MONTRÉAL, le 29 mars 2012 /CNW Telbec/ - L'Institut du chrysotile a tenu à rendre public un bilan de ses activités.
L'Institut a été créé en 1984 par les gouvernements du Canada et du Québec, les entreprises minières, les travailleurs et leurs syndicats, afin de promouvoir la protection de la santé des travailleurs et l'usage contrôlé et sécuritaire des fibres d'amiante chrysotile.
À l'époque, l'industrie du chrysotile connaissait une forte décroissance aux États-Unis qui était alors le principal débouché de la fibre québécoise. Le monde découvrait les terribles conséquences de l'exposition à des niveaux très élevés de poussière et de fibres. Les recherches se multipliaient pour cerner les contours exacts de la situation, mais on en savait déjà suffisamment pour permettre une avalanche de poursuites judiciaires contre les entreprises. Un mouvement prohibitionniste aux ramifications mondiales, encouragé par une coalition d'avocats, d'activistes et de fabricants de produits substituts (qui étaient souvent, ironiquement, les mêmes qui offraient auparavant des produits d'amiante) se dessinait déjà. Il en résultera quelques années plus tard le bannissement de toutes les formes d'amiante en Europe de l'Ouest et, ultérieurement, dans quelques autres pays développés (Australie, Japon, Chili, etc.).
La mission de l'Institut de l'amiante, renommé par la suite Institut du chrysotile, était de portée internationale. L'Institut a toujours voulu amener le plus grand nombre possible de pays à adopter les règles permettant l'utilisation responsable et sécuritaire du chrysotile en mettant l'accent sur la gouvernance responsable et de bonnes pratiques. Ces principes sont d'ailleurs reconnus par la Convention 162 de l'Organisation internationale du travail (OIT) sur la sécurité dans l'utilisation de l'amiante.
Depuis 1984, de nombreuses activités d'information, de formation et d'échanges constructifs ont eu lieu, dans plus de 60 pays. Travaillant en collaboration avec les autorités compétentes de pays producteurs et utilisateurs de chrysotile, les travailleurs et leurs syndicats ainsi que les représentants industriels, parfois sous l'égide d'organisations internationales telles l'OIT et l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ont pu mettre en place des réglementations et des moyens concrets de protection de la santé des personnes en milieu de travail tels des programmes de ventilation industrielle, de contrôle des poussières à la source et des programmes de formation et d'information en surveillance médicale.
Au cours de son existence, l'Institut s'est révélé un important carrefour permettant de rassembler et de disséminer la connaissance scientifique essentielle à l'utilisation sécuritaire et responsable du chrysotile. Aujourd'hui, même s'il subsiste dans certains pays et dans des usines, en particulier celles de petite taille, des situations compliquées, il est possible au Québec comme dans les pays où la fibre d'ici est exportée, de travailler en sécurité dans les mines et les moulins produisant le chrysotile ainsi que dans les grandes industries qui l'intègrent à divers produits à haute densité.
Il y a lieu de prendre acte d'un clivage dans l'opinion publique mondiale concernant le chrysotile. D'un côté se trouvent les pays industrialisés où une opinion publique majoritaire prône le bannissement mondial de tous les types d'amiante, incluant le chrysotile; ces pays ont les moyens, s'ils le désirent, de se payer des produits substituts qui sont, il faut bien le dire, plus chers et plus énergivores, et créent des emplois dans les pays industrialisés plutôt que dans les pays où ils sont vendus. De l'autre côté se trouvent les pays en voie de développement rapide où la demande pour le chrysotile est en croissance. Dans ces pays, les besoins en infrastructures et en logements abordables sont urgents, les moyens financiers limités et les produits contenant du chrysotile représentent à bien des égards une solution préférable en termes de création d'emplois locaux, d'économie d'énergie, de durabilité et de coût. Il faut prendre garde de leur imposer nos choix, au nom d'une morale adaptée à notre réalité plutôt qu'à la leur.
À la lumière du dossier scientifique accumulé au fil des années, le bannissement signifie pour ces pays une mesure d'autant plus coûteuse et mal adaptée à leur réalité qu'il est très questionnable. Car s'il est un fait aujourd'hui avéré, c'est bien celui-ci : quoique classifié comme cancérigène - au même titre que beaucoup d'autres substances d'usage courant - le chrysotile peut être utilisé de façon contrôlée et responsable, en encapsulant la fibre dans une autre substance tel le ciment, l'asphalte ou certaines résines. Il existe bon nombre d'études à l'appui de cette réalité, dont plusieurs ont été publiées surtout depuis quelques années.
Il est remarquable de constater à quel point les groupes prônant le bannissement refusent de plus en plus de discuter sur le fond les arguments scientifiques pour avoir plutôt recours à une rhétorique moralisante. Il faut déplorer aussi la tendance croissante de certains porte-parole d'organisations de santé, aussi bien canadiennes et québécoises qu'internationales, à déconsidérer la science qui ne leur convient pas, non pas sur la base de la rigueur des études mais sur celle de leur provenance.
Le chrysotile aura été précurseur pour ce qui est des débats de société sur la mise en valeur des richesses naturelles québécoises et canadiennes. Aujourd'hui, l'exploitation des gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent, de l'uranium sur la Côte-Nord, de l'or et du cuivre en Abitibi, du pétrole en Gaspésie et à Anticosti, l'ouverture du vaste Nord québécois à l'exploitation du potentiel minier à la faveur d'une demande mondiale pour ces ressources, soulève débats et passions. Et c'est souhaitable, car comme l'affirme depuis toujours le mouvement syndical dont je proviens, il faut pouvoir gagner sa vie sans sacrifier ni sa santé, ni l'environnement, ni la forte solidarité sociale qui a toujours fait du Québec un endroit où il fait bon vivre.
Il faut bien comprendre qu'au Québec, comme dans tous les pays développés où l'on retrouve de grandes ressources naturelles, l'acceptation sociale est devenue incontournable. Une approche contrôlée, sécuritaire et responsable est exigée pour tout projet de développement, incluant les projets miniers. Nos concitoyens exigent d'être bien informés, d'être consultés, rassurés quant aux effets sociaux des grands projets et convaincus que leur environnement sera protégé. Pour satisfaire à ces exigences légitimes, il est nécessaire et urgent de créer un point de ralliement pour la connaissance scientifique et pour les meilleures pratiques managériales qui soit aussi un lieu de débats d'où émergeront des solutions avantageuses pour la mise en valeur responsable et durable de nos ressources naturelles.
À l'automne 2010, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec a fait connaître à l'Institut du chrysotile son intérêt à se doter d'un lieu d'expertises pouvant répondre à ces questions pour l'ensemble du secteur minier, incluant le chrysotile. L'appui du ministère des Ressources naturelles du Canada à ce projet semble acquis. Il y a lieu de saluer ce projet qui pourrait s'inspirer de l'approche développée par l'Institut du chrysotile pour l'étendre à tout le secteur minier. En bout de piste les générations futures en bénéficieront et pourront foncer avec confiance vers l'avenir.
Source : Institut du chrysotile
Pour renseignements : Clément Godbout 514-877-9797
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