Études économiques Scotia : le secteur automobile canadien reprend du poil de
la bête, mais n'a pas de stratégie d'exportation
- Les exportations toujours à la merci de la lenteur de la reprise aux États-Unis
TORONTO, le 28 oct. /CNW/ - Les ventes mondiales de voitures ont fortement progressé en septembre après plusieurs mois anémiques et ont enregistré la hausse d'une année sur l'autre la plus forte depuis mai, selon le dernier rapport sur le marché mondial de l'automobile d'Études économiques Scotia, publié aujourd'hui. Cette amélioration a été nourrie par les marchés russes, indiens et chinois, quoique pratiquement toutes les régions aient signalé une hausse des ventes.
"Cette reprise des ventes met en évidence le dynamisme de l'économie mondiale, même confrontée aux problèmes des dettes souveraines en Europe de l'Ouest, où plusieurs pays ont accéléré l'assainissement de leurs finances, et au désendettement des ménages sur les principaux marchés", estime Carlos Gomes, économiste principal à Études économiques Scotia.
"L'industrie automobile canadienne reprend du poil de la bête : la production de véhicules a en effet bondi de 56 % depuis le début de l'année, soit une augmentation plus forte que celle enregistrée aux États-Unis, qui est de 49 %", poursuit M. Gomes. "L'embauche a repris, surtout sur les chaînes de montage de véhicules. Cependant, les exportations sont encore exclusivement tournées vers le marché américain, qui n'a qu'un potentiel limité de hausse pendant cette période d'assainissement des dépenses des ménages et des finances, ce qui restreint les possibilités de croissance au Canada. En fait, le Canada est le seul grand pays fabricant de voitures ne comptant presque exclusivement que sur un seul marché à l'exportation. Son secteur automobile n'est donc pas suffisamment diversifié et bien positionné pour profiter de la hausse des ventes sur les marchés émergents."
Selon le rapport, le Canada et le Mexique ont profité de l'intégration du secteur nord-américain de l'automobile entraînée par l'ALENA. La part de la production canadienne en Amérique du Nord, qui affichait une moyenne de 16 % au cours des 20 dernières années, a grimpé à 17 % en 2009 et atteint même 17,4 % à ce jour. Le Mexique affiche des gains encore plus élevés, grâce à ses faibles coûts de production. Sa production a dépassé celle du Canada l'an dernier et représente maintenant presque 18 % de tous les véhicules assemblés en Amérique du Nord. Les deux pays dépendent toutefois beaucoup du marché américain, sur lequel le Canada est l'exportateur le plus important et le Mexique, troisième derrière l'Allemagne. Le Canada table toujours sur les États-Unis pour pratiquement toutes ses exportations de véhicules automobiles. À l'opposé, le Mexique a diversifié ses exportations au cours des dix dernières années et a réduit pendant cette période la part de ses exportations destinées à ses partenaires de l'ALENA de quelque 95 % à tout juste plus de 70 %.
Aujourd'hui, les États-Unis expédient outre-mer près de 60 % de leurs exportations de véhicules. En fait, malgré l'important repli de la production et des ventes mondiales de véhicules de l'an dernier, les États-Unis ont tout de même exporté outre-mer près de 1 million de voitures et de camions en 2009, alors qu'ils en exportaient moins de 800 000 il y a cinq ans. Historiquement, l'Allemagne, l'Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis et le Royaume-Uni étaient les plus grands acheteurs de voitures et de camions légers américains. Les exportations américaines vers la Chine ont toutefois bondi à un rythme étonnant jusqu'ici cette année. Elles ont en effet été multipliées par près de cinq, et la Chine dépasse maintenant l'Allemagne au troisième rang des marchés pour les voitures et camions américains, derrière le Canada et le Mexique. Le marché chinois et celui des autres pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), en croissance rapide, représentent désormais près de 10 % de l'ensemble des exportations américaines de véhicules, alors qu'elles étaient pratiquement nulles il y a dix ans.
Même l'Inde, qui a dépassé le Canada et le Mexique pour le nombre de véhicules assemblés en 2008 et qui est actuellement le septième producteur mondial, quoique ne figurant qu'au 22e rang au titre des exportations, prévoit diversifier et augmenter ses exportations. Aujourd'hui, la valeur des exportations annuelles de véhicules indiens totalise quelque 4,5 milliards de dollars, mais le plan d'action pour le secteur automobile du gouvernement a établi un objectif de 12 milliards de dollars d'ici 2016, une multiplication par près de trois des exportations au cours des six prochaines années.
"D'un point de vue canadien, la décision d'un grand fabriquant d'automobiles de se lancer dans l'exportation vers la Chine de véhicules fabriqués au Canada pour profiter de la vague de popularité des véhicules utilitaires sports sur le marché automobile le plus dynamique au monde constitue une annonce de premier plan", conclut M. Gomes. "Toutefois, les premiers objectifs du fabricant, qui prévoit n'exporter qu'entre 4 et 5 000 unités par année, sont modestes. Le secteur automobile canadien devrait continuer à chercher des occasions qui lui permettraient de rediriger une partie de sa production vers les marchés automobiles émergents, qui connaissent une forte croissance, pour que le Canada ne perde pas davantage de places au classement des pays producteurs. Le Canada, qui était le huitième fabricant de véhicules au monde aussi récemment qu'en 2005, ne fait désormais plus partie des 10 plus grands producteurs."
Études économiques Scotia propose à sa clientèle une analyse approfondie des facteurs qui façonnent les perspectives du Canada et de l'économie mondiale, notamment l'évolution macroéconomique, les tendances des marchés de change et des capitaux, le rendement des produits de base et de l'industrie ainsi que les enjeux relatifs aux politiques monétaires, fiscales et gouvernementales.
Renseignements: Carlos Gomes, Études économiques Scotia, 416-866-4735, [email protected]; Patty Stathokostas, Relations avec les médias, Banque Scotia, 416-866-3625, [email protected].
Partager cet article