Faire d'une pierre deux coups : améliorer la réussite des élèves et combattre la pénurie d'enseignants au Québec
MONTRÉAL, le 25 sept. 2019 /CNW Telbec/ - De tous les maux qui affligent le système d'éducation du Québec, le plus grave est sans contredit le décrochage et la sous-diplomation chronique des élèves, notamment des garçons du réseau public francophone. La crise qui entoure actuellement le manque d'enseignants accentue par ailleurs l'urgence de la situation. Or, la recherche est sans équivoque : la qualité de l'enseignement contribue davantage que tout autre facteur scolaire à la réussite des élèves. « Améliorer la réussite des élèves et combattre la pénurie d'enseignants au Québec passe inévitablement par une gestion plus rigoureuse de la qualité de l'enseignement et un meilleur encadrement du parcours des enseignants par le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur (MEES), » déclare Mia Homsy, directrice générale de l'Institut du Québec (IDQ).
C'est dans ce contexte que l'IDQ publie aujourd'hui une vaste étude sur les meilleures pratiques en matière d'encadrement de la qualité de l'enseignement, qui aboutit sur quatre propositions pour le réseau de l'éducation du Québec.
Meilleures pratiques internationales et réalité québécoise
Pour appuyer son analyse et ses recommandations, l'IDQ a d'abord réalisé une série d'entrevues avec divers acteurs du milieu de l'éducation pour mieux cerner les enjeux. Les chercheurs ont ensuite effectué une revue des meilleures pratiques à l'échelle canadienne et internationale en matière de qualité de l'enseignement, pour à la fois comparer nos façons de faire et s'inspirer des plus performantes.
« Nous avons ainsi analysé les approches adoptées par Singapour, la Finlande, les Pays-Bas et l'Ontario sur trois dimensions: (1) la sélection et la formation des enseignants, (2) leur insertion professionnelle, et (3) leur rémunération et encadrement professionnel. Nous croyons que ces systèmes peuvent et devraient inspirer les décideurs publics qui se préoccupent de la réussite des élèves québécois, » a ajouté Mme Homsy.
Principaux constats
Alors que les systèmes d'éducation performants misent sur des enseignants choisis parmi les meilleurs étudiants, les facultés d'éducation québécoises ne parviennent pas à attirer les candidats aux dossiers académiques les plus solides. Le manque de valorisation de la profession et un milieu de travail jugé difficile font en sorte que les critères d'admission sont devenus peu exigeants.
La formation des enseignants québécois diverge des systèmes les plus performants à plusieurs égards, notamment par son parcours majoritairement de premier cycle universitaire; un cheminement peu axé sur la formation disciplinaire et une maîtrise qualifiante exceptionnellement longue pour les bacheliers disciplinaires. De plus, l'insertion professionnelle des enseignants québécois est gravement déficiente, et l'encadrement formel, le soutien actif et la rétroaction sont aléatoires et généralement limités. Ces lacunes accentuent le décrochage des enseignants et les pénuries que traverse actuellement le réseau.
Enfin, alors que l'OCDE considère que la formation continue et le développement professionnel constituent des éléments essentiels du cheminement des enseignants, le Québec n'a adopté aucun processus systématique en matière d'évaluation, de formation continue ou encore de progression professionnelle des enseignants.
Quatre recommandations
À la lumière de ces constats, l'IDQ formule quatre recommandations :
- Repenser la formation des enseignants afin de renforcer la formation disciplinaire et accroître le bassin de candidats potentiels :
- Offrir dès maintenant une maîtrise s'échelonnant sur 12 mois à temps plein (cours et stages inclus) pour les diplômés universitaires issus d'autres programmes universitaires pertinents, qui mènerait à un brevet d'enseignement au secondaire.
- Si l'expérience de la maîtrise de 12 mois s'avère concluante, faire de ce parcours une voie d'accès privilégiée à la profession enseignante pour le niveau secondaire.
- Encadrer systématiquement tous les enseignants du Québec au cours des deux premières années de leur pratique en leur offrant un soutien actif obligatoire.
- Accroître le temps dédié à la formation continue à l'horaire des enseignants et assurer un suivi plus étroit de leur développement professionnel.
- Confier au MEES, ou une autre entité pertinente, la responsabilité de:
- Estimer les besoins d'effectifs et les ressources du réseau (actuels et futurs) ;
- Assurer un suivi rigoureux et systématique de la qualité de l'enseignement ;
- Évaluer ses principaux programmes, à partir de toutes les données pertinentes ; et
- Publier de façon rapide, utile, efficace, centralisée et transparente toutes les informations et données pertinentes qui sont disponibles au sein du réseau de l'éducation du Québec.
« Ces recommandations s'articulent autour d'une vision qui place la qualité de l'enseignement et la gestion rigoureuse au cœur des préoccupations du système d'éducation, conclut Mme Homsy. À court terme, elles permettraient de faire d'une pierre deux coups : combattre la pénurie d'enseignants tout en contribuant à améliorer la qualité de l'enseignement. À plus long terme, l'objectif consiste à revaloriser la profession enseignante et à lui donner l'importance centrale qu'elle devrait occuper dans toute société authentiquement préoccupée par son avenir social et économique. »
Pour en savoir plus
Téléchargez le rapport Qualité de l'enseignement et pénurie d'enseignants : L'État doit miser sur l'essentiel
À propos de l'Institut du Québec
Issu d'un partenariat entre le Conference Board du Canada et HEC Montréal, l'Institut du Québec axe ses recherches et ses études sur les enjeux socioéconomiques auxquels le Québec fait face. Il vise à fournir aux autorités publiques et au secteur privé les outils nécessaires pour prendre des décisions éclairées, et ainsi contribuer à bâtir une société plus dynamique, compétitive et prospère. http://www.institutduquebec.ca
SOURCE Institut du Quebec
Liette D'Amours, Responsable des relations avec les médias, 514 649-2347, [email protected]
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