MONTRÉAL, le 3 juin 2024 /CNW/ - Le 1er juin dernier est entrée en vigueur la Loi modifiant principalement la Loi sur le ministère de l'Économie et de l'Innovation en matière de recherche (PL44). La Fédération de la recherche et de l'enseignement universitaire du Québec (FREUQ-CSQ) tient à exprimer ses préoccupations et appelle le gouvernement à être à l'écoute des acteurs du secteur universitaire et de la recherche scientifique.
Après que l'annonce du PL44 en eut surpris plus d'un dans le milieu universitaire, l'analyse du projet de loi avait de quoi laisser perplexe. Les modifications proposées dans le projet de loi ne répondent pas aux besoins exprimés par la communauté scientifique et pourraient même compromettre la vitalité de la recherche au Québec. Il est également étonnant de constater que la recherche est sous la responsabilité du ministère de l'Économie, de l'innovation et de l'Énergie (MÉIÉ). « Dans son ensemble, le projet risque de renforcer le contrôle gouvernemental sur la recherche et de fragiliser son indépendance. Ce projet ne propose donc aucune amélioration majeure et est très éloigné des préoccupations des acteurs du milieu de la recherche », souligne Wilfried Supper, vice-président aux communications du Syndicat des professionnelles et professionnels de recherche de l'Université Laval (SPPRUL-CSQ), en charge du dossier.
Auparavant, cette responsabilité incombait au ministère de l'Enseignement supérieur (MES). « Alors que la mission du MES nous apparaît plus à même de mobiliser les activités de recherche scientifique pour le bien commun, nous nous interrogeons sur le signal que ce transfert envoie et sur les motifs sous-jacents », souligne Vincent Beaucher, président de la FREUQ-CSQ.
Parmi les craintes exprimées, la possibilité d'une diminution des fonds alloués à la recherche dans les sciences sociales est particulièrement préoccupante. Si des signes d'intérêt pour l'innovation sociale de la part du gouvernement sont perceptibles, il n'est pas clair que le PL44 n'intervienne pas désavantageusement, à long terme, sur le financement de la recherche du secteur société et culture. « Pourtant, la recherche sociale joue un rôle crucial dans la compréhension des enjeux spécifiques à la société québécoise et mérite d'être soutenue de manière adéquate », ajoute M. Beaucher.
La part de financement de la recherche libre doit également être protégée. La tendance à privilégier la recherche dirigée au détriment de la recherche libre pourrait compromettre l'innovation à long terme dans le domaine scientifique. Par exemple, le PL44 prévoit « une prépondérance du financement des programmes d'aide financière au soutien de la recherche libre ». Cette formulation soulève des questions. « Est-ce qu'en restant prépondérant, le financement de la recherche libre est susceptible de varier progressivement à la baisse? En ce cas, y a-t-il des garanties prévues pour qu'un seuil minimal de prépondérance soit garanti? », s'interroge le vice-président du SPPRUL-CSQ.
La FREUQ-CSQ appelle le gouvernement à garantir un financement proportionnel pérenne et stable à chaque secteur de la recherche. Il est impératif de préserver la diversité et l'excellence de la recherche scientifique au Québec pour assurer le développement socioéconomique et culturel de la province.
Dans le secteur universitaire et de la recherche, la précarité affecte particulièrement les chargés de cours et les professionnels de recherche (PPR).
Dans ce contexte, « il convient de rappeler l'un des éléments essentiels soulevés lors du chantier de l'université québécoise du futur : l'importance d'accroître le nombre de chercheurs au Québec, notamment en valorisant les chargés de cours possédant un doctorat. Ces professionnels, bien que dotés d'une expertise précieuse, demeurent sous-utilisés dans le système actuel », ajoute M. Beaucher.
Bien que trop souvent méconnu, alors qu'ils sont un rouage essentiel de la recherche scientifique au Québec, le quotidien des professionnels de recherche comporte aussi son lot de précarité. « La rémunération des PPR provenant presque exclusivement des subventions allouées aux différents chercheurs, nos emplois sont soumis aux aléas de l'obtention de financement par ces chercheurs, ce qui nous expose à une forte précarité », déplore M. Supper.
Ainsi, la FREUQ-CSQ en appelle à mettre fin à cette précarité et réaffirme son engagement en faveur de la recherche scientifique au Québec. La Fédération enjoint le gouvernement à garantir un avenir prometteur pour la diversité de la recherche et pour son caractère libre et fondamental. L'excellence de notre système de recherche représente un moteur de développement économique, mais aussi social et culturel, pour le Québec.
La FREUQ-CSQ sera toujours là pour surveiller l'évolution de la situation et défendre le personnel universitaire et de la recherche au Québec.
La Fédération de la recherche et de l'enseignement universitaire du Québec (FREUQ-CSQ) représente plus de 3 000 membres, qui exercent les fonctions de chargé de cours, chargé d'enseignement en médecine, professionnel de recherche et responsable de formation pratique à l'université de Sherbrooke et à l'université Laval.
La CSQ représente plus de 225 000 membres, dont environ 125 000 font partie du personnel de l'éducation. La CSQ compte 11 fédérations qui regroupent quelque 240 syndicats affiliés; s'ajoute également l'AREQ, l'association qui représente les retraitées et retraités de la CSQ. La CSQ est également présente dans les secteurs de la santé et des services sociaux, des services éducatifs à la petite enfance, du municipal, des loisirs, de la culture, du communautaire et des communications.
X : CSQ_Centrale
SOURCE Centrale des Syndicats du Québec (CSQ)
Gabriel Danis, Conseiller aux communications et aux relations de presse CSQ, Cellulaire : 514 219-1485, Courriel : [email protected]
Partager cet article