Déclaration de l'Association médicale canadienne sur la nouvelle réglementation sur la marijuana à des fins médicales English
OTTAWA, le 10 juin 2013 /CNW/ - Les médecins canadiens s'inquiètent du fait que l'annonce d'aujourd'hui sur une nouvelle réglementation sur l'utilisation de marijuana à des fins médicales ignore le fait qu'aucune preuve clinique ne soutient l'utilisation de ce produit à des fins thérapeutiques.
Cette approche est contraire à la position des Canadiens sur cette question, révèle un sondage Ipsos Reid mené pour l'AMC plus tôt cette année. Selon le sondage, 85 pour cent des Canadiens croient que la marijuana à des fins médicales devrait faire l'objet des mêmes exigences rigoureuses que les autres médicaments en matière de tests et d'approbation.
Le fait de demander aux médecins de prescrire des substances qui n'ont pas subi de tests cliniques est contraire à leur formation et à leur éthique. Le fait de demander aux médecins de rédiger des ordonnances pour de la marijuana sans l'existence de preuves cliniques consiste à leur demander de faire leur travail avec les yeux bandés et pourrait mettre la sécurité des patients en péril.
La marijuana est une substance complexe dont les variétés ont une force et des effets très variés, mais nous ne disposons d'aucune information sur la puissance, la posologie ou l'interaction avec d'autres thérapies. Les effets bénéfiques de la marijuana n'ont pas fait l'objet de tests rigoureux, et le risque de dommage est considérable. Si le gouvernement fédéral n'assume pas son rôle, personne ne pourra certifier que le produit ne sera pas néfaste pour les patients.
Selon les règles et les règlements fédéraux, avant qu'un médicament soit prescrit, il faut faire une recherche et des tests rigoureux afin d'en établir la sécurité et l'efficacité - cette recherche inclut des essais cliniques. Grâce aux exigences rigoureuses en matière de recherche, les médecins savent quelle quantité prescrire, quels sont les avantages et quels sont les effets secondaires possibles. Aucune information de ce genre n'existe pour la marijuana. Nous ne savons même pas ce que contiennent les différentes variétés de marijuana.
Le sondage Ipsos a également révélé que près de 8 Canadiens sur 10 sont d'avis que Santé Canada, à titre d'organisme chargé d'approuver les médicaments d'ordonnance en fonction de leur efficacité et de leur sécurité, devrait également assumer cette responsabilité pour la marijuana utilisée à des fins médicales.
Les patients ne voudraient pas que nous prescrivions des médicaments pour le cœur, le cancer ou toute autre maladie sans preuve scientifique à l'appui. Pourquoi le gouvernement fédéral veut-il que nous le fassions avec la marijuana ?
L'utilisation de la marijuana à des fins médicales augmente parce qu'il n'y a pas de meilleur traitement pour lutter contre la douleur chronique. Il est clair que cette question requiert une plus grande attention. Le gouvernement fédéral n'aidera pas à combler cette lacune en rejetant sa responsabilité de protéger la santé des Canadiens.
Permettez-moi de souligner que les médecins se préoccupent sérieusement du fait que de nombreux patients éprouvent des difficultés alors qu'ils luttent contre la douleur chronique. Il est clair que des traitements plus efficaces doivent être conçus. Depuis des années, l'AMC demande que la marijuana soit traitée comme les autres médicaments et que son utilisation repose sur une recherche et des essais cliniques. Le gouvernement fédéral n'aidera pas à combler cette lacune en rejetant sa responsabilité de protéger la santé des Canadiens.
Dr Anna Reid
Présidente, Association médicale canadienne
SOURCE : Association médicale canadienne
Lucie Boileau
Conseillère principale, Communication et Rayonnement public
[email protected] Tél. : 800-663-7336 / 613-731-8610, poste 1266 Cell. : 613-447-0866
Partager cet article