute 30
Une mort qui aurait pu être évitée, déplore la CSN-Construction
VALLEYFIELD, QC, le 30 mai 2012 /CNW Telbec/ - Ce matin, la Commission de la santé et de la sécurité du travail a rendu public son rapport d'enquête concernant l'accident qui a coûté la vie à l'arpenteur membre de la CSN-Construction, Georges Berger, en septembre 2011, sur le chantier de l'autoroute 30, près de Châteauguay. L'enquête révèle plusieurs manquements aux règles de sécurité sur le chantier de l'autoroute 30, qui sont inacceptables, aux yeux de la CSN-Construction.
La CSST identifie trois causes de cet accident, qui constituent des manquements aux obligations du consortium NA-30 de même qu'à celles de son sous-traitant, Excavation Loiselle & Frères inc. Elle souligne des lacunes quant à la coordination des programmes de prévention des deux entreprises, l'absence d'un signaleur dédié exclusivement à cette tâche ainsi que l'inefficacité de l'alarme de recul. « Cet accident aurait pu être prévenu. Georges Berger n'était pas supposé mourir. Ces deux entreprises ont manqué à leurs devoirs. L'amateurisme et l'insouciance dont elles ont fait preuve doivent être vigoureusement condamnés », s'insurge le président de la CSN-Construction, Aldo Miguel Paolinelli.
Un signaleur dédié à cette tâche
Pour la CSN-Construction, l'absence d'un signaleur exclusivement dédié à cette tâche représente une anomalie sans équivoque dans le processus visant à assurer aux travailleuses et aux travailleurs un environnement de travail totalement sécuritaire. « Nous réclamons depuis des années la présence de signaleurs exclusivement dédiés à cette fonction lors de manœuvres de recul d'équipements lourds dans un périmètre où sont appelés à œuvrer les travailleurs, rappelle Aldo Miguel Paolinelli. Une personne qui a d'autres responsabilités sur un chantier et qui agit comme signaleur court inévitablement un plus grand risque d'être inattentif ».
En outre, la CSN-Construction réclame depuis longtemps auprès des entrepreneurs que les arpenteurs soient jumelés en équipe de deux, dans le cadre de leur travail, précisément pour des raisons de sécurité. On peut penser que cet accident mortel aurait été évité si ces deux propositions de la CSN-Construction avaient été mises en place.
En effet, une des causes retenues par la CSST pour expliquer l'accident relève de l'absence d'un signaleur dédié à cette tâche afin d'assurer la pleine sécurité des manœuvres de recul effectuées par le camion. À peine neuf secondes d'inattention auront suffi pour entraîner ce décès. La personne qui avait pour tâche de guider les manœuvres avait le dos tourné vers le camion lorsque le regretté arpenteur s'est déplacé dans la trajectoire de recul du véhicule. Par ailleurs, le chauffeur du camion aurait dû stopper la manœuvre dès que le signaleur lui a tourné le dos : le contact visuel entre les deux doit être permanent. « Le rôle du signaleur doit être davantage valorisé sur tous les chantiers. Il doit être affecté uniquement à cette tâche et tous les ouvriers doivent respecter ses consignes. Le code de sécurité doit être resserré à cet égard », croit Aldo Miguel Paolinelli.
Un manque de coordination
Une autre des causes de l'accident retenue par la CSST relève du mode d'opération sur ce chantier, un partenariat public-privé de 1,5 milliards $, le plus important chantier routier actuellement au Québec. Le consortium qui agit comme maître-d'œuvre, a obtenu le contrat après avoir soumissionné au plus bas coût. Il ne peut faire l'ouvrage seul ; il engage une de nombreux sous-traitants. Il devrait s'assurer que toutes les directives reliées à la santé et à la sécurité du travail soient respectées. Mais l'enquête révèle que les programmes de prévention du consortium et celui du sous-traitant ne sont pas partagés par tous les salarié-es qui œuvrent sur le chantier. En outre, le consortium NA-30, s'est, à toute fin utile, déchargé de certaines de ses responsabilités aux sous-traitants. Il y a eu un manque de logistique et de coordination sur le chantier entre le maître-d'œuvre et ses différents sous-traitants au regard de l'accès et de la circulation sur le chantier.
Autrement dit, rien n'est prévu pour que le surintendant du sous-traitant Excavation Loiselle, qui agissait comme signaleur lors du drame sache que d'autres travailleurs, dont il n'a pas la responsabilité, circulent sur le chantier sous sa responsabilité, ce qui était le cas de Georges Berger. Il n'est même pas formellement informé de la présence de travailleurs d'autres entreprises dans la zone dont il a la responsabilité alors que de tels mécanismes sont prévus au programme de prévention pour les employés directs de l'entreprise. Une meilleure coordination entre le consortium et ses divers sous-traitants est donc absolument essentielle.
Alarme de recul
Enfin, l'inefficacité de l'alarme de recul du véhicule, bien que fonctionnelle, est identifiée comme une troisième cause, probable, de l'accident. Dans ce cas-ci, l'alarme n'a malheureusement pas permis d'éviter l'accident, ce qui confirme la nécessité d'un prévoir un signaleur consacré à cette tâche en tout temps ainsi qu'une meilleure coordination des programmes de prévention.
À propos
Fondée en 1924, la CSN-Construction regroupe aujourd'hui 18 000 ouvriers, de tous les métiers et occupations, partout au Québec.
Jean-Pierre Larche, Communications-CSN 514 605-0757
Source : CSN-Construction
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