François Vaudreuil quitte la présidence de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) après 20 ans
LÉVIS, QC, le 17 juin 2017 /CNW Telbec/ - À la fin du Congrès 2017 de la CSD, François Vaudreuil quittera la présidence après une quarantaine d'années d'action syndicale, dont 20 ans à la tête de la Centrale. « Je quitte la présidence, mais soyez assurés que je reste et que je resterai un militant, toujours prêt à servir et à me battre pour plus de justice et moins d'inégalités sociales », a-t-il lancé aux congressistes lors son dernier discours d'ouverture d'une instance décisionnelle depuis son élection à la présidence de la CSD en 1997.
« Toutes les années passées à la présidence, je n'ai été habité que par une seule ambition, celle de mettre tout en œuvre pour que la CSD soit la meilleure des centrales et des organisations syndicales afin de répondre au mieux aux aspirations et aux besoins de ses membres et de l'ensemble des travailleuses et des travailleurs, ainsi qu'à faire progresser les milieux de travail à l'abri de l'arbitraire, des abus et des iniquités -- afin aussi de convaincre le plus grand nombre possible de femmes et d'hommes d'adhérer à notre projet syndical, de le partager et de le promouvoir », a-t-il affirmé, la voix brisée par l'émotion.
S'adressant aux délégués, il a insisté sur l'action syndicale de base, qui est vitale, et rappelé qu'il est essentiel d'intervenir dans la société, dont la CSD est devenue au fil du temps un acteur significatif. « Au nom de nos valeurs et de nos principes, nous nous devons de rendre le Québec plus inclusif, plus respectueux, plus équitable, davantage à l'écoute de ses citoyens -- surtout les laissés-pour-compte, de ses travailleurs -- surtout ceux qui triment dur pour un salaire de crève-faim, de ses jeunes, de ses femmes, de ses personnes âgées. Nous devons continuer à nous lever, à crier notre colère chaque fois qu'un gouvernement, quel qu'il soit, bafoue nos droits fondamentaux, sabre nos conditions de travail et de vie, réduit nos services publics et nos programmes sociaux, nous impose des mesures fiscales injustes qui désavantagent la majorité des contribuables au profit du 1 % le plus riche. »
Le combat de sa vie: la justice sociale
Aussi loin qu'il se rappelle, François Vaudreuil a toujours été révolté par les inégalités sociales. Natif de Victoriaville, il est confronté dès son plus jeune âge à l'aisance financière du côté maternel et à la pauvreté du côté paternel. « Je n'ai jamais été capable d'accepter cette contradiction, que des personnes que j'aimais, qui avaient été malmenées par la vie, qui avaient dû s'endetter pour payer des frais de médecin parce qu'il n'y avait pas de régime universel d'assurance maladie, se trouvaient dans une pauvreté extrême alors que d'autres vivaient dans la richesse. Ça m'a profondément choqué, révolté et je me suis dit : « il faut que j'en fasse le combat de ma vie« . Ça m'a motivé à me battre pour plus de justice et moins d'inégalités sociales ».
Politiquement conscientisé dès l'adolescence, il s'inscrit en sciences sociales au Cégep de Trois-Rivières. Un choix qui scellera son avenir : il sait déjà qu'il travaillera dans le monde syndical ou dans le monde de la coopération. En même temps qu'il mène des études, il travaille les fins de semaine à la Quincaillerie Pascal de Trois-Rivières. Un syndicat de boutique était implanté dans le magasin mais, en 1973, les salariés décident de joindre les rangs de la CSD.
C'est un choix que François Vaudreuil a alors du mal à comprendre. La nouvelle centrale qui, à l'époque, n'avait que 16 mois d'existence, faisait l'objet d'une campagne agressive de dénigrement de la part de la CSN et d'autres organisations syndicales, à l'effet qu'elle était un syndicat « jaune » et qu'elle avait des accointances avec les employeurs et le Parti libéral.
Mais sa participation en France, en juillet 1974, à un stage de l'Office franco-québécois pour la jeunesse sur la réalité syndicale française le fera changer d'avis. « J'ai passé trois semaines avec une vingtaine de jeunes militantes et militants, membres de syndicats affiliés à la CSD. Ils venaient de tous les secteurs. Je les ai écoutés, j'ai discuté avec eux et j'ai vite compris que toutes les allégations qui étaient colportées étaient sans fondement. J'ai voulu en apprendre davantage sur le projet CSD ».
À l'automne suivant, dans le cadre d'un travail de sociologie, il décide de faire une recherche sur la CSD. Ce qui l'amène à rencontrer Jean-Paul Hétu et Paul-Émile Dalpé, respectivement vice-président et président de la centrale. C'est le coup de foudre. « Je suis littéralement tombé en amour avec le projet syndical CSD. Le souci de démocratiser l'action syndicale, la volonté de développer l'autonomie des femmes et des hommes pour qu'ils puissent s'approprier leur devenir, de les outiller, m'ont accroché. »
Par la suite, il côtoiera dans l'action syndicale d'autres personnes qui seront tout aussi significatives pour son parcours, comme les conseillers syndicaux Jos Caron et Jacques Tardif qui, chacun à leur façon, contribueront à alimenter sa réflexion et à renforcer son adhésion au projet CSD.
Une longue feuille de route
Abandonnant ses études en janvier 1975, il commence à travailler à temps plein à la Quincaillerie Pascal et entame son cheminement syndical en devenant secrétaire, vice-président, puis président pendant six ans de son syndicat, le Syndicat démocratique des salariés de Pascal des Trois-Rivières (C.S.D.), en plus d'agir comme militant à la formation et à l'organisation de nouveaux syndicats affiliés.
Durant cette période, François Vaudreuil connaîtra sa première grève. Le 12 avril 1977, les quelque 80 salariés de la quincaillerie déclenchent une grève qui durera six mois. L'ancienneté constitue le principal point de litige. « Nous nous battions contre l'arbitraire et nous avons gagné. La grève s'est déroulée en accord avec le fonctionnement démocratique du syndicat, sans violence, dans le respect de chacun, c'est une des plus belles expériences que j'ai vécues », confie-t-il.
C'est aussi une première pour un jeune homme d'à peine 17 ans qui a joué un rôle clé dans la gestion quotidienne du conflit : il s'agit de Jean-Claude Dufresne, qui s'est impliqué activement comme assistant-directeur de grève. « Aujourd'hui, il est secrétaire de la CSD et j'en suis le président. C'est très rare de rencontrer des personnes qui passent leur vie active de militant dans la même organisation pendant de si longues années et qui soient liées par une si belle complicité. »
En 1981, poursuivant son engagement, il décroche un poste à la CSD comme conseiller syndical à la négociation, d'abord au bureau de Shawinigan, puis en 1983 à Montréal, une responsabilité qu'il assumera jusqu'en juin 1989. Il remplira également les responsabilités de directeur professionnel du secteur agroalimentaire. « Toutes ces années, j'ai été l'homme le plus heureux au monde. Être conseiller syndical à la CSD, c'est le plus beau métier qui soit. »
En 1989, à l'âge de 34 ans, il devient vice-président de la CSD et en 1997 il accède à la présidence. « Quelle belle vie j'ai eue! Quelle chance inouïe d'avoir, au cours de toutes ces années, côtoyé des militantes et des militants remarquables et des êtres tout aussi exceptionnels au bureau syndical! C'est incroyable comment, ensemble, on a fait avancer des choses -- comment on a changé les milieux de travail, la société, en voulant toujours les rendre plus justes, plus humains. »
Interpellant directement les congressistes, il leur a rappelé que « ce que nous avons bâti ensemble au cours des vingt dernières années, démocratiquement et solidairement, jour après jour, c'est à vous qu'il revient, par la force de votre engagement, de vos convictions, de le faire fructifier dans le respect de ce que les femmes et les hommes qui ont bâti la Centrale nous ont légué. N'oubliez jamais que la CSD sera ce que vous voudrez qu'elle soit ».
SOURCE Centrale des syndicats démocratiques (CSD)
Marilou Gagnon, conseillère syndicale aux communications à la CSD, Cell. : 514-248-6277
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