En ce jour des 100 ans de l'infâme Règlement 17 - « Les Conservateurs devraient doublement s'excuser à tous les francophones du Canada » - Mario Beaulieu, président du Mouvement Québec français
MONTRÉAL, le 25 juin 2012 /CNW Telbec/ - À l'aube du Forum mondial de la langue française, le gouvernement conservateur de Stephen Harper a deux excellentes raisons d'adresser de repentantes excuses à tous les francophones du Canada. La première raison consisterait à saisir l'occasion du centenaire du Règlement 17, ce lundi 25 juin, pour admettre tous les torts qu'ils ont causés aux francophones du Canada au cours de l'histoire de ce pays. « C'est un conservateur, le premier ministre ontarien James P. Whitney qui, le 25 juin 1912, a fait adopter le Règlement 17 interdisant l'enseignement en français après la deuxième année dans toutes les écoles de l'Ontario », souligne Mario Beaulieu, président du Mouvement Québec français (MQF). Devant la résistance des Franco-Ontariens à l'époque, les conservateurs ontariens avaient même rapidement adopté le règlement 18 qui retirait tout leur financement aux écoles qui n'abolissaient pas l'enseignement du français. « À Ottawa, le premier ministre fédéral Robert Borden, lui aussi conservateur, et le Conseil privé de Londres avaient refusé de désavouer le Règlement 17. Il a fallu 15 ans pour que cette mesure férocement assimilationniste devienne inopérante et 32 ans pour qu'elle disparaisse des statuts ontariens », rappelle Mario Beaulieu.
En cette année 2012 où le gouvernement Harper nous inonde de propagande révisionniste autour du bicentenaire de la guerre de 1812 et du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II, les Conservateurs devraient aussi percevoir une deuxième raison de faire amende honorable, selon le président du MQF. En effet, pas plus tard que le 12 juin dernier, en inaugurant à Ottawa l'exposition sur la guerre de 1812, James Moore a déclaré, « Sans 1812, il n'y a pas 1867. Sans 1867, il n'y a pas les lois, les engagements, les approches, les sensibilités envers les francophones du Canada. » À de multiples reprises dont le 19 mars dernier, M. Moore a soutenu qu'« en demeurant sous la couronne, la diversité linguistique et ethnique du pays a été préservée. » Pourtant, la réalité historique de ce pays démontre l'absolu contraire de ces mensongères affirmations. M. Moore n'est pas sans savoir que le roi ou la reine d'Angleterre est aussi chef de l'Église anglicane, comme le pape est celui de l'Église catholique. Or, c'est au nom de cette couronne britannique et d'une haine ouvertement exprimée à l'égard des « papistes » qu'on a aboli les écoles françaises en Nouvelle-Écosse en 1864 et au Nouveau-Brunswick en 1871, puis à l'Île-du-Prince-Édouard en 1877, au Manitoba en 1890, en Alberta et aux Territoires du Nord-Ouest en 1892 et en Saskatchewan en 1902. En Ontario, les manuels scolaires en français ont ensuite été interdits en 1889 et l'année suivante, l'anglais devenait la seule langue de communication légale dans les écoles de l'Ontario « sauf si l'élève ne comprend pas l'anglais ». C'était avant que le Règlement 17 de 1912 ne vienne donner le coup de grâce. C'est aussi au nom de cette couronne et de la suprématie du protestantisme qu'on a déporté les Acadiens en 1755, qu'on a appliqué les conclusions du rapport Durham visant à assimiler les francophones en 1840, et qu'on a dépossédé les Métis de l'Ouest puis pendu Louis Riel en 1885.
« Depuis le début de l'année, les conservateurs de Stephen Harper ne cessent de répéter que la guerre de 1812 et la monarchie britannique ont favorisé le français au Canada. Stephen Harper et son ministre du Patrimoine canadien, James Moore, devraient s'excuser tous les deux non seulement pour les mesures ethnocidaires perpétrées systématiquement contre les francophones tout au long de l'histoire du Canada anglais, mais aussi pour le révisionnisme historique éhonté qu'il préconise », tonne Mario Beaulieu.
Philippe Perreault, 514-839-4140
Partager cet article