IRIS - Note socioéconomique - Les effets du retard de financement public sur le système de santé et d'éducation postsecondaire en Outaouais continuent de faire avancer la région vers l'arrière !
GATINEAU, QC, le 8 août 2018 /CNW Telbec/ - Les conclusions de la note socioéconomique de l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS) sont claires, la région de l'Outaouais bénéficie de moins de financement que les autres régions administratives comparables au Québec. En effet, les dépenses québécoises par habitant en santé et en services sociaux ainsi qu'en éducation postsecondaire y sont plus faibles. Équité Outaouais désire sensibiliser la population de notre région au sous-financement dans le but d'obtenir un rehaussement de la quantité et de la qualité des services de santé, d'éducation et de justice sociale en Outaouais. Une augmentation des dépenses de l'État dans ces secteurs permettrait à l'Outaouais d'améliorer les services disponibles aux citoyen·ne·s tout en favorisant l'activité économique selon les données recueillies par l'IRIS.
La santé
L'Outaouais a un sous-financement important en santé. La note socioéconomique de l'IRIS confirme que pour l'ensemble des dépenses par programme en 2015-2016, incluant les organismes communautaires, les habitant·e·s de l'Outaouais reçoivent moins de financement que ceux et celles des régions économiques comparables, soit 1 938 $ par habitant comparativement à 2 569 $ en Outaouais en regard de la moyenne québécoise. Les programmes qui sont les plus affectés sont la « gestion la santé physique » qui représente 73 % de la moyenne québécoise, la santé mentale (76%), la perte d'autonomie (75%), les dépenses administratives (69 %) et la rénovation des bâtiments (68 %).
L'Outaouais représente 4,7 % de la population du Québec, mais ne reçoit que 3.5% du financement total des dépenses du gouvernement pour les programmes en santé et les organismes communautaires soit un manque à gagner de 250 M$ annuellement. « C'est une perte énorme pour la région », ajoute M Aubé.
Toujours selon l'IRIS, il nous manque 185 lits de courtes durées, soit l'équivalent d'un hôpital et 466 lits de soins de longue durée qui explique la congestion actuelle dans nos hôpitaux. De plus, la région connaît une pénurie de personnel avec un besoin de 202 médecins spécialistes et 1050 infirmier-ères. « Nous sommes défavorisés en infrastructure avec des hôpitaux âgés, avec un manque d'équipement et de lits. Il nous manque cruellement de personnel », continue M. Aubé.
L'IRIS a également souligné le transfert important de fonds de la RAMQ vers l'Ontario soit un montant de plus de 100 M$ annuellement pour rembourser les différents traitements des patients. Depuis 10 ans, c'est en moyenne 139 283 patients par années qui sont traités en Ontario. « Il faut faire un effort de rapatriement significatif, car ces dépenses pourraient participer à soutenir les services en Outaouais », termine M. Aubé.
L'éducation
« Du côté de l'éducation, la situation est aussi difficile », renchérit Mme Suzanne Tremblay, porte-parole en éducation. L'étude de l'IRIS confirme qu'il y a un manque marqué d'offre de formations au niveau des études postsecondaires tant au des études professionnelles, collégiales et universitaires ce qui a un impact important sur le nombre d'étudiant·e·s de notre région. Au niveau des études professionnelles, l'Outaouais compte 8,4 étudiants·e·s aux études professionnelles pour 1000 habitants alors que la moyenne pour le Saguenay Lac-Saint-Jean, l'Estrie et la Maurice est de 14,5. Pour atteindre cette moyenne, il faudrait ajouter 2 366 étudiant·e·s de plus au DEP dans la région. La situation est similaire pour les étudiant·e·s aux diplômes d'études collégiale (DEC). L'Outaouais compte 16,1 étudiants au collégial pour chaque millier d'habitant·e·s. Ce ratio est de 25,4 pour le Saguenay Lac-Saint-Jean, 19 pour la Maurice et 21,1 pour l'Estrie. Une fois de plus l'écart est assez significatif. Ainsi, pour égaler la moyenne des effectifs étudiants de ces trois régions, il faudrait que l'Outaouais augmente son nombre d'étudiant·e·s au collégial de 5,7 par milliers d'habitants ce qui impliquerait un ajout de 2 221 étudiant·e·s. Au niveau universitaire, l'étude confirme que l'offre de programmes est inférieure en Outaouais et que cette situation affecte aussi l'effectif universitaire. L'Outaouais compte 8,6 étudiant·e·s universitaires par milliers d'habitant·e·s alors que la moyenne pour le Saguenay Lac-Saint-Jean et la Maurice est de 27,6. Il faudrait 7 400 étudiant·e·s de plus annuellement pour que la situation de notre région soit comparable.
« C'est énorme. Notre région ne peut plus se permettre de perdre sa jeunesse de cette façon. Ce sont nos enfants qui partent » ajoute Mme Tremblay.
L'étude mentionne que le manque de financement et d'offre des établissements postsecondaires en Outaouais participe à une désertion d'étudiant·e·s et de fonds de l'Outaouais vers l'Ontario ce qui affecte économiquement la région. De plus, 25% des formations en Ontario ne sont pas reconnues par le Québec. « Ceci entraîne une perte de travailleuses et travailleurs qualifiés sur le territoire du Québec et il faut investir davantage dans notre région pour garder cette expertise », termine Mme Tremblay.
La justice sociale
« Au niveau de la justice sociale, il y a aussi des difficultés importantes », souligne M. Gaétan Ouellet, président d'Action Santé Outaouais, porte-parole pour les groupes communautaires. Alors que la perception est que l'Outaouais est une région riche, les chiffres de l'IRIS démontrent que pour le produit intérieur brut par habitant, nous sommes en avant-dernière place sur les 17 régions administratives du Québec, à 31 600 $, la moyenne du Québec étant de 42 500$. L'IRIS ajoute également que nous avons sur notre territoire une cassure importante entre les mieux nantis et les plus pauvres. La MRC des Collines a l'un des revenus des plus élevés au Québec, alors que les MRC du Pontiac et de la Vallée-de-la-Gatineau font partie des 10 MRC aux revenus les moins élevés. La proximité d'Ottawa avec ses logements très dispendieux crée une distorsion du marché et cela tire vers le haut le prix des loyers. « Donc, cette situation amène plus de pauvreté et de difficulté à se loger et cela a une incidence directe sur l'itinérance », mentionne M. Ouellet.
L'étude démontre que le soutien financier des organismes communautaires de la région est en deçà des régions comparables au Québec. Le soutien communautaire en $ par habitat est de 118,96 alors qu'il est de 138,14 pour la Maurice et le centre du Québec. Une différence de 20 $ par habitant·e·s ce qui représente un manque de financement de plus de 7 M$ pour la région qui compte une population de 389 000 personnes. « Cela reflète un sous-financement et une difficulté grandissante du monde communautaire à accomplir sa mission de justice sociale et d'accompagnement des plus démunis », termine M. Ouellet.
Conclusion
Depuis 15 ans, l'Outaouais a augmenté sa population de plus de 20%. Mais les investissements dans le secteur de la santé, de l'éducation et des groupes communautaires ne suivent pas. Il y a un écart grandissant qui se dessine entre notre financement régional et celui des autres régions comparables. Il faut corriger le tir, car l'Outaouais a absolument besoin d'investissements publics structurants et de ressources supplémentaires pour offrir à sa population des services de qualité. La région ne peut plus attendre. Il y a une urgence pour une plus grande équité interrégionale.
En santé, si les 107 M$ remboursés annuellement par la RAMQ pour traiter des patients en Ontario avaient été dépensés en Outaouais, ils auraient générés une hausse de 1 650 emplois et mèneraient à une valeur ajoutée de 101,5 M$ annuellement au PIB en plus de rapporter 18,7 M$ en revenus d'impôts et de taxation dans les coffres de l'état. En éducation, l'offre de programmes postsecondaires devrait permettre l'insertion de 12 000 étudiant·e·s supplémentaires. Cela impliquerait que le gouvernement dépense 141 M$ dans le système annuellement en Outaouais. Avec cet investissement, la région verrait son nombre d'emplois augmenter de 2 153 et ces dépenses récurrentes créeraient une valeur ajoutée de 227 M$ en plus de générer 35 M$ en revenus d'impôts et de taxation dans les coffres de l'état.
On peut donc conclure que la population gagnerait à la fois en accessibilité de services, mais aussi économiquement à effectuer un rattrapage du financement en santé et en éducation postsecondaire, d'autant plus si l'on considère que sa population est grandissante.
Équité Outaouais est une coalition non partisane constituée de personnes citoyennes et d'organismes communautaires.
SOURCE CCSNO-CSN
Gilles Aubé, médecin de famille, 819-930-1451 ou [email protected]; Suzanne Tremblay, Présidente du Syndicat de l'enseignement de l'Outaouais, 819-921-0454 ou [email protected]; Gaétan Ouellet, membre de Action Santé Outaouais, 819-770-5749 ou [email protected]
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