Imperial Tobacco se sert du Conseil du patronat pour promouvoir ses nouveaux produits et fausser le débat
MONTRÉAL, le 8 nov. 2017 /CNW Telbec/ - Malgré les montagnes de preuves exposant des décennies de mensonges, de fraudes, de fausses représentations, de distorsion de la science et de conspiration généralisée contre l'intérêt public qui ont résulté en plusieurs centaines de milliers de décès évitables, et malgré un jugement historique la condamnant à payer 15 milliards de dollars en dommages punitifs et moraux à ses victimes, l'industrie du tabac parviendra une fois de plus à se faire offrir une tribune privilégiée ce jeudi 9 novembre lors d'un dîner-conférence organisé par le Conseil du patronat du Québec.
Tel qu'annoncé dans l'invitation de cet événement, Jorge Araya, président et chef de la direction d'Imperial Tobacco Canada, entend « aborder les défis du changement avec lesquels les entreprises doivent toujours évoluer ». Plus spécifiquement, la tête du plus grand fabricant de tabac au pays parlera de la nouvelle génération de produits du tabac ou de la nicotine, de la contrebande, de l'emballage neutre (« l'expropriation de ses marques par les gouvernements ») et des « incohérences des approches législatives prévues pour la marijuana et pour le tabac ».
Ce genre d'évènement, auquel les médias sont invités, s'insère dans une démarche de relations publiques ayant pour but de:
- rallier la communauté des affaires à la défense des intérêts des fabricants de cigarettes en semant la peur face aux nouvelles mesures antitabac, comme quoi elles s'appliqueront nécessairement à d'autres produits de consommation;
- publiciser de nouveaux produits sans combustion, alors qu'il est interdit d'en faire la promotion par l'entremise de véhicules publicitaires plus conventionnels; et
- propager des énoncés trompeurs dans le monde des affaires de manière à influencer les débats politiques en lien avec la réglementation des produits contenant du tabac, leurs emballages et leur taxation.
« Le tabac tue plusieurs dizaines de milliers de Canadiens chaque année et a un pouvoir addictif comparable à celui de l'héroïne. Malgré cette catastrophe pour la santé publique, le plus grand fabricant de cigarettes a le culot de se plaindre d'être harcelé par des règles pour standardiser ses emballages et interdire l'aromatisation des cigarettes, » commente Flory Doucas, codirectrice et porte-parole de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac.
Cannabis
« Mettre le tabac (qui a tué 37 000 Canadiens en 2002) et le cannabis (qui en a tué 39) sur un même pied d'égalité est malhonnête et trompeur, ne sert qu'à minimiser les dommages causés par le tabac et l'importance de la lutte contre le tabagisme, » précise madame Doucas.
Nouvelle génération de produits (ex : i-glo)
« Les documents de la maison-mère d'Imperial Tobacco montrent que l'objectif premier derrière la nouvelle génération de produits n'est pas la réduction du tabagisme, mais bien la création de nouveaux marchés. Il importe de voir les nouveaux produits de l'industrie du tabac dans un contexte plus large, où l'industrie du tabac ne cherche pas à cannibaliser son propre marché de cigarettes (qui constituent la principale source de ses revenus, soit près de 99%), » explique madame Doucas.
« Le but derrière ces nouveaux produits n'est pas de réduire le nombre de fumeurs mais bien de maximiser les profits -- en encourageant le double usage, en récupérant les fumeurs qui auraient autrement cessé et en attirant des non-fumeurs dans le piège de la dépendance à la nicotine.
« Nous sommes tous pour des alternatives moins dommageables pour les fumeurs qui ne réussissent pas à arrêter afin de réduire les méfaits du tabagisme, mais l'histoire nous démontre que c'est une erreur monumentale que de se fier à l'industrie pour mettre en œuvre une telle stratégie. En somme, il est tout à fait malavisé de croire quoi que ce soit qui émane d'une industrie qui a menti à maintes reprises par le passé quant aux risques associés à ses produits. »
Tribune offerte par le Conseil du patronat
« Pour ce qui est du Conseil du patronat du Québec et de ses membres gouverneurs, il est déplorable qu'ils continuent d'offrir des tribunes prestigieuses aux cigarettiers plutôt que de s'en dissocier. Le CPQ et sa communauté d'affaires se font ainsi les complices des campagnes visant à tromper le public et les décideurs politiques, » ajoute la porte-parole.
Rappelons que l'actuel président-directeur général du Conseil du patronat a été un haut dirigeant chez Imperial Tobacco et British American Tobacco de 2001 à 2009. Yves-Thomas Dorval a quitté le siège montréalais d'Imperial Tobacco en 2008, même année où l'entreprise a plaidé coupable à des chefs d'accusation en lien avec la contrebande. Au moment du dépôt des perquisitions en 2004, monsieur Dorval, alors porte-parole du cigarettier, avait pourtant déclaré aux médias : « Nous n'avons rien à nous reprocher. On va leur donner ce qu'ils veulent, et ils vont voir que nous sommes blancs comme neige.»
Voir les annexes suivantes comportant les contre-arguments aux affirmations d'Imperial Tobacco sur :
A. les comparaisons avec le cannabis
B. la nouvelle génération de produits
C. la contrebande de cigarettes.
Version complète du communiqué qui inclut références, annexes et extraits de documents corporatifs :
http://cqct.qc.ca/Communiques_docs/2017/PRSS_17_11_08_Tribune_CPQ_ImperialTobacco.pdf
SOURCE Coalition québécoise pour le contrôle du tabac
Flory Doucas, 514-598-5533 (bureau); 514-515-6780 (cell.), [email protected]
Partager cet article