Demande officielle de décret dans les services privés d'aide à domicile
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Syndicat québécois des employées et employés de service (FTQ)28 avr, 2020, 09:09 ET
MONTRÉAL, le 28 avril 2020 /CNW Telbec/ - Le Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES-FTQ) a fait parvenir aujourd'hui une demande officielle au ministre du Travail pour décréter les conditions de travail dans le secteur des services d'aide à domicile, qui comprend notamment les Entreprises d'économie sociale en aide à domicile (EÉSAD), les agences privées de travail temporaire et les travailleuses et travailleurs autonomes ou employés dans le cadre du programme Chèque emploi-service (CES) qui offrent de l'aide et des soins à domicile.
« Les travailleuses des EÉSAD, des agences privées et même les travailleuses autonomes ou employées via le CES qui prennent soin des personnes aînées à leur domicile − en grande majorité des femmes − méritent de meilleures conditions de travail. Elles participent, jour après jour, à désengorger les CHSLD, en assurant l'aide domestique, en cuisinant, en faisant les courses, en les écoutant, mais aussi en donnant des bains et, dans plusieurs cas, en effectuant des soins invasifs d'assistance tels le gavage et les soins respiratoires ainsi que ceux liés à une trachéotomie prodiguant certains soins, et l'administration de médicaments… à des personnes aînées en perte d'autonomie ou en situation de handicap », constate Sylvie Nelson, présidente du SQEES-FTQ.
Depuis plusieurs années, l'État sous-traite les services à domicile à des EÉSAD et à des agences privées ou les confient à des travailleuses employées via le CES. De plus, l'insuffisance des services oblige des individus à recourir à des travailleuses autonomes et des entreprises privées en tirent profit en créant des plateformes numériques à la UBER.
Pour le SQEES-FTQ, un décret de convention collective dans le secteur privé de l'aide à domicile permettrait de réguler l'indécente concurrence que se livrent les entreprises privées, souvent aux dépens des entreprises d'économie sociale qui elles, sont à but non lucratif. Ce sont malheureusement les travailleuses dispensant les services à domicile qui écopent de cette concurrence, ainsi que les personnes bénéficiant de ces services et les proches aidantes qui doivent compenser, encore des femmes en majorité. Lorsqu'une pandémie advient, comme c'est actuellement le cas, cette situation de concurrence et de pénurie de main-d'œuvre dans le secteur vient même accroître les risques pour la santé publique.
« Nous croyons que non seulement les travailleuses, mais aussi les employeurs du domaine de l'aide à domicile, à l'instar d'autres secteurs d'activité comme l'entretien d'édifices publics ou les services de sécurité, bénéficieraient d'un tel décret. Il viendrait réduire la concurrence sur les coûts de la main-d'œuvre. L'effet sur l'attraction, mais surtout sur la rétention de la main-d'œuvre profiterait à toutes les entreprises visées par un décret et contribuerait à leur pérennité. Nous sommes persuadés que les propriétaires d'agences privées et, dans une plus grande mesure encore, les gestionnaires d'EÉSAD ont à cœur le bien-être de leur personnel, des usagers et de leurs proches, et plus largement de la santé publique», explique Mme Nelson.
Les travailleuses auprès des usagers des services d'aide à domicile sont en très grande majorité des femmes, souvent issues de l'immigration et cheffes de famille. Ces travailleuses connaissent souvent des horaires à temps partiel, et coupés pour répondre aux besoins des usagers et gagnent pour la plupart, un salaire sous les 15 $ de l'heure. « Comme société, nous ne pouvons pas tolérer et financer la création d'emplois qui maintient des femmes dans la pauvreté, alors même que les soins à domicile sont appelés à prendre de plus en plus d'importance dans le futur, notamment à cause du vieillissement de la population, de son désir de demeurer dans la communauté et pour épargner sur les coûts d'hébergement. L'État ne peut pas sous-traiter et financer un tel secteur d'activité sans s'assurer que les conditions de travail et salariales soient convenables. Ce n'est malheureusement pas le cas actuellement et le SQEES-FTQ offre la chance au gouvernement et aux employeurs de corriger la situation. Pour nous, c'est une question de justice sociale, autant pour les travailleuses qui peinent à subvenir aux besoins de leur famille, que pour les personnes en perte d'autonomie ou en situation de handicap qui méritent les meilleurs services qui soit, que pour la santé publique en général », continue Sylvie Nelson.
Le SQEES-FTQ constate que la possibilité d'organisation collective des rapports de travail qui permette de contrer la mise en concurrence entre divers acteurs privés est particulièrement complexe, sinon quasi impossible, dans ce secteur d'activité. « En effet, les travailleuses à l'emploi des différentes catégories d'entreprises ne sont pas en lien entre elles et ne connaissent même pas, la plupart du temps, les autres personnes à l'emploi de l'entreprise pour laquelle elles travaillent. L'instauration d'un décret de convention collective viendrait corriger, à tout le moins partiellement, un rapport de force qui, actuellement, n'est qu'à l'avantage des employeurs et constitue un facteur de risque pour la santé publique », conclut Sylvie Nelson.
Le SQEES-FTQ représente 25 000 membres partout au Québec, majoritairement dans le secteur de la Santé et des Services sociaux. Il est le plus grand syndicat dans le secteur des résidences privées pour personnes aînées en plus d'être un chef de file dans la syndicalisation des travailleuses et des travailleurs de l'économie sociale, des OSBL et du transport scolaire. Il est affilié à la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, la plus grande centrale syndicale québécoise, avec plus de 600 000 membres.
SOURCE Syndicat québécois des employées et employés de service (FTQ)
Benoit Hamilton, Conseiller aux communications, SQEES-FTQ, 514-347-9836
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