MONTRÉAL, le 16 août 2018 /CNW Telbec/ - L'idée de rendre l'éducation supérieure «gratuite » refait surface de façon récurrente et trouve un écho chez des représentants de plusieurs formations politiques. Une publication lancée aujourd'hui par l'IEDM montre qu'une telle politique serait coûteuse pour les contribuables québécois sans véritablement favoriser la diplomation des étudiants.
L'abolition des droits de scolarité et frais afférents au collégial et à l'université coûterait au bas mot 1,1 milliard $ si elle ne s'appliquait qu'aux étudiants québécois, et 1,3 milliard $ si on l'étendait aux étudiants canadiens et étrangers, en supposant que le nombre d'étudiants demeure constant.
« Le concept de "gratuité" est trompeur. Il est plutôt question de faire financer les études supérieures par les contribuables, au lieu des étudiants qui bénéficient directement du service. Déjà, la contribution financière de ceux-ci sous forme de droits de scolarité et frais afférents ne représente que 16 % des revenus des universités du Québec », explique Alexandre Moreau, analyste en politiques publiques à l'IEDM et auteur de la publication.
« En plus, cela ne favoriserait pas nécessairement l'accessibilité des études supérieures, contrairement à un mythe répandu. La décision des étudiants de fréquenter un établissement d'éducation supérieure dépend avant tout de leurs aptitudes, de leurs intérêts et de leurs environnements familial et social », ajoute M. Moreau.
Ces facteurs et d'autres expliquent d'ailleurs la quasi-totalité de l'écart entre le taux de fréquentation des étudiants issus des milieux moins favorisés et ceux venant de familles mieux nanties. Les contraintes financières, elles, n'en expliquent que 12 %.
« Le Québec a un autre problème : il est riche en étudiants, mais pauvre en diplômés. La fréquentation des universités est élevée, mais le décrochage des études supérieures l'est aussi. Rendre les études supérieures "gratuites" ne règlerait pas ce problème », souligne M. Moreau.
En effet, le Québec est, après Terre-Neuve-et-Labrador, la province où les droits de scolarité et frais afférents sont les moins élevés. Pourtant, le pourcentage d'individus de 25 à 34 ans titulaires d'un diplôme universitaire est nettement sous la moyenne canadienne. En comparaison, l'Ontario compte proportionnellement plus de diplômés qu'au Québec dans cette tranche d'âge (68 %, contre 57 %), même si les droits et frais y sont plus du double.
« En plus d'être coûteuse et inefficace, l'abolition des différents droits et frais enverrait un mauvais signal quant au coût et à la valeur de l'éducation supérieure dans une province qui accuse déjà un retard en la matière », ajoute Alexandre Moreau. « Si c'est l'équité et la valorisation de ces études qui est recherchée, une mesure comme la modulation des droits de scolarité en fonction du coût des formations, assortie d'un ajustement correspondant de l'aide financière aux étudiants qui en ont besoin, serait une politique beaucoup plus avisée », conclut-il.
Le Point intitulé « Éducation supérieure : le vrai coût de la "gratuité" » est signé par Alexandre Moreau, en collaboration avec Miguel Ouellette, respectivement analyste en politiques publiques et chercheur à l'IEDM. Cette publication est disponible sur notre site.
* * *
L'IEDM est un think tank indépendant sur les politiques publiques. Par ses publications et ses interventions, l'IEDM alimente le débat sur les politiques publiques au Québec et à travers le Canada en proposant des réformes fondées sur les principes de l'économie de marché et de l'entrepreneuriat.
SOURCE Institut économique de Montréal
Demandes d'entrevues : Daniel Dufort, Directeur aux relations externes, IEDM, Tél. : 514-273-0969, p. 2224, Cell. 438-886-9919, courriel : [email protected]
Partager cet article