Entente Canada-Québec en itinérance - Les regroupements demeurent insatisfaits
QUÉBEC, le 3 sept. 2019 /CNW Telbec/ - Après de longs mois de négociations, l'Entente Canada-Québec en itinérance est finalement conclue. Elle porte sur le déploiement du programme fédéral Vers un chez-soi et de la forme spécifique que ce dernier prendra au Québec. Le Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec (RSIQ) tient à exprimer ses réserves alors que le Ministre Jean-Yves Duclos, ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social donnait ce matin une conférence de presse à Québec sur la forme que prendra Vers un chez-soi au Québec.
Un budget de 175 millions $ est prévu pour Vers un chez-soi au Québec pour 2019-2024. Sous réserve, cela indiquerait un budget de 37 millions $ par an pour 2021-2024. Un rehaussement du budget qui est important, bien qu'insuffisant et qui pourra être plus qu'utile, reste à voir à quoi il servira.
Des orientations vécues comme des impositions
Le RSIQ, le Regroupement pour l'aide aux itinérants et itinérantes de Québec et le Réseau d'aide aux personnes seules et itinérance de Montréal manifestent de vives inquiétudes quant à l'imposition de certaines orientations. L'implantation d'un système d'accès coordonné, l'approche par résultats et l'objectif de réduire l'itinérance chronique de moitié en 10 ans sont autant de contraintes qui viendront entraver le travail efficace déjà à l'œuvre dans la lutte à l'itinérance au Québec. Ces orientations ne s'inscrivent pas en complémentarité avec les pratiques déployées selon l'approche globale et communautaire sur le terrain et soulèvent d'importants enjeux éthiques.
L'accès coordonné consiste en la mise en place d'un système informatique centralisé de recueil de données, ciblant exclusivement les personnes en situation d'itinérance. Plusieurs groupes dénoncent le fait que l'accès coordonné pourrait effrayer les personnes qu'il vise aider ; celles-ci ne désirant pas voir leurs données collectées dans un système informatique par les différents services auxquels elles souhaitent accéder. Ce système risque en plus de limiter l'accessibilité aux ressources en place et de compliquer inutilement le travail des intervenant.e.s. De plus, de vives craintes sont exprimées à savoir comment des actions essentielles pour contrer l'itinérance telles que le travail de rue, l'intervention auprès des jeunes pour prévenir l'itinérance notamment pourront continuer d'exister.
L'approche par résultats risque d'invisibiliser tout le travail mené en prévention et quant au phénomène de l'itinérance cachée. « L'itinérance cachée, ce sont les personnes qui ne fréquentent pas les ressources d'hébergement et qui passent la nuit le sofa d'une personne plus ou moins connue ou des gens qui vivent à 10 dans un appartement. Toutes les régions vivent le phénomène de l'itinérance cachée. Moins visible, elle n'en est pas moins réelle ! Et doit être prise en considération dans les financements », précise Laury Bacro, coordonnatrice du RSIQ.
La volonté du gouvernement canadien de réduire l'itinérance chronique de 50% d'ici 2027-2028 doit rendre possible d'intervenir dans tous les domaines qui permettent d'éviter la rue et en sortie. Cet objectif a été dénoncé comme étant discriminatoire envers les femmes lors de la remise de l'avis du comité consultatif en 2018. Les femmes vivant en effet en grande partie de l'itinérance cachée, ainsi que les jeunes. De plus, il est nécessaire de demeurer vigilant.e.s afin que cet objectif ne soit pas contraignant pour les communautés et que les ressources financières prévues dans le programme Vers un chez soi, puissent aussi répondre aux besoins liés aux différentes réalités en itinérance. Ainsi, l'importance des différentes planifications communautaires régionales doit, plus que jamais, être prises en considération dans l'élaboration détaillée.
Le RSIQ maintient sa recommandation que les financements viennent consolider une diversité d'actions ainsi que le logement social pour prévenir et réduire l'itinérance.
Le RSIQ est composé de 14 tables de concertations régionales en itinérance et totalise plus de 300 organismes, à travers le Québec.
Le RAPSIM est la concertation membre du RSIQ à Montréal, où il compte 110 organismes membres.
Le RAIIQ est la concertation membre du RSIQ à Québec, où il compte 40 organismes membres.
SOURCE Réseau solidarité itinérance du Québec (RSIQ)
Laury Bacro, coordonnatrice du RSIQ, 514 861-0202, cell 514 662-4733; Pierre Gaudreau, directeur du RAPSIM et administrateur du RSIQ, 514 879-1949, cell 514 603-1949; Jimena Michea, coordonnatrice du RAIIQ, 418-522-6184, cell 418-261-7881
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