Il est temps de se concentrer sur une autre question urgente en éducation : le financement des écoles publiques anglophones
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Association des commissions scolaires anglophones du Québec08 mai, 2012, 14:06 ET
MONTRÉAL, le 7 mai 2012 /CNW Telbec/ - Alors que le sujet des droits de scolarité continue de faire la une des journaux et d'être au cœur des préoccupations du gouvernement en ce qui a trait à l'éducation, rares sont ceux qui ont pris connaissance des compressions budgétaires sans précédent imposées aux commissions scolaires pour l'enseignement préscolaire, primaire et secondaire. Bien qu'il n'y ait eu aucun tollé jusqu'ici à cet égard, les choses seront certainement différentes au début de l'année scolaire 2012-2013, alors que les parents vont se rendre compte de l'impact de ces réductions sur leurs enfants dans nos salles de classe. Les neuf commissions scolaires anglophones du Québec, dont les membres sont élus par les communautés qu'ils servent, sont résolument déterminées à protéger les élèves le plus efficacement possible contre les répercussions de plus de 15 millions de dollars de compressions devant être imposées au secteur des écoles publiques anglophones au cours de la prochaine année scolaire. Line Beauchamp, ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, insiste pour minimiser cet impact, mais elle a tout simplement tort.
Le budget global alloué à l'enseignement public anglophone au Québec est de l'ordre de 725 millions de dollars. Environ 85 pour cent de ce montant est consacré aux salaires et aux autres coûts fixes, ce qui signifie que nos commissions scolaires sont astreintes à effectuer ces compressions massives à même les 15 pour cent restant au budget. Cela dit, posons-nous cette question : que couvrent ces dépenses? En grande partie, il s'agit de priorités axées directement sur les élèves, comme les aides-enseignants, l'intensification des programmes de français langue seconde, les programmes d'activités parascolaires, la formation pour l'élaboration des programmes éducatifs et du matériel pédagogique, l'amélioration des technologies de l'information, l'établissement de stratégies d'enseignement et d'intervention préscolaire. Voici un exemple : une commission scolaire anglophone publique peut offrir des programmes d'immersion française ou des programmes bilingues en consacrant des ressources supplémentaires pour des salles de classe. Cependant, ces ressources ne sont pas nécessairement financées par les subventions de base octroyées aux conseils par le Ministère. Nos parents réclament à juste titre plus de programmes de français langue seconde, de la technologie à la fine pointe dans les salles de classe, de même qu'un soutien continu pour la salle de classe inclusive qui distingue si bien l'éducation publique anglophone au Québec. Nos parents désirent les meilleurs services qui soient et leurs enfants les méritent. Le défi que cela représente dans le contexte actuel de compressions budgétaires est énorme.
Soyons clairs : les commissions scolaires n'ont pas de budget dans lequel ils peuvent sabrer des coûts. Nos neuf commissions scolaires dépensent environ six cents pour chaque dollar alloué pour l'administration du système. Le reste va directement dans la salle de classe. Ceci représente un ratio administration-services direct meilleur que dans toute autre institution gouvernementale ou parapublique. Quand le gouvernement insinue que cette nouvelle série de compressions pourra être absorbée par une gestion plus efficace, compressions qui seront renouvelées l'an prochain, comme on l'a annoncé précédemment, il induit tout simplement le contribuable en erreur.
Nos commissions scolaires sont en voie de terminer la planification de la dotation en personnel, de l'achat des matériaux et des coûts d'exploitation des installations de leurs écoles primaires et secondaires, de même que de leurs centres pour adultes pour l'année prochaine. La feuille de répartition de ces services n'a rien de bien réjouissant. En fait, le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport et le reste du gouvernement actuel ont essentiellement décidé de supprimer le peu de souplesse financière dont bénéficiaient nos commissions scolaires, dont la gestion très judicieuse a permis d'offrir les services additionnels et adaptés nécessaires pour donner une éducation en anglais au Québec. Nous avons utilisé cette marge de manœuvre pour fournir des services qui dépassent les exigences de l'enseignement, soit des techniciens de bibliothèque additionnels, des techniciens et préposés en éducation spécialisée, des enseignants-ressources supplémentaires, du financement pour du transport pour les voyages scolaires, et plus encore. Le personnel administratif des conseils a été réduit le plus possible. La priorité de leur travail, indépendamment de leurs mandats spécifiques, est de soutenir les écoles de la commission et sa mission éducative, et non pas de jouer le rôle de gratte-papiers au service de la bureaucratie, contrairement à ce que certains dirigeants politiques et titres de journaux laissent faussement entendre.
Les neuf commissions scolaires anglophones du Québec, élues localement et ayant chacune ses populations, sa géographie et ses missions d'enseignement distinctes, vont travailler de pair avec les parents et les communautés qu'elles servent afin de protéger le mieux possible les services offerts aux élèves dans ce contexte financier et politique difficile. Il est permis de se demander qui voudrait remplir ce rôle si la notion de l'abolition des commissions scolaires élues devenait réalité. Nos parents et les communautés que nous servons ne seront guère enclins à compter sur ce gouvernement - ou sur tout autre dans l'avenir - pour être leur porte-parole au sujet de l'éducation.
Par conséquent, alors que les étudiants des niveaux collégial et universitaire ont attiré toute l'attention des médias et du public depuis près de quatre mois, les membres des commissions scolaires anglophones et leurs collègues francophones continueront d'informer le public et d'échanger avec le gouvernement dans le but de maintenir le financement et la souplesse nécessaires pour offrir une éducation de qualité aux étudiants de niveau postsecondaire de demain.
Si le gouvernement actuel a identifié l'éducation comme étant le moteur du développement économique, ne serait-il pas logique de penser qu'il devrait accorder la priorité au financement de l'enseignement public de façon à maintenir cette économie florissante qui est la nôtre et faire en sorte que les élèves du secondaire et les étudiants dans les centres pour adultes soient préparés à accéder aux écoles de formation professionnelle, aux cégeps, aux universités et, éventuellement, à obtenir un emploi lucratif ici même au Québec? Est-ce la situation actuelle? Est-ce que ce gouvernement considère l'éducation comme étant hautement prioritaire? À vous de juger!
David C. D'Aoust est le président de l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec
Kim Hamilton
Directrice des communications et des projets spéciaux
514-849-5900, poste 225
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