Fracturation : ruée vers l'exploitation du gaz de schiste Protection de l'eau
du Canada?
Nouvelles fournies par
Program on Water Issues, Munk School, University of Toronto14 oct, 2010, 09:25 ET
Un nouveau rapport et une conférence d'experts se penchent sur la nécessité de réglementer
les projets de « fracturation » du secteur gazier
TORONTO, le 14 oct. /CNW/ -Selon dans un nouveau rapport de recherche publié aujourd'hui par l'École Munk des affaires internationales de l'Université de Toronto, une révolution spectaculaire dans la production de gaz de schiste, une ressource non traditionnelle, pourrait assurer temporairement une plus grande sécurité énergétique à l'Amérique du Nord, mais elle pourrait aussi menacer la pérennité des réserves d'eau, de la Colombie-Britannique à la Nouvelle-Écosse.
Le gaz de schiste, extrait par fracturation hydraulique, ou « fracturation », soit l'injection à haute pression de centaines de tonnes de sable, d'eau et de produits chimiques dans des formations rocheuses profondes, représente aujourd'hui 20 % du total du gaz produit aux États-Unis, révèle Ben Parfitt, journaliste primé.
Ce qui est maintenant connu comme la « ruée vers le schiste », avec la multiplication des forages, a aussi provoqué des acquisitions massives de terres, fait reculer le prix du gaz naturel et généré des activités d'exploration sans précédent au Québec, en Ontario, dans les Maritimes et dans l'Ouest du Canada.
Aux États-Unis, alors que les organismes de réglementation fédérale ou d'État ont lancé plusieurs enquêtes sur l'incidence de ces activités sur la qualité et la quantité de l'eau, « ni l'Office national de l'énergie ni Environnement Canada n'ont encore soulevé de questions de fond, que ce soit sur la « ruée vers le schiste » ou sur son impact sur les ressources en eau », fait remarquer M. Parfitt.
En plus d'analyser les divers impacts de la fracturation hydraulique et du forage horizontal sur l'eau, le rapport, intitulé « Fracture Lines: Will Canada's Water Be Protected In the Rush To Develop Shale Gas », souligne un certain nombre de conclusions étonnantes :
- Les plus grandes activités de fracturation au monde ont eu lieu cette année en Colombie-Britannique, mais la province ne réglemente pas l'extraction d'eau de la nappe phréatique et ne délivre pas de permis pour le faire.
- L'intensité énergétique élevée de la production du gaz de schiste du Barnett Shale, dans le centre-nord du Texas, peut générer 33 000 tonnes de CO2 par jour, ou l'équivalent des émissions de deux centrales thermiques au charbon de 750 mégawatts.
- En plus de consommer des quantités équivalentes à des lacs d'eau, les activités de fracturation produisent désormais des milliards de mètres cubes d'eaux usées, créant ainsi un stress additionnel sur les usines municipales de traitement des eaux en Pennsylvanie.
- Dans la plupart des cas, le Canada n'a pas encore dressé la carte des couches aquifères dans les régions aux prises avec la « ruée vers le schiste ». Pourtant, le secteur du gaz de schiste en Colombie-Britannique a le droit d'utiliser deux fois plus d'eau que la quantité consommée par année dans la région du grand Victoria.
Étant donné la vive controverse sur le gaz de schiste, aussi bien au Canada qu'aux États-Unis, le rapport émet 13 recommandations, notamment la cartographie des couches aquifères importantes, la divulgation complète des produits utilisés dans les activités de fracturation et la création de zones interdites pour protéger les réserves d'eau de l'Amérique du Nord.
Selon Adèle Hurley, directrice du Programme sur les enjeux de l'eau, le rapport de M. Parfitt soulève un problème aigu.
« Le secteur du gaz montre un très grand intérêt pour la fracturation hydraulique alors même que les connaissances sur les ressources en eau du Canada montrent des lacunes importantes », conclut-elle.
Renseignements:
Programme sur les enjeux de l'eau
[email protected]416-946-8919
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