Découvrez les lauréats du prix Judith-Jasmin 2018
MONTRÉAL, le 5 mai 2019 /CNW Telbec/ - Le Gala des Grands prix du journalisme se déroulait ce soir au Théâtre Gesù, à Montréal. Cette soirée, animée par Jean-René Dufort, rassemblait une dizaine d'organisations qui célèbrent l'excellence en journalisme, en remettant des prix et des bourses.
La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) a dévoilé à cette occasion les lauréats de la 43e édition de remise du prix Judith-Jasmin. Ce prix honore les meilleures œuvres journalistiques de l'année au Québec, tous médias confondus.
GRAND PRIX
La présidente du jury, Gisèle Gallichan, a décerné le Grand prix Judith-Jasmin à Anne Panasuk et Sonia Desmarais, de Radio-Canada (Enquête) pour leur série « Histoires d'enquête : chemin de croix », qui comprend le reportage « Les Oblats : régner sur les âmes et les corps ». La présidente a choisi les lauréates du Grand prix parmi tous les reportages soumis.
Mot de la présidente du jury :
« Anne Panasuk et Sonia Desmarais remportent le Grand prix parce qu'elles ont contribué, de façon déterminante, au réveil de la population du Québec, jusqu'à nos jours ignorante et passive, au sujet des Premières nations de la province, particulièrement celles du Nord. Leur reportage de l'automne dernier, intitulé « Les Oblats : régner sur les âmes et les corps » a révolté tout le monde et obligé le clergé québécois à reconnaître le comportement abject de ses représentants et à exprimer un début de repentir pour le camouflage complice qu'il a exercé. Mesdames Panasuk et Desmarais remportent le prix non seulement pour ce reportage mais pour tout l'intérêt qu'elles ont porté et le travail qu'elles ont consacré, pendant quatre années, à l'Histoire et aux histoires dramatiques vécues par les femmes, enfants et hommes des nations atikamekws et innues. Elles ont déposé huit balados qui nous font revivre ses différents reportages au fil des ans mais qui, surtout, nous font ressentir profondément ce qu'elles ont personnellement ressenti avant d'agir professionnellement avec les informations qui leur parvenaient, année après année… Elles ont appelé cela « Histoires d'enquête : chemin de croix ». C'est tout cet ensemble jusqu'aux révélations sur les Oblats, un travail colossal d'une valeur inestimable pour la société, qui leur mérite le Grand prix Judith-Jasmin 2018. »
ARTS, CULTURE ET ART DE VIVRE
Le prix Judith-Jasmin dans la catégorie « Arts, Culture et Art de vivre », est décerné à T'Cha Dunlevy, de Montreal Gazette, pour la série « SLAV: Whose songs are these to sing ? »
Mot du Grand jury :
« T'Cha Dunlevy a audacieusement et courageusement questionné la société québécoise tout entière sur le sujet hautement sensible de l'appropriation culturelle. Dès la fin novembre 2017, il est allé au fond des choses et a identifié les enjeux dans leur aspect le plus névralgique. Forçant la réflexion, il a attiré l'attention de tous les autres médias qui, à leur tour, ont pris conscience et connaissance plus approfondie des raisons du débat. Il a démontré que des chroniques culturelles opiniâtres peuvent faire progresser la réflexion de toute la société sur un sujet jusque-là négligé. »
SPORTS
Le prix Judith-Jasmin dans la catégorie « Sports », est décerné à Jean-François Tremblay, de La Presse, pour « Une année cauchemardesque »
Mot du Grand jury :
« Ce document a permis de prendre la mesure de ce que l'appât futile du gain et les interventions inappropriées des autorités d'une ligue de hockey récréatif, impulsées par la hargne de parents «gérants d'estrade», peuvent infliger comme dommages sur l'enthousiasme d'un enfant qui veut pratiquer ce sport, en dépit d'un léger handicap. Il fait appel à la conscientisation des officiers du hockey mineur québécois dont on a constaté l'insouciance dans ce récit; il fait aussi et surtout appel à la conscientisation des parents spectateurs qui ne s'aperçoivent pas des effets dévastateurs que leur attitude et leurs agissements causent aux jeunes joueurs et joueuses qui veulent participer à une activité sportive, à l'abri d'une compétition malsaine. »
JUSTICE ET FAITS DIVERS
Le prix Judith-Jasmin dans la catégorie « Justice et Faits divers », est décerné à Philippe Teisceira-Lessard, de La Presse, pour « Heurtée par la police, pas d'enquête »
Mot du Grand jury :
« Il aura fallu la publication de cet article en juin, pour que le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) ouvre une enquête au sujet de l'Inuite Maina Aculiak, affligée de troubles mentaux, heurtée volontairement, deux mois plus tôt, par un véhicule de police à Umiujaq au Nunavik. Ce reportage illustre de façon flagrante les failles règlementaires et celles des procédures policières qui nuisent à l'application d'une justice équitable pour tous. Sans cette intervention journalistique, le cas de Maina Aculiak serait demeuré totalement ignoré et aucun questionnement n'aurait été soulevé. Il est pertinent d'ajouter qu'un autre article, du même auteur, deux mois plus tard, a permis de retracer Mme Aculiak, perdue dans Montréal où elle avait été hospitalisée ; cet autre reportage a remis en question certaines pratiques du SPVM qui a paru intransigeant à l'égard d'une Inuite sans repères dans la métropole. Les autorités municipales ont demandé une enquête. »
AFFAIRES ET ÉCONOMIE
Le prix Judith-Jasmin dans la catégorie « Affaires et Économie », est décerné à Marie-Eve Fournier, de La Presse, pour « Les secrets de la nouvelle facture des pharmaciens », « Deux prix, même pharmacie » et « Des coûts d'assurance qui explosent »
Mot du Grand jury :
« Cette série de trois reportages, publiés en décembre 2018, a permis de débusquer une pratique révélatrice sur les honoraires des pharmaciens, que les Québécois devaient et méritaient de connaître. Les pratiques mystérieuses que Marie-Eve Fournier a mises en lumière interpellent l'association et l'ordre professionnel concernés et le gouvernement qui a signé les ententes. Ce travail journalistique nécessitait une recherche méticuleuse, pugnacité et ténacité. Marie-Eve Fournier l'a accompli en rendant les informations facilement compréhensibles. »
SCIENCE, ENVIRONNEMENT ET SOCIÉTÉ
Le prix Judith-Jasmin dans la catégorie « Sciences, Environnement et Société », est décerné à Jessica Nadeau et Marco Fortier, du Devoir, pour leur série de cinq reportages sur les violences sexuelles dans les écoles
Mot du Grand jury :
« Cette série de cinq reportages percutants, publiée fin mars et début avril 2018, a démontré que la violence sexuelle chez les enfants, les pré-adolescents et adolescents était banalisée au niveau institutionnel. Ces reportages ont dérangé mais laissé une empreinte durable. Jessica Nadeau et Marco Fortier ont abordé avec succès ce sujet corrosif et exceptionnellement inquiétant de la violence sexuelle chez nos plus jeunes. Ce faisant, ils nous ont fait prendre conscience de ce que devient notre société. C'était un sujet pénible à aborder mais son traitement était tout aussi nécessaire que désagréable. »
POLITIQUE
Le prix Judith-Jasmin dans la catégorie « Politique », est décerné à Marie-France Bélanger et Yanic Lapointe de Radio-Canada (Enquête), pour « Les dessous de la ville du bonheur »
Mot du Grand jury :
« Ce reportage a mis en lumière la toxicité de certains petits potentats qui sévissent dans des municipalités en périphérie des grands centres et dans les régions éloignées. Ce sont de petits milieux et les confidences sont conséquemment très difficiles à obtenir. La patience, la ténacité, et l'ingéniosité de l'équipe de reportage pour assurer la protection des sources, a fini par faire sortir la vérité au grand jour. Et les langues se sont ensuite déliées, déclenchant des enquêtes gouvernementales et la mise sous tutelle de la Ville de Chambly. »
ENQUÊTE
Le prix Judith-Jasmin dans la catégorie « Enquête», est décerné à Monic Néron et Émilie Perreault de Cogeco Média 98,5 ainsi qu'Améli Pineda, du Devoir pour leurs reportages « Affaire Rozon : 10 femmes témoignent à visage découvert » et « Allégations de nature sexuelle: Gilbert Rozon visé par neuf femmes »
Mot du Grand jury :
« Le jury veut ici souligner le travail de deux médias qui, pendant plusieurs mois, ont uni leurs efforts, au-delà de la concurrence, pour ne considérer que l'importance et la valeur de l'information. Les deux médias, avec le poids de leurs publics (lecteurs et auditeurs) respectifs, ont réussi à obtenir des témoignages à visage découvert qui ont ébranlé les colonnes du temple et déchu de son piédestal un puissant personnage. Le mouvement #MoiAussi en sol québécois en est essentiellement tributaire. »
MÉDIAS LOCAUX ET RÉGIONAUX
Le prix Judith-Jasmin dans la catégorie « Médias locaux et régionaux », est décerné ex-aequo à Élyse Allard, de Radio-Canada Mauricie- Centre-du-Québec, pour la série « À bas les tabous » et Geneviève Proulx et Marie-Ève Lacas, de Radio-Canada Estrie, pour « Raïf Badawi: rêver de liberté »
Mot du Grand jury :
« Le jury a voulu souligner l'excellent travail sur deux projets innovants. De part et d'autre, les journalistes ont, par des trouvailles de présentation et de structure de reportages, captivé leurs auditoires respectifs et, dans un cas, au-delà des frontières, sur des sujets d'actualité. Elles ont alimenté les conversations, la réflexion, et une meilleure prise de conscience des sujets traités. Dans le cas de la bande dessinée narrée sur Raïf Badawi, elle rend accessible une information complexe d'envergure internationale. »
GRAND REPORTAGE
Le prix Judith-Jasmin dans la catégorie « Grand reportage », est décerné à Isabelle Hachey, de La Presse, pour « La révolution du Rojava »
Mot du Grand jury :
« Isabelle Hachey s'est exposée à un danger personnel considérable en zone de guerre syrienne. Son audace et son ingéniosité nous ont permis de mieux connaître et comprendre les activités de l'État islamique qui s'y déroulent. Elle tenait surtout à nous faire découvrir la région du Rojava qui échappe au pouvoir de Bachar el-Assad et nous avons pu réaliser qu'il y a, dans ce coin du globe, une lueur d'espoir pour la démocratie dans l'ombre de la dictature. Sa quête inspirante nous a fait percevoir un féminisme qui s'affirme dans l'environnement hostile du contexte islamique. »
OPINION
Le prix Judith-Jasmin dans la catégorie « Opinion », est décerné à François Cardinal, de La Presse, pour « Ne pas forcer les cœurs, plutôt les gagner »
Mot du Grand jury :
« Les stéréotypes et l'intolérance font régulièrement surface dans le débat social sur l'immigration. Cet éditorial de François Cardinal a voulu apaiser la polémique. Faisant sien un propos de Gérald Godin, il a cherché à placer ses lecteurs sur la voie de la compréhension et de l'acceptation des différences, hors de l'affrontement des opinions sur les signes religieux et la réduction des seuils d'immigration. À l'heure où les citoyen-ne-s se demandent si l'on peut être accueillants sans risquer la dilution de sa propre identité culturelle, cette mise en perspective du débat nourrit une sage réflexion. En abordant avec précision et délicatesse ce sujet, il a mené à conclure que la somme de nos communautés culturelles sera plus élevée que celle de nos simples individualités. »
Les liens de tous les reportages finalistes se trouvent ici.
Jurys
Un Premier Jury et un Grand Jury ont été formés pour choisir les finalistes et lauréats de toutes les catégories.
Composition du Grand Jury :
Gisèle Gallichan, présidente du jury, journaliste indépendante
Marcel Gagnon, journaliste retraité, TVA Sherbrooke
Jan Ravensbergen, journaliste retraité, Montréal Gazette
Composition du Premier jury :
Éric Thomas, directeur pour le Canada, AFP
Sandrine Rastello, chef de bureau, Bloomberg
Catherine Crépeau, journaliste pigiste
Marie-Claude Ducas, journaliste pigiste - chroniqueuse Médias
Julie Fortier, responsable éditoriale, Naître et Grandir
Pierre-Yvon Bégin, journaliste à la retraite
Gilles Morin, journaliste et enseignant à l'Université Laval retraité
Sarah-Eve Charland, journaliste à L'Oeil régional
Denis-Martin Chabot, journaliste pigiste
Geneviève Doray, rédactrice en chef, Naître et Grandir
SOURCE Fédération professionnelle des journalistes du Québec
[email protected], 514-522-6142
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