FINANCES PUBLIQUES DU QUÉBEC - LA PRUDENCE S'IMPOSE MALGRÉ UNE HAUSSE DES REVENUS À COURT TERME
MONTRÉAL, le 17 mars 2022 /CNW Telbec/ - « À quelques jours du budget du Québec, nos simulations indiquent que l'état des finances publiques s'est nettement amélioré au cours de la dernière année, surtout grâce à une révision à la hausse des revenus de l'État. Cette croissance devrait permettre d'atteindre l'équilibre budgétaire, avant les versements au Fonds des générations, dès 2023-2024 et de le maintenir jusqu'en 2026-2027. Cette embellie sera toutefois de courte durée, prévient Mia Homsy, présidente-directrice générale de l'Institut du Québec (IDQ). Dès 2027-2028, il faut s'attendre à un retour aux déficits. »
La faible croissance économique, l'ampleur des défis liés aux services de santé et la rareté de main-d'œuvre affecteront inévitablement le budget de l'État à moyen et long termes. « Il faudra donc agir avec prudence en cette année électorale et résister à la tentation de faire du saupoudrage, soutient Mia Homsy. Trop de générosité aujourd'hui risque d'accroître les défis de demain. »
Des résultats encourageants
Malgré le choc que la pandémie et les restrictions sanitaires ont infligé à l'économie et aux finances publiques du Québec, la force de la reprise permet de réduire considérablement les efforts requis pour équilibrer le budget. En tenant compte des versements au Fonds des générations et afin de respecter la Loi sur l'équilibre budgétaire, nos simulations montrent que le déficit à résorber se situera entre 3 et 4 G$. Nos estimations de l'an dernier, tout comme celles du budget 2021-2022 du gouvernement du Québec, l'évaluaient plutôt entre 6 et 6,5 G$.
Comme chaque année, l'Institut du Québec a effectué des projections de l'état des finances publiques au Québec. Cette simulation de la trajectoire des revenus et des dépenses du gouvernement a pour objectif d'identifier les défis et les opportunités qui se profilent à l'horizon afin d'éclairer la prise de décision. Cette trajectoire a été modélisée à partir du modèle du Conference Board du Canada (CBdC) pour les années fiscales 2022-2023 à 2032-2033.
En outre, ces simulations révèlent que même si le Québec demeure la troisième province la plus endettée au Canada, la faiblesse des taux d'intérêt devrait permettre une stabilisation de l'endettement au cours des années à venir, de sorte que le poids du service de la dette devrait demeurer inférieur à sa tendance des 20 dernières années. Il faudra toutefois surveiller la hausse du taux d'inflation qui a une incidence directe sur les taux d'intérêt. Si cette hausse s'avère plus prononcée qu'anticipée, elle pourrait faire croître plus rapidement le service de la dette et l'endettement.
À moyen et long termes : le retour des budgets à l'encre rouge
Malgré l'embellie à court terme, nos simulations prévoient que dès 2027-2028, les déficits budgétaires recommenceront à croître de façon plus prononcée. De sorte que, si rien n'est fait pour inverser cette tendance, les déficits pourraient atteindre près de 10 G$ au cours des dix prochaines années et l'endettement connaîtrait une légère hausse par rapport au niveau prépandémique.
Cette pression fiscale s'explique principalement par la faiblesse du potentiel de croissance économique que le Conference Board du Canada anticipe pour le Québec d'ici 2032 (1,3 %), ce qui affectera à la baisse les recettes du gouvernement. En raison du vieillissement de la population, la croissance du PIB ne pourra plus autant reposer sur la croissance de la population et celle du taux d'emploi s'en trouvera également limitée. L'accroissement de l'économie dépendra alors presque entièrement de la progression de la productivité, ce qui constitue un défi considérable pour le Québec dont la performance à ce chapitre est plutôt décevante, notamment en ce qui a trait à un déterminant important de la productivité, l'investissement des entreprises.
Incertitude et défis
Alors que le prochain budget du Québec sera déposé en année électorale, il pourrait être tentant d'utiliser la marge de manœuvre dégagée par la hausse plus marquée des revenus à court terme pour répondre aux nombreuses demandes formulées par divers groupes, notamment les appels qui se multiplient pour compenser la perte du pouvoir d'achat provoquée par l'inflation. Si des interventions ponctuelles et bien ciblées peuvent s'avérer judicieuses, le budget devrait s'inscrire dans la prudence, surtout en raison du niveau actuel d'incertitude, causé principalement par la hausse de l'inflation, l'invasion de l'Ukraine par la Russie et les perturbations des chaînes d'approvisionnement qui persistent.
« Le gouvernement devrait plutôt utiliser cette marge de manœuvre pour répondre aux multiples défis auxquels le Québec est déjà confronté et qui peuvent se décliner en trois grands thèmes : accroître le potentiel de croissance économique par des gains de productivité, se préparer adéquatement à la transition verte et repenser l'organisation de notre système de santé », conclut Mia Homsy.
Pour en savoir plus
Téléchargez le rapport Davantage de revenus à court terme, mais d'importants défis demeurent à plus long terme - Simulations de long terme des dépenses et des revenus du gouvernement du Québec
À propos de l'Institut du Québec
L'Institut du Québec est un organisme à but non lucratif qui publie des recherches et des études sur les enjeux socioéconomiques contemporains du Québec. Il vise à fournir aux autorités publiques, au secteur privé et à la société civile les outils nécessaires pour prendre des décisions éclairées, et ainsi contribuer à bâtir une société plus dynamique et prospère.
institutduquebec.ca | @InstitutduQC
SOURCE Institut du Quebec
Liette D'Amours, Responsable des relations avec les médias, 514-649-2347, [email protected]
Partager cet article