Dégraissage à Hydro-Québec? - Un syndicat forcé d'avoir recours à la Loi
d'accès à l'information
MONTRÉAL, le 13 févr. /CNW Telbec/ - Il est difficile de répliquer quand le gouvernement cache les études qu'il utilise pour s'attaquer aux coûts de fonctionnement d'Hydro-Québec constate un des syndicats de la société d'État. "On commence à en avoir assez d'être la cible de politiciens ou d'économistes qui veulent "dégraisser" Hydro-Québec", scande Claude Arseneault, président du Syndicat des employé-es de techniques professionnelles et de bureau (SCFP 2000). "Surtout quand leurs données sont gardées secrètes! On exige la transparence, c'est pourquoi nous allons entamer une procédure d'accès à l'information."
Cette organisation représente, entre autres, les employés des services à la clientèle d'Hydro-Québec, un département particulièrement visé par le "fascicule 2", préparé dans le cadre la consultation sur les finances publiques du Québec. Aux pages 47 et 48 de ce récent document, on affirme que les comparaisons - l'étalonnage - avec des entreprises comparables sont désavantageuses pour Hydro-Québec Distribution. Là où le bât blesse aux yeux du syndicat est qu'il est impossible d'obtenir ces études comparatives, et ce, malgré des demandes répétées logées à Hydro-Québec. "On veut bien être comparés, mais on veut être sûr qu'on compare des pommes avec des pommes. Qui sont ces autres entreprises? Quels sont les critères utilisés? Quelles sont les obligations sociétales de ces firmes? Est-ce que le bas coût de l'électricité au Québec est pris en compte dans l'évaluation de la performance? Nous n'avons aucune réponse. Il faudrait les croire sur parole, ce n'est pas sérieux", clame Claude Arseneault. Cette étrange situation explique aujourd'hui la demande effectuée par ce syndicat en vertu de la Loi d'accès à l'information.
Des chiffres insensés
Le SCFP 2000 souhaite également réfuter un des chiffres présenté dans ce fascicule. En effet, selon les comparaisons effectuées, si pour le service à la clientèle, "Hydro-Québec Distribution avait des coûts par abonnement comparables aux entreprises les plus performantes, ce sont des économies évaluées à environ 60 millions de dollars qu'elle aurait réalisées". Une évaluation qui a entraîné de nombreux commentaires, dont ceux du critique péquiste Nicolas Garceau, qui a exigé un dégraissage de la société d'État.
Cette estimation fait bondir le secrétaire général du SCFP 2000, Guy Poirier. "Non seulement on ne sait pas d'où viennent ces 60 millions mais ce chiffre est absurde à sa face même. Pour atteindre une telle économie, il faudrait mettre dehors tous les employés des services à la clientèle! Et encore, on arriverait en dessous du montant. C'est n'importe quoi. Soit ils ne savent pas écrire, soit ils ne savent pas compter", explique le dirigeant syndical. En effet, un calcul rapide a permis au syndicat de conclure qu'il faudrait couper 937 postes aux services à la clientèle pour arriver à ce 60 millions alors qu'il n'existe que 820 employés dans ce département.
Les dépenses en informatique pointées du doigt
Pour le syndicat, s'il existe des problèmes de performance au service à la clientèle, ils proviennent essentiellement de deux sources : les coûts exorbitants d'un nouveau système informatique, par ailleurs défaillant, et la pénurie de main d'œuvre dans le département. Instauré en 2006 pour les clients commerciaux et en 2008 pour les clients résidentiels, les coûts du nouveau système informatique SIC ont explosés. Prévue au départ à environ 270 millions de dollars, la facture s'élève aujourd'hui à 500 millions de dollars. "Et comme le système fonctionne mal et n'est pas aussi performant que promis, les coûts continuent de grimper. Pas plus tard qu'en août dernier, Hydro-Québec a versé 4,3 millions de dollars à la compagnie Accenture pour régler des anomalies du système informatique qui n'auraient jamais dû se produire", indique Claude Arseneault.
Diminution d'effectifs injustifiée
Afin de répondre à des exigences de rationalisation fixées par la Régie de l'énergie, Hydro-Québec a décidé de ne pas combler 200 postes au service à la clientèle. Une décision qui vient en contradiction avec l'objectif avoué de diminuer le temps d'attente des clients qui appellent. La direction souhaite faire diminuer le délai moyen de réponse (DMR) de 200 secondes en 2009 à 90 secondes, et ensuite à 75 secondes, avec toujours moins de personnel. "C'est mathématiquement impossible! affirme Guy Poirier. La direction d'Hydro doit croire aux miracles." De plus, le temps d'attente étant parfois très long, des clients se découragent et raccrochent, et ces appels abandonnés ne sont pas comptabilisés. "Malgré les belles promesses, Hydro-Québec ne prend pas réellement les moyens pour améliorer le service à la clientèle. Préparez-vous à attendre en ligne encore longtemps", de conclure Claude Arseneault.
Le SCFP représente quelque 17 700 membres dans le secteur énergie. Le SCFP est aussi présent dans 10 autres secteurs, entre autres, la santé et les services sociaux, l'éducation, les municipalités, les sociétés d'État et organismes publics québécois, les transports urbain et aérien et les communications. Comptant au total près de 105 000 membres au Québec, il est le plus important syndicat affilié de la FTQ.
Ce communiqué et d'autres infos sur le site scfp.qc.ca
Renseignements: Alexandre Boulerice, Service de l'information SCFP, cell. (514) 668-7148; Source: Syndicat canadien de la fonction publique (FTQ)
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