Déclaration du Conseil des médecins hygiénistes en chef sur la crise des drogues illégales toxiques et des surdoses - dernières données nationales sur les méfaits liés aux substances English
OTTAWA, ON, le 7 mars 2025 /CNW/ - Le Conseil des médecins hygiénistes en chef1 fait aujourd'hui la déclaration qui suit après la publication des dernières données de surveillance sur les méfaits liés aux opioïdes et aux stimulants au Canada, qui portent sur la période allant de janvier 2016 à septembre 2024.
Les nombres de décès, d'hospitalisations, de visites aux urgences et d'interventions des services médicaux d'urgence (SMU) liés aux opioïdes continuent d'afficher une légère, mais bienvenue, diminution à l'échelle nationale au cours des neuf derniers mois. Cependant, la crise des drogues illégales toxiques et des surdoses continue d'évoluer à des rythmes différents partout au pays, et les tendances varient d'une région à l'autre et certaines administrations signalent des augmentations.
Au Canada, de multiples facteurs sont envisagés comme étant susceptibles d'expliquer les changements observés dans les méfaits et les décès, notamment les différences régionales dans les marchés des drogues illicites, l'évolution des habitudes de consommation de substances et des investissements dans des mesures de santé publique et des programmes de traitement et de rétablissement.
Selon une analyse des échantillons de drogues saisis par les organismes d'application de la loi, le Service d'analyse des drogues fait état de changements dans la composition des drogues en circulation. La proportion d'échantillons d'opioïdes contenant du fentanyl a diminué depuis 2020 dans tout le pays et a atteint son niveau le plus bas de juillet à septembre 2024. Parallèlement, les analogues du fentanyl apparaissent désormais dans une plus grande proportion d'échantillons d'opioïdes que le fentanyl lui-même, ce qui donne à penser qu'ils pourraient remplacer ce dernier dans l'offre de drogues. La présence de benzodiazépines dans les échantillons d'opioïdes a également diminué en 2024, bien que des différences régionales persistent. Certaines administrations signalent une augmentation des stimulants et des benzodiazépines.
En revanche, la xylazine est en augmentation constante depuis 2021, avec une forte poussée à partir de 2023. En effet, d'après les données les plus récentes, elle est présente dans 15 % des échantillons d'opioïdes. Ce virage rapide met en évidence la vitesse à laquelle l'offre de drogues peut changer, ce qui souligne la nécessité d'une surveillance continue dans toutes les administrations pour évaluer les nouvelles substances et leur incidence possible sur la crise des surdoses.
Nous continuerons de collaborer et d'étudier la façon dont ces changements et variations dans la composition du marché des drogues peuvent influer sur la toxicité de l'approvisionnement en drogues illicites. Parmi les autres facteurs potentiels figurent les mesures de santé publique adoptées par les provinces, les territoires et le gouvernement fédéral pour riposter à la crise, notamment la distribution de naloxone, les programmes de vérification des drogues, les services de consommation supervisée, ainsi que l'amélioration de l'accès aux programmes de traitement et de rétablissement.
Dans le contexte plus large de l'Amérique du Nord, les États-Unis ont connu une baisse des décès par surdose depuis 2023, qui varie également selon les États. Aucune association ou facteur explicatif clair des tendances n'a encore été établi, mais les premières analyses mettent en évidence des facteurs contributifs multiples similaires, notamment des changements dans l'offre de drogues, l'utilisation généralisée de la naloxone et des changements dans les populations à risque.
Bien que la baisse continue du nombre de décès dus à des intoxications par des drogues toxiques soit encourageante, les chiffres et les tendances sont susceptibles de changer et doivent être interprétés avec prudence. Les taux nationaux restent bien supérieurs à ceux observés avant la pandémie, et 5 626 vies ont été perdues en raison de la consommation de drogues toxiques entre janvier et septembre 2024. Nous sommes conscients que ces données sont le reflet de souffrances, de deuils et de traumatismes et ne traduisent pas de manière adéquate le fardeau porté par les Canadiennes et les Canadiens.
Désormais, les gouvernements continueront à mettre en commun les données appropriées, à peaufiner leurs interventions respectives et à renforcer les efforts de prévention, de réduction des méfaits, de traitement et d'application de la loi afin de réduire les effets néfastes et de sauver des vies. Ce n'est qu'en menant des actions soutenues et coordonnées dans le cadre de cet ensemble complet de mesures et en collaborant avec d'autres secteurs, dont la sécurité publique et l'application de la loi, que les gouvernements pourront réaliser des progrès concrets dans la lutte contre cette crise dévastatrice.
Le Conseil des médecins hygiénistes en chef comprend le médecin hygiéniste en chef de chaque province et de chaque territoire, l'administratrice en chef de la santé publique du Canada, le médecin en chef de la santé publique de Services aux Autochtones Canada, le médecin en chef de l'Autorité sanitaire des Premières Nations et les membres d'office d'autres ministères fédéraux.
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1 Malgré que le directeur national de la santé publique du Québec soit d'accord avec les principes de cette déclaration, le Québec continuera d'assumer ses responsabilités en matière de santé publique et de coordonner ses efforts avec les autres gouvernements, le cas échéant. |
SOURCE Agence de la santé publique du Canada

Personnes-ressources : Relations avec les médias, Agence de la santé publique du Canada (ASPC), 613-957-2983, [email protected]
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