Finances publiques, assurance-emploi, relance de Montréal : les économistes se prononcent
MONTRÉAL, le 29 nov. 2013 /CNW Telbec/ - Dans un sondage Léger dont les résultats ont été publiés cette semaine, les économistes québécois se sont prononcés sur plusieurs questions d'actualité, notamment le cadre financier du gouvernement du Québec, les effets de la réforme de l'assurance-emploi et la relance de l'économie montréalaise.
Le cadre financier du gouvernement du Québec
Pour atteindre l'équilibre budgétaire, les économistes consultés estiment que le gouvernement québécois devrait hausser les tarifs pour les services publics (63%) en plus d'abandonner le principe de l'universalité et de moduler la tarification de certains programmes sociaux (67%). De plus, une nette majorité de répondants (64%) estiment que la hausse de la tarification domestique de l'électricité annoncée ne devrait pas être reportée. Ils sont cependant divisés sur la réduction des tarifs offerts aux entreprises (44% pour, 43% contre).
Par ailleurs, une forte majorité s'oppose à l'augmentation du taux d'impôt (88%) ou à la hausse des taxes à la consommation (70%).
Pour le professeur Jean-Michel Cousineau, responsable du Comité des politiques publiques de l'Association des économistes québécois, ces réponses ne sont pas étonnantes. Il rappelle en effet que, «du point de la science économique, la tarification est généralement considérée comme plus favorable à la croissance économique que les impôts et les taxes». Monsieur Cousineau précise que « dans le contexte actuel, l'application du principe de l'utilisateur payeur serait nettement plus efficace que l'application de nouvelles hausses des impôts et des taxes. De plus, dans le cas des garderies, par exemple, il pourrait s'avérer plus équitable de moduler ces tarifs en fonction des revenus familiaux ».
La vaste majorité des économistes sondés (82%) croient aussi que le redressement des finances publiques du Québec passe par l'évaluation systématique des programmes existants. De plus, 87% sont d'avis que les autorités publiques devraient informer la population, non seulement sur les coûts des services publics fournis, mais aussi sur la quantité, la qualité et l'accessibilité de ces services.
La réforme de l'assurance-emploi
La majorité des économistes consultés estiment que la réforme du gouvernement fédéral n'aura pas pour effet d'augmenter le nombre d'emplois dans les régions ayant un plus haut taux de chômage (68%) ou dans l'ensemble du pays (53%). Les répondants croient plutôt que cette réforme encouragera un plus grand nombre de déplacements des travailleurs vers des régions ayant un plus faible taux de chômage (62%), ce qui pourrait causer un problème de dévitalisation de certaines régions du pays. Ils craignent également que la réforme entraine une baisse des salaires des travailleurs canadiens (52%).
Par ailleurs, 62% des économistes consultés croient que le chômage saisonnier devrait être exclu du régime actuel d'assurance-emploi et faire l'objet d'un programme particulier.
L'économie montréalaise
Selon les résultats du sondage, les économistes québécois considèrent important et urgent d'améliorer les infrastructures et les services de transports (69%) et de simplifier les structures de gouvernance (66%) afin de stimuler le développement économique de Montréal.
Une nette majorité des économistes sont également d'avis que la mise en place de meilleurs mécanismes d'évaluation du coût des projets (82%) et la transparence à l'égard du processus décisionnel (79%) sont des mesures à prendre dans les meilleurs délais.
L'entente commerciale Canada-Union européenne
Une forte majorité de répondants pensent que l'entente sera bénéfique pour le Québec (84%) et le Canada (87%), qu'elle incitera le secteur manufacturier à améliorer sa productivité et sa compétitivité (69%) et qu'elle réduira la dépendance des exportateurs québécois et canadiens envers le marché américain (55%). Toutefois, plus de la moitié (52%) estiment que cet accord pourrait engendrer des inégalités entre les régions au sein du Canada.
Le soutien au secteur manufacturier
Les répondants sont divisés à savoir si les gouvernements de Québec et d'Ottawa devraient accorder une attention prioritaire au maintien et à la relance du secteur manufacturier plutôt qu'au développement d'autres secteurs tels que les ressources, le tertiaire supérieur ou les industries culturelles : 40 % sont d'accord et 50% s'y opposent. Pour les premiers, le maintien ou la relance du secteur manufacturier passe d'abord par l'augmentation substantielle de l'aide financière à l'investissement, à la formation de la main-d'œuvre et à la recherche et développement. Dans une moindre mesure, ils préconisent également le soutien au développement de nouvelles technologies vertes ou à la relocalisation au pays des entreprises canadiennes établies à l'étranger, de même que l'abolition temporaire ( 5 ans) de l'impôt sur le profit des nouvelles entreprises manufacturières.
Optimisme quant aux perspectives économiques du Québec
Au total, 58% des économistes sondés croient que la situation économique du Québec va se maintenir au cours des six prochains mois, tandis que 28% pensent qu'elle va s'améliorer. Seulement 11% croient que l'économie québécoise va se détériorer comparativement à deux fois plus lors d'un sondage précédent (mai 2013).
Le sondage a été réalisé par Internet, du 11 au 21 novembre 2013, auprès des membres de l'Association des économistes québécois. Au total, 209 des 734 membres de l'Association rejoints par courriel ont répondu au sondage, ce qui confère aux résultats de l'étude une précision de ± 5.7%, et ce, 19 fois sur 20. Les résultats détaillés du sondage sont disponibles sur le site de l'Association des économistes québécois à l'adresse :
http://www.economistesquebecois.com/files/documents/5c/f9/communiqu-vf-25-nov-13.pdf .
L'ASSOCIATION DES ÉCONOMISTES QUÉBÉCOIS
L'Association des économistes québécois est une association professionnelle à but non lucratif fondée en 1975. Elle a pour finalité le développement et la diffusion du savoir économique, l'éclairage des débats publics et la valorisation du rôle de l'économiste. Elle privilégie la formation et l'éducation économique pour tous les citoyens. En accord avec son slogan « Pour des choix éclairés», l'Association est reconnue comme un interlocuteur crédible et impartial dans les débats économiques. L'Association accueille chez ses membres l'expression des différences de points de vue et d'opinions.
SOURCE : Association des économistes québécois (ASDEQ)
Association des économistes québécois
Jean-Michel Cousineau, président, Comité des politiques publiques, Association des économistes québécois, et professeur titulaire, École de relations industrielles, Université de Montréal
(514) 731-0356
[email protected]
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