Échangeur Turcot : un mauvais projet qui reste toujours un mauvais projet
MONTRÉAL, le 25 mars 2013 /CNW Telbec/ - Richard Bergeron, chef de Projet Montréal, ne cache pas sa déception quant à l'annonce du gouvernement du Québec concernant le projet Turcot. Alors que le Parti Québécois s'était engagé à revoir en profondeur le projet lors de la dernière campagne électorale, on constate qu'il s'est buté au même entêtement des ingénieurs du MTQ que la Ville de Montréal en 2010. « Il n'y pratiquement pas de différence avec le projet que le gouvernement libéral a mis de l'avant, si ce n'est de quelques modifications techniques qui sont très loin de rendre ce projet acceptable aux yeux des Montréalais. Le projet de reconstruction de l'échangeur Turcot est un mauvais projet, qui reste toujours un mauvais projet. C'est une infrastructure qui n'est pas digne du XXIe siècle, et dont le coût semble véritablement hors de contrôle », a déclaré Richard Bergeron.
Les coûts ont quadruplé depuis 2006
Les coûts estimés du projet Turcot ont quadruplé depuis la première étude d'opportunité rendue publique par le Ministère des Transports du Québec en mai 2006. « C'est à se demander si le MTQ sait ce qu'il fait. Il a été incapable jusqu'ici d'établir le véritable prix de cette infrastructure. Avec le plafond, nous prévoyons qu'en cas de dépassement de coûts, les mesures de mitigation, tel que le transport collectif et les mesures d'intégration, écoperont », a poursuivi Richard Bergeron.
Évolution des coûts estimés du projet Turcot
Date | Source | Coût estimé |
31 mai 2006 | MTQ, Étude d'opportunité Réalisée par SNC-Lavalin, CIMA et Daniel Arbour |
887 millions $ |
29 juin 2007 | Ministre des Transports, Julie Boulet, à l'occasion du dévoilement du projet |
1,2 à 1,5 milliard $ |
Mai 2009 | Mémoire du MTQ au BAPE | 1,5 milliard $ |
22 avril 2010 | Ministre des Transports, Julie Boulet réagissant au concept alternatif de la Ville |
2,0 à 2,5 milliards $ |
9 novembre 2010 | Ministre des Transports, Sam Hamad au dévoilement du « nouveau projet » du MTQ |
3,0 milliards $ |
25 mars 2013 | Annonce TURCOT de Pauline Marois | 3,7 milliards $ |
Échéancier
Alors que le MTQ évoquait l'urgence d'agir et la sécurité pour rejeter du revers de la main la contre-proposition de la Ville de Montréal en avril 2010, nous apprenons aujourd'hui que le chantier ne commencera qu'en 2015 et que sa complétion ne sera plus en 2017 mais bien en 2020. « C'est un délai additionnel de 3 ans qui prouve que le gouvernement n'a jamais voulu considérer l'alternative proposée par l'ensemble des élus montréalais, de tout parti politique, incluant le représentant des villes liées », a ajouté le chef de Projet Montréal.
Bonification
Même si quelques bonifications ont été apportées au projet, sa dernière mouture passe totalement à côté des demandes de la Ville de Montréal, qui ont pourtant été répétées dans une motion adoptée à l'unanimité par le Conseil municipal le 27 février dernier. « Il est clair que ce projet minera le potentiel urbain de Montréal au profit des banlieues. Il provoquera, pour les années à venir, son lot d'aggravation des problèmes de santé des populations riveraines et plombera les budgets du gouvernement du Québec de plusieurs milliards », a conclu Richard Bergeron.
Voici la motion proposée par Projet Montréal, qui a été amendée et adoptée à l'unanimité par le Conseil municipal le 27 février 2013 :
Motion pour définir les principes de négociation avec le gouvernement du Québec et le MTQ concernant la réfection du complexe Turcot
Attendu que la Ville de Montréal est en négociation avec le gouvernement du Québec et le ministère des Transports du Québec (MTQ) sur le projet de réfection du complexe Turcot;
Attendu que le conseil de la Ville de Montréal a adopté à l'unanimité une résolution sur le projet de réfection du complexe Turcot le 19 avril 2010
Attendu qu'en 2010, la Ville de Montréal a présenté son projet alternatif pour Turcot : Un projet urbain durable pour le XXIe siècle qui visait les principes suivants :
- maintenir et consolider les habitats existants;
- renforcer la continuité urbaine entre les quartiers en éliminant les talus;
- planifier les transports collectifs comme armature de la mise en valeur du territoire;
- mettre en place des mesures de mitigation en transport collectif avant les travaux;
- réduire la capacité de l'ouvrage dans l'axe est-ouest et maintenir sa capacité dans l'axe nord-sud;
- diminuer les émissions de GES;
Attendu que le conseil de la Ville de Montréal et les différentes formations politiques ont déjà exprimé leurs réserves au projet actuel, pour les motifs de développement durable, les effets sur la santé publique ainsi que sur les aspects d'enclavement et les expropriations dans les quartiers;
Attendu qu'il y a consensus montréalais pour la construction d'un complexe Turcot selon des principes de développement durable et de réduction des GES
Attendu que depuis cinq ans, des dizaines de milliers de citoyens et de nombreux groupes de la société civile ont demandé une diminution de l'utilisation de l'automobile par une augmentation de l'offre en transport collectif;
Attendu que la construction du complexe Turcot a déjà commencé et qu'il est urgent de réviser le projet avant qu'il ne soit trop tard;
Attendu qu'en ne reconstruisant pas la partie ouest de l'autoroute Ville-Marie les coûts de construction du complexe Turcot s'en trouveraient réduits substantiellement;
Il est proposé par M. Benoît Dorais et appuyé par M. Peter McQueen:
que la Ville de Montréal :
1- adopte les principes suivants dans la négociation avec le ministre des Transports et signale le plus rapidement, la nécessité que les principes suivants soient observés:
- incorporer au projet un vrai plan pour le transport en commun en vue de réduire la dépendance à l'automobile;
- prioriser la reconstruction de l'axe nord-sud et réévaluer la pertinence de reconstruire une grande partie de l'autoroute A-720 ;
- empêcher le déplacement des voies ferrées au pied de la falaise Saint-Jacques;
- désenclaver le secteur sud-ouest et reconsidérer la présence du mur d'enclavement ;
- conserver le principe des voies de circulation en structure en non en remblais ;
2- agisse de façon urgente pour communiquer ses préoccupations au ministre des Transports.
SOURCE : VILLE DE MONTREAL - CABINET DE LA 2E OPPOSITION
Catherine Maurice
Attachée de presse de la 2e opposition
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