MONTRÉAL, le 8 oct. 2020 /CNW Telbec/ - L'équipe du professeur Jinyang Liang, spécialiste en imagerie ultrarapide à l'Institut national de la recherche scientifique (INRS), en collaboration avec une équipe internationale de chercheurs, a mis au point une caméra, la plus rapide au monde, capable d'imager des photons dans l'ultraviolet (UV) en temps réel. Cette recherche originale fait la couverture du 10e numéro du journal Laser & Photonics Reviews.
La photographie ultrarapide compressée (Compressed Ultrafast Photography (CUP)) capte l'intégralité du processus en temps réel dans une résolution inégalée, et ce, en un clic. Toute l'information spatiale et temporelle est d'abord compressée dans une image puis, à l'aide d'un algorithme de reconstruction, elle prend la forme d'une vidéo.
Développer un instrument compact pour les UV
Jusqu'à maintenant, cette technique était limitée aux longueurs d'onde visible et proche infrarouge, et donc à une catégorie spécifique d'événements physiques. « De nombreux phénomènes qui se produisent sur des périodes très courtes surviennent également à une très petite échelle spatiale. Pour les voir, il faut détecter des longueurs d'onde plus courtes. Atteindre les UV ou même les rayons X est une étape remarquable vers cet objectif », souligne Jinyang Liang, qui a dirigé l'étude.
Pour observer cette nouvelle gamme de longueurs d'onde et faire évoluer cette technique vers un produit simple à utiliser, les chercheurs ont conçu, dans le cadre d'une collaboration université-industrie avec Christian-Yves Côté, d'Axis Photonique Inc., un système UV-CUP compact. Ce nouveau système comporte une photocathode à motifs qui est utilisée pour détecter et coder simultanément cette « lumière noire ». « À la manière d'une caméra standard, notre technologie est passive. C'est-à-dire qu'elle ne produit pas la lumière ; elle la reçoit. Il fallait donc que notre photocathode soit sensible aux photons émis dans les UV. Cette approche fait de notre technique un système autonome qui peut être facilement intégré dans diverses plateformes expérimentales », précise le chercheur qui travaille au développement de la CUP depuis son postdoctorat.
Pour tester cette technologie, il a collaboré avec François Légaré, également professeur à l'INRS, afin de générer et d'imager des impulsions UV au Laboratoire de sources femtosecondes, aussi connu sous le nom d'Advanced Laser Light Source (ALLS). « L'excellent environnement de recherche du Centre Énergie Matériaux Télécommunications de l'INRS est très utile. C'est tellement plus efficace lorsque toutes les compétences nécessaires à la conception, à la fabrication et à la caractérisation sont réunies dans un même bâtiment », explique le professeur Jinyang Liang.
Diviser le problème de la reconstruction
« Prendre la photo n'est que la première moitié du travail, rappelle Jinyang Liang. Il faut aussi la reconstruire. » Pour ce faire, les chercheurs ont mis au point un nouvel algorithme, plus efficace que les algorithmes standard, par l'entremise de leur collaboration avec l'Université de Boston. La force de cet algorithme vient de sa division des tâches. « Plutôt que de résoudre le problème de la reconstruction en un bloc, l'algorithme le divise en problèmes plus petits qu'il traite individuellement », explique le professeur Liang.
Grâce aux innovations matérielles et logicielles, l'UV-CUP a une vitesse d'imagerie de 0,5 trillion d'images par seconde et produit des vidéos de 1500 images en grand format. En tant qu'imageur à vitesse de la lumière, le système voit les photons UV en temps réel. « Cela me fascine toujours quand on peut observer l'objet le plus rapide de l'univers avec autant de détails », confie Yingming Lai, étudiant à la maîtrise à l'INRS et premier auteur de l'étude.
Pour la suite du projet de recherche, la caméra sera envoyée au laboratoire de recherche Synchrotron SOLEIL, en France, afin de permettre la visualisation de divers phénomènes physiques. Lors de ces prochains tests, il pourrait être possible de lui faire capter la génération de plasma par laser, un phénomène primordial pour déduire certaines propriétés des matériaux, et la fluorescence UV, importante en imagerie médicale pour repérer des biomarqueurs liés à des maladies.
À propos de l'étude
Les chercheurs ont reçu un soutien financier du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), de la Fondation canadienne pour l'innovation (FCI), du Fonds de recherche du Québec - Nature et technologies (FRQNT), du Fonds de recherche du Québec - Santé (FRQS) et de la National Science Foundation (NSF). Un article plus détaillé est disponible sur le site de l'INRS.
À propos de l'INRS
L'INRS est un établissement universitaire dédié exclusivement à la recherche et à la formation aux cycles supérieurs. Depuis sa création en 1969, il contribue activement au développement économique, social et culturel du Québec. L'INRS est 1er au Québec et 2e au Canada en intensité de recherche. Il est composé de quatre centres de recherche et de formation interdisciplinaires, situés à Québec, à Montréal, à Laval et à Varennes, qui concentrent leurs activités dans des secteurs stratégiques : Eau Terre Environnement, Énergie Matériaux Télécommunications, Urbanisation Culture Société et Armand-Frappier Santé Biotechnologie. Sa communauté compte plus de 1 400 membres étudiants, stagiaires postdoctoraux, membres du corps professoral et membres du personnel.
SOURCE Institut National de la recherche scientifique (INRS)
Audrey-Maude Vézina, Service des communications de l'INRS, 418 254-2156, [email protected]
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