NITASSINAN, QC, le 29 nov. 2022 /CNW Telbec/ - Face à l'inaction du gouvernement du Québec dans le dossier du caribou forestier, nos Premières Nations innues, Essipit et Pessamit, seront à la COP 15 afin de mettre à l'ordre du jour les préjudices irréversibles qu'engendre la perte de biodiversité pour notre Nation et dénoncer les freins du Québec à l'exercice de notre leadership en matière de conservation.
Notre survie culturelle : hautement menacée par la perte de biodiversité
La perte de biodiversité, induite en grande partie par l'exploitation forestière sur nos terres ancestrales, sans égards à nos besoins, nos valeurs, nos droits et intérêts, engendre des pertes culturelles inestimables pour nos communautés. « Ça altère notre mode de vie, bouleverse notre façon d'être, menace notre sécurité alimentaire et notre identité culturelle » s'indigne Marielle Vachon, cheffe du Conseil des Innus de Pessamit.
Nos communautés se mobilisent depuis plusieurs années pour préserver le lien sacré qui nous unit au Nitassinan, notre Terre, et tout particulièrement à minashkuau-atiku, le caribou forestier, une espèce en péril. L'état de la population du caribou du Pipmuacan est tout particulièrement alarmant, et sa sauvegarde est vitale pour le maintien de notre lien sacré à l'espèce. « Nos communautés ont fait le choix de suspendre le prélèvement du caribou afin de préserver l'espèce, sacrifiant une activité traditionnelle centrale dans notre culture. Pendant ce temps-là, le gouvernement du Québec reste les bras croisés. » affirme de son côté Martin Dufour, chef de la Première Nation des Innus Essipit, exaspéré par l'inaction de Québec et inquiet face à l'urgence d'agir pour le caribou du Pipmuacan. La passivité perpétuelle du gouvernement provincial à l'égard de ces enjeux et du déclin de minashkuau-atiku a mené les deux Premières Nations à développer leurs propres initiatives.
Des initiatives autochtones supportées par le milieu
Les initiatives de conservation d'Akumunan et du Pipmuakan sont le fruit d'un travail rigoureux réalisé en collaboration avec des experts en conservation et des spécialistes du caribou forestier, arrimant savoir innu et scientifique. Ces initiatives reçoivent l'appui de plusieurs institutions de recherche et d'enseignement, de la SNAP Québec, ainsi qu'Environnement et Changement climatique Canada.
Néanmoins, il aura fallu plus de 15 ans pour que la réserve de biodiversité Akumunan, initié par le Conseil de la Première Nation des Innus Essipit, obtienne un statut légal de protection. « Nous saluons l'appui du ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques dans la réalisation du projet Akumunan. Toutefois, on ne peut attendre un autre 15 ans avant de poursuivre avec la création de nouvelles aires protégées et des efforts de restauration notables dans l'habitat du caribou du Pipmuacan » mentionne le chef d'Essipit. En effet, malgré l'urgence et le fait qu'il ait été entériné par la Commission indépendante sur le caribou, le projet d'aire protégée Pipmuakan, déposé en 2020 par le Conseil des Innus de Pessamit, n'est toujours pas exclue à l'exploitation forestière ou à toutes autres activités industrielles et émission de droits. Rappelons que le projet vise à préserver les derniers grands massifs d'habitats intacts dans l'aire de répartition du caribou du Pipmuacan.
Les entraves du Québec à l'exercice de notre leadership
Des obstacles majeurs dans la gouvernance provinciale empêchent les deux communautés de mettre en œuvre ou de compléter leurs initiatives. Les freins sont nombreux : un processus de consultation inadéquat et rigide qui ne laisse pas de place au leadership autochtone, un régime forestier inflexible où la vocation première du territoire est de nature économique; un nouveau statut d'aire protégée d'initiative autochtone inaccessible tant que les lignes directrices ne sont pas définies et des ministères qui travaillent en silo et de manière concurrente au détriment de la biodiversité et de la conservation.
Essipit et Pessamit se feront entendre sur la scène internationale
Les Premières Nations d'Essipit et de Pessamit ont l'intention de profiter du rayonnement international offert par la COP 15 pour faire reconnaître la légitimité de leur gouvernance en regard du caribou forestier et du Nitassinan et réclamer des mesures de protection immédiates pour la population du Pipmuacan. « Si Québec souhaite faire bonne figure à la COP 15 en matière de respect des droits autochtones, qu'il annonce l'inscription immédiate de notre projet d'aire protégée Pipmuakan au registre des aires protégées. » Conclut la cheffe de Pessamit, irritée par l'oisiveté du gouvernement provincial dans le dossier du caribou forestier.
SOURCE Conseil des Innus de Pessamit
Source : Secteur Territoire et Ressources, Conseil des Innus de Pessamit, [email protected], Tél. : 418 567-3132; Marie-Eve B.Théberge, Conseil de la Première Nation des Innus Essipit, [email protected], Tél. : 418 233-2509
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