Enquête sur les violences sexuelles en milieu collégial : des résultats de recherche révélateurs
MONTRÉAL, le 22 oct. 2020 /CNW Telbec/ - Les partenaires du projet intitulé « Projet intercollégial d'étude sur le consentement, l'égalité et la sexualité », dont la Chaire de recherche sur les violences sexistes et sexuelles en milieu d'enseignement supérieur (VSSMES) de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), ont dévoilé les résultats de l'enquête sur les violences sexuelles en milieu collégial. Plus de 300 personnes provenant des milieux communautaires, collégiaux et gouvernemental étaient réunies virtuellement, en présence de la ministre de l'Enseignement supérieur, madame Danielle McCann et la ministre déléguée à l'Éducation et responsable de la Condition féminine, madame Isabelle Charest. Ce projet d'importance s'inscrit dans le contexte de la mise en place de politiques pour contrer et prévenir les violences à caractère sexuel dans les établissements d'enseignement supérieur au Québec.
Un portrait révélateur des violences sexuelles dans les milieux collégiaux
Dirigée par Manon Bergeron, professeure et chercheure au Département de sexologie de l'UQAM et titulaire de la Chaire VSSMES, le projet PIECES a vu le jour grâce à l'émergence d'un partenariat entre l'organisme Boscoville, la Chaire VSSMES, la Fédération des cégeps ainsi que cinq établissements collégiaux : Collège Montmorency (Laval), Cégep de Sainte-Foy (Québec), Cégep de Jonquière (Saguenay - Lac-St-Jean), Collège Ahuntsic (Montréal) et Cégep de l'Outaouais (Outaouais).
Plus de 6 006 personnes, étudiant ou travaillant dans l'un ou l'autre des cinq cégeps partenaires, ont participé à la recherche qui permet de dresser un premier portrait des situations de violences à caractère sexuel vécues par la communauté collégiale.
Le rapport de recherche complet est disponible ici.
Faits saillants de l'enquête PIECES
Selon les chercheures, les violences sexuelles vécues en milieu collégial (VSMC) affectent directement un grand nombre de personnes étudiant ou travaillant (personnel professionnel, personnel de soutien, personnel cadre et hors cadre et personnel hors convention) dans les cinq cégeps à l'étude. Les résultats révèlent sept constats :
- Plus du tiers des répondant.es (35,9 %) ont rapporté au moins une forme de violence sexuelle commise par une autre personne affiliée au cégep depuis son arrivée dans cette institution (31,7 % chez les étudiant.es et 44,8 % chez les membres du personnel). Près de 1 personne sur 3 (29,9 %) a subi une forme de VSMC au cours des 12 derniers mois précédant l'enquête. Ces gestes étaient non désirés, non consentis, offensants. Le harcèlement sexuel est la forme la plus fréquente.
- Certains groupes sociaux sont plus susceptibles de subir des gestes de VSMC. En effet, la proportion des personnes ayant fait l'objet de violence sexuelle en contexte collégial est plus élevée pour les femmes, les personnes appartenant aux minorités sexuelles et de genre, les personnes dont l'orientation sexuelle est incertaine ou en questionnement ainsi que celles vivant avec un trouble, une difficulté ou un handicap ayant un impact sur la vie quotidienne. Les individus autochtones et celles appartenant à une minorité visible en rapportent davantage pour la période des 12 derniers mois précédant l'enquête.
- Près de 1 personne victime sur 2 (48,8 %) rapporte au moins une conséquence susceptible d'entraver son fonctionnement dans différentes sphères, soit la réussite scolaire ou sportive, la vie professionnelle, la vie personnelle et sociale, la santé physique ou psychologique. Il est d'autant plus inquiétant d'observer que pour 14,1 % de ces personnes, les conséquences s'apparentent à l'état de stress post-traumatique.
- Les situations de violence sexuelle sont rarement signalées aux instances ou ressources du cégep : plus de 9 personnes victimes sur 10 (93,5 %) n'ont pas dénoncé les gestes subis au cégep.
- 12,3 % des répondant.es ont reçu une confidence concernant une situation de violence sexuelle subie par une personne fréquentant le même cégep.
- 8,3 % ont été témoin d'un événement de VSMC.
- Près de 1 personne sur 10 se sent peu ou pas en sécurité dans au moins 4 lieux au cégep (8,9 %). Les lieux les plus fréquemment nommés sont les stationnements, les corridors, les casiers, les ascenseurs et cages d'escaliers ainsi que les vestiaires.
Le grand nombre de personnes touchées directement par des gestes de harcèlement sexuel, de comportements sexuels non désirés, incluant l'agression sexuelle, et de coercition sexuelle confirme l'importance des pratiques de prévention, de sensibilisation et d'accompagnement dans les établissements collégiaux. Les résultats militent pour l'adoption d'une perspective de tolérance zéro pour toutes les formes de violence sexuelle en milieu collégial, y compris pour la reconnaissance du harcèlement sexuel comme une forme de violence sexuelle tout aussi inacceptable. C'est l'une des conditions pour le changement vers une culture de respect et de consentement. PIECES réitère la nécessité d'assurer un accès facile aux services et ressources de soutien mises en place dans les institutions, et ce, autant pour la population étudiante que les membres du personnel.
En considérant le contexte québécois actuel de la Loi visant à prévenir et à combattre les violences à caractère sexuel dans les établissements d'enseignement supérieur qui impose la mise en œuvre de mesures préventives des violences sexuelles depuis septembre 2019, la collecte des données de PIECES se situe dans une conjoncture exceptionnelle. Les données collectées pourront servir comme point de référence pour de futures enquêtes en milieu collégial au Québec.
Méthodologie de l'enquête
Un comité d'encadrement a été créé pour mener à terme les travaux de l'enquête PIECES. Toutes les personnes étudiant ou travaillant dans les cinq cégeps partenaires à l'automne 2019 étaient invitées à répondre à un questionnaire en ligne, qu'elles aient ou non vécu des événements de VSMC. Pour assurer la représentativité de chacun des groupes à l'étude, une pondération des données quantitatives a été effectuée.
Référence du rapport de recherche : Bergeron, M., Gagnon, A., Blackburn, M.-È., M-Lavoie, D., Paré, C., Roy, S., Szabo, A., et Bourget, C. (2020). Rapport de recherche de l'enquête PIECES : Violences sexuelles en milieu collégial au Québec. Chaire de recherche sur les violences sexistes et sexuelles en milieu d'enseignement supérieur, Université du Québec à Montréal, Montréal, Québec.
À propos de la Chaire de recherche sur les violences sexistes et sexuelles en milieu d'enseignement supérieur de l'UQAM
Depuis sa création en octobre 2018, la Chaire de recherche VSSMES de l'UQAM a pour mission de contribuer à la prévention des VSSMES au Québec et au Canada, grâce à l'observation, à l'évaluation et à la mobilisation. La Chaire de recherche VSSMES est financée par le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur.
À propos de Boscoville
La mission de Boscoville est de développer et promouvoir les meilleures pratiques de prévention et d'intervention psychosociales afin d'accompagner les intervenants et intervenantes du Québec dans leurs actions visant le développement optimal des jeunes. Dans le cadre du projet PIECES, l'équipe de Boscoville dirige un second volet qui vise à documenter les pratiques mises en place par les cégeps depuis l'adoption de la Loi 22-1. Les résultats de la consultation des cégeps font l'objet d'un rapport de recherche disponible sur le site de l'organisme : https://www.boscoville.ca/programmes/projet-pieces/
Contact:
Pour Manon Bergeron, professeure au Département de sexologie, UQAM
Titulaire de la Chaire de recherche sur les violences sexistes et sexuelles en milieu d'enseignement supérieur
Chercheure responsable de l'enquête PIECES
514 987-3000, poste 3535
[email protected]
Pour Boscoville
Laurie Prud'Homme, responsable des communications et des relations publiques
514 648-6006, poste 2275
[email protected]
Pour la Fédération des cégeps
Judith Laurier, directrice des communications
Tél. : 514 381-8631, poste 2337
Cell. : 514 239-2088
Twitter : @fedecegeps
Il est également possible de s'adresser aux cochercheures des cinq cégeps partenaires.
Pour ce faire, communiquez avec le service des communications de chaque institution.
Collège Montmorency 450 975-6100, poste 6103
|
Collège Ahuntsic Sophie Beauregard 514 389-5921, poste 2741 |
Cégep de Jonquière Sabrina Potvin 418 547-2191, poste 6477
|
Cégep de Sainte-Foy Mélisa Imedjdouben 418 659-6699, poste 3546 |
Cégep de l'Outaouais Simon Desjardins 819 770-4012, poste 2254 [email protected]
|
SOURCE Université du Québec à Montréal
Joanie Doucet, Conseillère en relations de presse, Division des relations avec la presse et événements spéciaux, Service des communications, UQAM, Tél. : 514 987-3000, poste 3268Cell. : 514 297-2771, [email protected]
Partager cet article