Des bracelets anti-rapprochement pour prévenir des féminicides
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Alliance des maisons d'hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale21 févr, 2022, 12:58 ET
MONTRÉAL, le 21 févr. 2022 /CNW Telbec/ - Alors que nous apprenions cette fin de semaine, 2 féminicides qui semblent présenter des circonstances liées à la violence conjugale, l'Alliance des maisons d'hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale (Alliance MH2) souhaite réitérer l'importance d'implanter des changements structurels pour améliorer le filet de sécurité autour des victimes, notamment par l'implantation du bracelet anti-rapprochement qui devra faire appel à une collaboration interministérielle approfondie pour garantir son bon fonctionnement.
Le bracelet anti-rapprochement, un outil important dans la lutte contre la violence conjugale
Bien que les informations dont nous disposons pour l'instant sont insuffisantes pour dresser le portrait global des 2 féminicides survenus cette fin de semaine, il est important de rappeler l'omniprésence de récidives multiples chez les auteurs d'homicides en contexte de violence conjugale dans les statistiques des dernières années. À ce sujet, dans son mémoire présenté à la Commission des institutions qui étudiait la semaine le projet de loi 24 visant l'implantation des bracelets anti-rapprochement l'Alliance MH2 souligne que : « 23% des hommes arrêtés par la police pour une infraction en contexte de violence conjugale satisferaient les critères d'éligibilité au BAR et qu'un tiers (30%) des agressions sont des récidives (Fortin & Guay). ». De plus, si l'on considère que plus la violence est répétée, plus elle s'aggrave, il est primordial d'adresser les situations de récidives en matière de violence conjugale par un déploiement de mesures visant à mieux encadrer les agresseurs notamment par l'analyse systématique de la dangerosité de l'agresseur au moment de la remise en liberté, homologation des groupes pour conjoints violents afin d'assurer un suivi uniformisé axé sur la responsabilisation des agresseurs et bracelet anti-rapprochement.
« Le bracelet anti-rapprochement n'est pas une solution miracle, mais un des nombreux outils venant se greffer à une stratégie élargie vers un meilleur accompagnement sociojudiciaire dans les dossiers de violence conjugale. Il devra être utilisé judicieusement en fonction des besoins réels des victimes et des capacités d'intervention des forces policières. »
Gaelle Fedida, coordonnatrice aux dossiers politiques de l'Alliance MH2
Déconfinement et hausse des féminicides
Comme nous l'avons vu à plusieurs reprises l'an dernier avec une année record en matière de féminicides liés à la violence conjugale, les phases de déconfinement génèrent souvent des vagues de violences envers les femmes et les enfants. En effet, si la réduction des mesures sanitaires rime avec retour de libertés pour la population, c'est aussi un contexte où l'agresseur a l'impression de perdre son emprise sur sa victime et cherchera à réaffirmer son contrôle sur celle-ci en multipliant les stratégies de coercition. Nous réitérons que le filet de sécurité qui doit se tisser autour des victimes n'est pas limité aux acteurs socio-judiciaires, mais inclut notamment l'entourage des victimes ainsi que les acteurs du milieu communautaire et du logement social.
« Les prochains mois vont être cruciaux, il est important que l'ensemble de la population reste à l'affût et se mobilise autour des victimes. Même s'il n'y a pas de judiciarisation dans une situation de violence conjugal, le réseau du couple constate souvent la dynamique toxique de celui. On ne doit jamais sous-estimer le pouvoir d'action de l'entourage des victimes, particulièrement pendant la période de séparation. »
Maud Pontel, coordonnatrice de l'Alliance MH2 et membre du
Comité d'examen des décès liés à la violence conjugale
Consultez le Mémoire de l'Alliance MH2 sur le bracelet anti-rapprochement
L'Alliance des maisons d'hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale (Alliance MH2) compte 34 maisons membres dans 14 régions du Québec dont l'objectif principal est la prévention de l'homicide conjugal. Les MH2 hébergent annuellement plus de 500 femmes et enfants par année dans 145 appartements sécurisés. Elles offrent des services spécialisés en violence conjugale postséparation, au regard de la dévictimisation, de l'analyse de la dangerosité du conjoint, des impacts sur les enfants exposés à la violence conjugale, de la réinsertion sociale des victimes et de l'autonomisation des femmes hébergées. Le premier critère d'admission est la dangerosité de l'ex-conjoint; 8% des femmes au départ d'un refuge d'urgence, vivent des enjeux de sécurité majeurs et auront besoin d'un hébergement de 2e étape.
SOURCE Alliance des maisons d'hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale
Vicky Croisetière, agente de communication, [email protected] | 438-356-2100
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