Dévoilement à l'UQAM des résultats de l'enquête « Aux premières lignes du soutien à domicile » portant sur les réalités de travail des professionnelles du secteur public.
MONTRÉAL, le 19 oct. 2021 /CNW Telbec/ - Vieillir chez soi semble un horizon souhaité par de nombreuses personnes au Québec. Dans le discours des décideurs politiques, tous partis confondus, le soutien à domicile est un thème récurrent, présenté comme une priorité gouvernementale. Toutefois, tant des enquêtes menées par la protectrice du citoyen et la vérificatrice générale du Québec, que des reportages médiatiques rapportent plusieurs dysfonctionnements et insuffisances dans les mesures offertes aux aînés. Maude Benoit, professeure au Département de science politique à l'UQAM et experte des politiques de la vieillesse, publie le rapport « Aux premières lignes du soutien à domicile » qui porte sur les réalités de travail des professionnelles de ce secteur.
Selon la chercheure, « il est important de rendre les résultats de cette enquête disponibles pour la population, les milieux de pratique, les décideurs publics et les médias afin d'alimenter les débats quant aux rôles et aux actions de l'État, alors que les besoins en soutien à domicile augmentent malgré des ressources publiques limitées ».
Méthodologie
L'enquête a été réalisée par le groupe de recherche État 21 auprès de 697 travailleuses du programme de soutien à l'autonomie des personnes âgées à travers le Québec. Les répondantes sont principalement des travailleuses sociales, des infirmières, des ergothérapeutes et des physiothérapeutes. Le questionnaire visait à mieux connaître leur vision des réformes mises en place et leurs impacts sur les services offerts aux aînés, leurs réalités de travail quotidiennes, ainsi que les principaux défis et évolutions qu'elles observent dans leur secteur professionnel.
Résultats
Les données recueillies exposent un portrait du soutien à domicile qui est plutôt alarmant. La professeure Maude Benoit souligne que « les travailleuses sont nombreuses à constater que la qualité des services offerts a diminué depuis leur embauche, une donnée inquiétante pour quiconque se préoccupe du bien-être des personnes âgées. Puisqu'on exige d'elles d'en faire toujours plus avec moins, les travailleuses jugent qu'elles ont de moins en moins de temps à consacrer à la relation d'aide et de soin avec les usagers. Cela entraîne chez elles un sentiment de perte de sens professionnel, un élément qui est certainement à considérer au moment où le réseau de la santé et des services sociaux est aux prises avec un exode de ses travailleuses vers le secteur privé ou carrément vers d'autres carrières ».
Autres faits saillants :
- Des exigences de performance considérées comme déconnectées de la réalité, alors que l'atteinte des cibles de performance fixées par le gouvernement et les gestionnaires sont, aux yeux de plus de la moitié des répondantes (55,9%), rarement voire jamais atteignables. Plus encore, 92,9 % d'entre elles estiment que ce qui est mesuré ne reflète pas ce qu'elles font réellement dans leur travail.
- Une augmentation de la hiérarchie organisationnelle et des tâches administratives, alors que 85,4 % des répondantes dénotent depuis 2015 un accroissement des politiques et des procédures qui alourdissent leur travail en plus de restreindre l'accès aux services.
- Les statistiques de performance, la standardisation de l'évaluation et la lourdeur administrative accrue ont un effet de dévalorisation professionnelle chez ces travailleuses qui considèrent à 76,2 % que « les outils sont de plus en plus faits pour penser à notre place ».
- Des services à domicile insuffisants, fluctuants, inégaux, qui se dégradent et qui ne sont que partiellement assurés par l'État. La majorité des répondantes (57,5 %) juge que le recours croissant à des prestataires externes traduit une volonté de l'État vers une privatisation accrue.
Les résultats de l'enquête sont disponibles sur le site État 21.
Maude Benoit, professeure au Département de science politique, est disponible pour des entrevues en français.
Gabriel Lévesque, coauteur du rapport et diplômé du Département de science politique, est disponible pour des entrevues en anglais.
Version anglaise du communiqué disponible sur demande.
SOURCE Université du Québec à Montréal
Evelyne Dubourg, conseillère en relations de presse, Division des relations avec la presse et événements spéciaux, Service des communications, 514-987-3000 poste 7975, [email protected]
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