Déclaration conjointe des coprésidents du Comité consultatif spécial sur la crise des surdoses d'opioïdes - données nationales actualisées sur les méfaits associés à la consommation de substances English
OTTAWA, ON, le 27 mars 2024 /CNW/ - Les coprésidents du Comité consultatif spécial fédéral, provincial et territorial sur la crise des opioïdes, la Dre Theresa Tam, hygiéniste en chef du Canada, et le Dr Yves Léger, hygiéniste en chef par intérim du Nouveau-Brunswick, ont publié aujourd'hui la déclaration suivante à propos de la publication des plus récentes données de surveillance sur les méfaits associés aux opioïdes et aux stimulants au Canada :
Ce communiqué fait le point sur les données recueillies de janvier à septembre 2023, complétant les données recueillies à chaque trimestre depuis 2016. La quantité de méfaits associés aux opioïdes au cours des trois premiers trimestres de 2023 demeure proche de ce à quoi on a assisté au plus fort de la pandémie de la COVID-19, en 2021. Ces chiffres sont les plus élevés enregistrés depuis le début de la collecte de données, en 2016, ce qui signifie que cette crise urgente de santé publique empire en ce moment.
Ces données indiquent qu'il y a eu au Canada, de janvier à septembre 2023, 5 975 décès apparemment associés aux opioïdes et 4 646 hospitalisations pour des intoxications associées aux opioïdes. Cela signifie que 22 personnes sont mortes chaque jour en moyenne.
Les nouvelles données des services des urgences indiquent qu'au cours de la même période on a dénombré 21 708 admissions déclarées aux urgences pour des intoxications aux opioïdes, soit 80 par jour. Selon les données de l'Alberta, de l'Ontario et du Yukon, il peut y avoir une tendance à la hausse du nombre annuel de patients traités plus d'une fois pour des empoisonnements et des troubles associés à la consommation d'opioïdes, avec une proportion plus élevée chez les patients mâles de la tranche d'âge des 30 à 39 ans. Ces nouvelles données nous permettent de mieux saisir l'ampleur de la présente crise de santé publique et de cibler par des interventions et des mesures de soutien les personnes plus susceptibles de subir des méfaits. Par exemple, en 2022, chez les patients retournés chez eux après une admission pour des troubles et intoxications associés à la consommation d'opioïdes, 2 % des patients s'étant présenté plus d'une fois aux urgences ont bénéficié d'un soutien communautaire à domicile ou ont été aiguillés vers des services à leur sortie. Il est nécessaire de mieux comprendre les obstacles empêchant, tant sur le plan personnel qu'au niveau du système, la mise en place ou la fourniture de ces mesures de soutien dès la sortie des soins.
On a assisté au cours des dernières années à des changements dans la composition de l'approvisionnement du marché des drogues illicites. Depuis 2020, des benzodiazépines d'origine non pharmaceutique, une nouvelle sous-classe d'opioïdes appelée nitazènes et le tranquillisant xylazine sont apparus en combinaison avec le fentanyl et ses analogues. Ce tableau diffère selon la région, l'Ontario et l'Ouest du Canada présentant en 2023 une proportion plus élevée d'échantillons de drogues illicites contenant du fentanyl que l'Est du Canada.
Ces combinaisons augmentent le risque d'intoxication par les drogues, car elles ralentissent les fonctions vitales comme la respiration et peuvent compliquer l'administration du traitement. Bien que la naloxone puisse contrer les effets des opioïdes, elle ne peut rien contre la sédation induite par les benzodiazépines ou d'autres tranquillisants comme la xylazine. Cela signifie qu'une personne peut recommencer à respirer sans reprendre conscience, ce qui perturbe les protocoles des premiers soins et complique le traitement.
Les données de certaines provinces indiquent aussi un changement dans le mode de consommation, qui passe de l'injection à l'inhalation. En Colombie-Britannique, la plupart des décès associés aux opioïdes sont maintenant liés à la consommation de drogue par inhalation plutôt que par injection.
Comprendre les changements en cours dans la composition de l'approvisionnement du marché des drogues illicites et les tendances en matière de consommation procure de précieux indices pouvant éclairer les approches de réduction des méfaits et de traitement à adopter afin de sauver des vies.
Cette crise en évolution constante exige un effort concerté de tous les ordres de gouvernement ainsi que des partenaires de la santé publique et de la sécurité publique, des secteurs sociaux, des collectivités concernées et des personnes possédant de l'expérience et du vécu pertinents. Nous adoptons plusieurs approches différentes à travers le pays et nous devons poursuivre l'évaluation des résultats de ces interventions afin d'éclairer la voie à suivre.
Nous invitons la population à consulter les autorités de santé publique afin d'obtenir de l'information à propos de l'approvisionnement local du marché des drogues illicites et notamment sur les alertes concernant la présence de substances hautement toxiques. Nous pouvons prendre d'autres mesures, comme nous munir de naloxone, nous familiariser avec les options de réduction des méfaits et de traitement disponibles sur le plan local et penser à utiliser un vocabulaire humanitaire et non stigmatisant. Bien que les résultats puissent tarder à se manifester, tout ce qu'on peut faire pour lutter contre cette crise est d'une importance vitale.
Dre Theresa Tam
Hygiéniste en chef du Canada
Coprésidente, Comité consultatif spécial sur l'épidémie des surdoses d'opioïdes
Dr Yves Léger
Hygiéniste en chef par intérim du Nouveau-Brunswick
Coprésident, Comité consultatif spécial sur l'épidémie des surdoses d'opioïdes
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SOURCE Agence de la santé publique du Canada
Relations avec les médias, Agence de la santé publique du Canada, 613-957-2983, [email protected]
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