Déclaration du commissaire aux langues officielles du Canada à propos de l'appel de la décision de la Cour fédérale dans le cadre du recours de la FFCB English
GATINEAU, QC, le 27 oct. 2021 /CNW/ - Raymond Théberge, commissaire aux langues officielles, a fait la déclaration suivante aujourd'hui :
« Alors que débute l'audience de la Cour d'appel fédérale, je suis fier de me joindre à la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB) en tant qu'appelant dans le cadre de son recours contre le gouvernement du Canada.
Dans sa décision rendue en 2018, la Cour fédérale avait retenu une interprétation restrictive de la nature et de la portée des obligations prévues à la partie VII de la Loi sur les langues officielles. Cela a eu pour effet d'enlever toute force à la partie VII. Cette décision a eu d'importantes répercussions négatives sur les droits linguistiques des communautés de langue officielle en situation minoritaire à l'échelle du pays ainsi que sur la façon dont le Commissariat aux langues officielles peut mener ses activités d'enquête. C'est pour ces raisons que j'ai porté cette décision en appel. Mon argumentation écrite explique ma position sur cette décision qui constitue, sans contredit, un recul des droits linguistiques.
À titre de co-appelant dans cette cause, mon objectif est que la Cour d'appel annule le jugement de la Cour fédérale afin de donner à la partie VII de la Loi sur les langues officielles un sens qui respecte l'intention du Parlement, soit de favoriser l'épanouissement des minorités francophones et anglophones au Canada et d'appuyer leur développement.
Au-delà de ce processus judiciaire, j'ai également multiplié mes interventions sur la scène politique dans le cadre de la modernisation la Loi sur les langues officielles. Face à l'interprétation restrictive retenue par le juge de première instance, j'ai notamment recommandé au gouvernement d'inclure un cadre réglementaire qui précise les modalités d'exécution de l'obligation des institutions fédérales de prendre des mesures positives. Un tel cadre réglementaire permettrait de favoriser l'épanouissement des communautés de langue officielle en situation minoritaire et de promouvoir les deux langues officielles.
La vitalité et le développement des communautés demeurent au cœur de mes priorités. Je continuerai à déployer tous les efforts nécessaires afin que celles-ci puissent continuer de s'épanouir. »
Document d'information - Appel de la décision de la Cour fédérale dans le cadre du recours de la FFCB
En 2011, la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB) a déposé plusieurs plaintes au commissaire aux langues officielles (le commissaire) alléguant que deux institutions fédérales, Emploi et Développement social Canada (EDSC) et la Commission de l'assurance-emploi du Canada (la Commission), ont manqué à leurs obligations envers la minorité linguistique francophone dans la conclusion et mise en œuvre de l'Entente Canada - Colombie‑Britannique sur le développement du marché du travail signée en 2008 (l'Entente). Plus précisément, la FFCB alléguait que le changement de modèle de prestation des services d'aide à l'emploi conçu et mis en œuvre par le gouvernement de la Colombie‑Britannique dans le cadre de l'Entente ne permettait pas d'assurer la qualité égale des services en français et en anglais. De plus, la FFCB alléguait qu'EDSC et la Commission avaient manqué à leurs obligations en vertu de la Loi sur les langues officielles (la Loi) dans la conclusion de l'Entente et que ce nouveau modèle nuisait au développement et à l'épanouissement des minorités francophones de la province.
À l'issue de son enquête, le commissaire a conclu que les parties IV (Communications avec le public et prestation des services) et VII (Promotion du français et de l'anglais) de la Loi avaient été enfreintes. En effet, le commissaire a non seulement conclu que les centres d'aide à l'emploi mis en place par la Colombie‑Britannique n'offraient pas de service de qualité égale dans les deux langues officielles, mais également qu'EDSC et la Commission n'avaient pas démontré avoir tenu compte de l'incidence de l'Entente et du nouveau modèle sur la vitalité de la communauté minoritaire francophone.
En 2013, la FFCB a introduit un recours devant la Cour fédérale afin d'obtenir ce qui suit :
- Une ordonnance intimant EDSC et la Commission de se conformer à la partie IV de la Loi en assurant que le nouveau modèle mis en place par la Colombie‑Britannique offre des prestations d'emploi et des mesures de soutien qui soient de qualité égale réelle pour la communauté francophone.
- Une ordonnance de la Cour fédérale afin qu'EDSC et la Commission prennent des mesures nécessaires afin de se conformer aux exigences de la partie VII de la Loi dans le cadre de l'Entente.
Le commissaire est intervenu devant la Cour fédérale pour faire valoir la portée et l'interprétation des parties IV et VII de la Loi.
Le 23 mai 2018, la Cour fédérale a rejeté la demande de la FFCB. Le juge de première instance a jugé que l'obligation pour les institutions fédérales de fournir des services dans les deux langues officielles prévue dans la Loi ne s'appliquait pas à l'Entente puisque la province n'agissait pas « pour le compte » d'EDSC ou de la Commission au sens de la Loi.
Le juge a également retenu une interprétation restrictive de l'obligation pour les institutions fédérales de prendre des mesures positives pour favoriser l'épanouissement des minorités francophones et anglophones du Canada et d'appuyer leur développement prévue dans la Loi.
Le juge a ensuite déterminé qu'EDSC et la Commission avaient pris des mesures positives suffisantes pour respecter leurs obligations prévues dans la partie VII de la Loi et qu'il n'y avait pas de faits ou de preuve démontrant le contraire au moment du dépôt de la plainte.
Étant donné les répercussions négatives des conclusions du juge sur la portée de la partie VII et sur l'ensemble du régime de la Loi, le commissaire a déposé un avis d'appel de cette décision le 21 juin 2018.
Dans cette affaire, le commissaire agit comme appelant et l'audience de ce dossier se tiendra en personne à Vancouver les 27 et 28 octobre 2021.
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SOURCE Commissariat aux langues officielles
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