Journal ne veut pas dire journalisme
MONTRÉAL, le 29 oct. 2018 /CNW Telbec/ - Le Conseil de presse du Québec a publié sept nouvelles décisions relativement à des plaintes qu'on lui avait soumises. Il en a rejeté cinq, en a retenu une, et a jugé une plainte irrecevable.
D2017-11-141 : Un journal n'est pas nécessairement un média d'information
Bien que le mot « Journal » figure dans le titre du mensuel Le Journal Altitude 1350, qui prend par ailleurs l'apparence de bien des journaux locaux, le Conseil a déterminé qu'il ne s'agissait pas d'un média d'information, mais d'une publication de nature non journalistique. Étant donné que le Guide de déontologie journalistique du Conseil de presse du Québec ne s'applique qu'aux journalistes et aux médias d'information, le Conseil a jugé que la plainte, qui visait l'éditrice de cette publication, n'était pas recevable. À l'analyse des éditions visées par le plaignant, le Conseil a constaté qu'aucun des textes de cette publication n'était signé par un journaliste. Le Conseil a observé que ce mensuel regroupait plutôt un ensemble de textes à saveur promotionnelle, des comptes-rendus d'activités écrits par les organisateurs de ces mêmes activités, des communiqués de presse ou encore des contributions du public offrant des témoignages personnels. Cette décision est l'occasion de rappeler au public de faire preuve de prudence avant de tenir pour acquis que l'information qu'il consulte a fait l'objet d'un traitement journalistique.
D2018-05-059 : Des propos de Jeff Fillion qui ont heurté des plaignants étaient dans les limites du journalisme d'opinion
Le Conseil de presse a rejeté les plaintes concernant les propos tenus par l'animateur Jeff Fillion lors de son émission de radio durant laquelle il a fait des suggestions pour contenir les manifestants qui seraient portés à faire du « grabuge » lors du sommet du G7. Les plaignants considéraient que l'animateur avait incité à la haine et à la violence lorsqu'il a affirmé : « On vous donne la chance de manifester pacifiquement. La minute que quelqu'un fait du grabuge, il a une balle entre les deux yeux. Il n'y en aura plus de grabuge. » Après écoute de l'émission, le Conseil a estimé qu'il fallait placer les propos de M. Fillion dans leur contexte et prendre en compte le fait qu'il nuançait ensuite ses paroles, en ajoutant : « On exagère, mais faut montrer de la pogne. C'est ça que je veux dire ». Même s'il a utilisé une image violente, on ne saurait y voir un appel à la haine et à la violence du public envers les manifestants, puisque l'animateur donnait son opinion sur la manière dont les autorités devraient réagir face aux personnes qui causeraient du « grabuge ».
Lors de cette réunion, le Conseil a également rendu cinq autres décisions disponibles en cliquant sur les liens ci-dessous.
D2017-08-099 : Francine Charon et Bernard Aubert c. Éric Duhaime, l'émission « Duhaime le midi » et FM93, Cogeco Média
La plainte visait une tribune téléphonique portant sur l'arrivée au Québec de migrants haïtiens en provenance des États-Unis. Durant cette émission, l'animateur a utilisé le terme « immigrants illégaux » pour désigner ceux qui franchissaient la frontière canado-américaine de façon irrégulière. Après analyse, la majorité des membres (5/8) a jugé qu'un nombre suffisant d'expertises permettait d'établir que ceux qui traversent la frontière de façon irrégulière afin de demander l'asile ne sont pas en situation d'illégalité. Les membres majoritaires ont cependant estimé que cette inexactitude était mineure considérant la confusion entourant l'utilisation de ce terme à l'époque. Par ailleurs, le Conseil a rejeté les griefs de propos racistes et discriminatoires qui tendent à attiser la haine et le mépris et à entretenir les préjugés et l'absence de modération. Aucun blâme n'a donc été donné aux mis en cause.
D2017-03-040 : Mireille Goyer, présidente et fondatrice de l'Institut des femmes de l'air du monde c. Saroja Coelho, Elysha Enos, Peter Johnson, les sites web cbc.ca et ici.radio-canada.ca
Cette plainte visait des articles rapportant le fait qu'une présumée sympathisante nazie, qui fut la première femme pilote d'hélicoptère, soit mise à l'honneur lors de la Semaine mondiale des femmes de l'air. Le Conseil a rejeté les griefs d'inexactitudes, d'informations incomplètes, de partialité, de sensationnalisme et de refus de publier un rectificatif.
D2017-04-064 : Sunny Létourneau c. Marc-Antoine Lavoie et ICI Radio-Canada Première - Québec
Le Conseil a rejeté les griefs d'informations inexactes et d'atteinte au droit à la vie privée visant un reportage faisant état des démarches d'un groupe de citoyens opposés à l'implantation d'un cimetière musulman à Saint-Apollinaire.
D2017-09-108 : Priscilla Franken, ex-directrice de contenu multiplateforme, magazine Conseiller, c. Ulysse Bergeron, les émissions « RDI Économie », « Le Téléjournal de 22h », « L'heure du monde » et Radio-Canada
Les reportages mis en cause traitaient d'une poursuite contre une compagnie d'assurance qui n'aurait pas surveillé le travail de l'un de ses représentants, Jacques-André Thibault, qui avait été condamné par la cour supérieure et radié pendant 11 ans par les autorités financières. Les griefs de plagiat, d'absence d'identification d'une source, d'informations inexactes et de refus de publier un rectificatif ont été rejetés.
D2017-10-118 : Louis-Philippe Noël et Valentin Leduc c. Sophie Langlois, l'émission « Le Téléjournal » et ICI Radio-Canada Télé
Les plaignants déploraient de l'information inexacte, de la partialité et un manque d'équilibre dans un reportage portant sur le débat entourant la tenue d'une commission sur le racisme systémique. Les trois griefs ont été rejetés.
À propos
Le Conseil de presse du Québec est un organisme privé, à but non lucratif, qui œuvre depuis plus de 40 ans à la protection de la liberté de la presse et à la défense du droit du public à une information de qualité. Son action s'étend à tous les médias d'information distribués ou diffusés au Québec, qu'ils soient membres ou non du Conseil, qu'ils appartiennent à la presse écrite ou électronique. Le Conseil agit comme tribunal d'honneur de la presse québécoise. En aucune façon, le Conseil ne peut être assimilé à un tribunal civil, il ne possède aucun pouvoir judiciaire, réglementaire, législatif ou coercitif ; il n'impose aucune autre sanction que morale.
SOURCE CONSEIL DE PRESSE DU QUEBEC
SOURCE : Geneviève Fortin, Conseil de presse du Québec, Tél. : (514) 529-2818; RENSEIGNEMENTS : Florence Reinson, Conseil de presse du Québec, Tél. : (514) 529-2818
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