Journée internationale des sages-femmes - Le droit de choisir
MONTRÉAL, le 5 mai /CNW Telbec/ - En cette Journée internationale des sages-femmes, la Coalition pour la pratique sage-femme exige que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) mette en œuvre les moyens nécessaires pour que soit garanti aux Québécoises l'accès aux différents lieux de naissance - maison de naissance, domicile ou hôpital - et l'accès aux sages-femmes pour toutes les femmes qui le désirent.
En ce moment, 98 % des femmes au Québec n'ont d'autres options que d'accoucher à l'hôpital et d'être suivies par un médecin, le plus souvent un spécialiste. "Or, les mères et les bébés tirent des bénéfices reconnus des services de sage-femme. Pourquoi les priver de ce choix ? Et pourquoi toutes les femmes en bonne santé devraient-elles absolument accoucher en milieu hospitalier ?", se demande Mirabelle Lavoie, porte-parole de la coalition.
Le choix qui a la faveur de plus en plus de femmes
La pétition électronique Le droit de choisir a recueilli, en à peine trois semaines, près de 6000 milles signatures, tandis que 16 000 exemplaires d'une carte sous forme de pétition circulent aux quatre coins du Québec et dont leur signature va bon train.
De même, un récent sondage CROP, commandé par la CSN, démontre que de plus en plus de femmes veulent avoir accès à une variété de services, et ce malgré l'absence de promotion des services sage-femme. En 2005, un sondage SOM réalisé pour le MSSS nous indiquait que 24 % des femmes souhaitaient accoucher en maison de naissance ou à domicile. Ce taux est passé à 26 % en 2010. Cette enquête illustre bien le besoin croissant des femmes d'avoir accès aux services de sage-femme. De plus, 11 % des femmes aspirent à être suivies par une sage-femme lors de leur grossesse comparativement à 9 % en 2005. Il y a toujours 12 % d'entre elles qui souhaitent accoucher avec une sage-femme. Pour le suivi postnatal, 15 % désirent qu'il soit effectué par une sage-femme en 2010 contre 13 % en 2005. Ce dernier sondage a été réalisé auprès de femmes âgées entre 18 et 45 ans ayant un ou des enfants ou n'étant pas fermées à l'idée d'en avoir. Il a été effectué par panel Web, sur le territoire du Québec, entre le 15 et le 27 avril avec 901 entrevues.
De plus, la politique de périnatalité (2008-2018) préconise "une approche axée sur la normalité" et une diminution des interventions. C'est exactement ce que veulent les femmes qui demandent d'avoir accès aux sages-femmes et tiennent à accoucher chez elles ou en maison de naissance. "Que le ministre de la Santé les écoute et les respecte, car ce choix est cohérent et il leur appartient", d'ajouter Mirabelle Lavoie.
Pas de services de sage-femme, pas de choix
Aux quatre coins du Québec - Montérégie, Lanaudière, Saguenay-Lac-Saint-Jean, Gaspésie, Montréal, Laval, Kamouraska, Victoriaville, Sept-Îles, Beauce, Hautes-Laurentides - de nombreux groupes citoyens revendiquent depuis des années des maisons de naissance.
Les sages-femmes proposent aux femmes des soins de maternité complets et le choix du lieu de naissance. " Nous sommes d'ailleurs les seules professionnelles de la santé au Québec à offrir ce choix. Actuellement, pour répondre aux besoins exprimés, il faudrait quatre fois plus de sages-femmes et au moins 36 maisons de naissance", de déclarer Claudia Faille, présidente du Regroupement Les sages-femmes du Québec (RSFQ).
Alors que l'objectif de maintenir les trois lieux de naissance accessibles aux femmes a été clairement établi par le MSSS, il y a plus de 10 ans, une résistance à assurer ce choix persiste dans plusieurs sphères régionales et ministérielles, mais aussi dans certains centres hospitaliers. "On ne peut assurer dans les faits ce droit fondamental de choisir si sur le terrain les services ne sont pas disponibles", d'affirmer Claudia Faille.
L'errance du MSSS
Le MSSS a pris des années pour produire une politique de périnatalité. Elle s'appuie sur une vision de l'accouchement normal et des soins postnataux à domicile afin de soutenir la confiance des femmes en leur capacité d'accoucher et celle des parents à accueillir cet enfant. Les moyens envisagés misent sur le renforcement et le développement des services de maternité de base (la première ligne), incluant l'ouverture de 13 maisons de naissance.
Or, récemment, malgré ses préoccupations financières, le ministre de la Santé a choisi d'annoncer l'attribution de dizaines de millions de dollars par année pour des services surspécialisés en obstétrique. Pendant ce temps, des centaines de femmes enceintes n'ont même pas accès à un suivi de grossesse, et les mouvements citoyens qui réclament des sages-femmes se sentent ignorés. Il s'agit là d'une incohérence flagrante qui inquiète la coalition.
"Rien ne peut expliquer une telle errance au MSSS, s'étonne Mirabelle Lavoie. Compromettre l'accès aux sages-femmes et aux maisons de naissance revient à refuser d'investir concrètement en prévention et dans des services de base en santé maternelle et infantile. Pour la coalition, comme pour les droits des femmes, c'est un recul incompréhensible et inacceptable."
Une mobilisation nationale
Aujourd'hui 5 mai, Journée internationale des sages-femmes, dans toutes les régions, des citoyennes se sont mobilisées et mènent diverses actions pour affirmer leur droit à un choix légitime qui respecte leurs besoins.
La coalition, qui représente des centaines de milliers de femmes, demandera de rencontrer le ministre de la Santé et des Services sociaux. La pétition Le droit de choisir lui sera remise et la Coalition espère de sa part un engagement public et immédiat pour l'accès aux différents lieux de naissance et aux services de sages-femmes.
Dans les prochaines semaines et les prochains mois, tous les député-es seront contactés afin qu'ils questionnent le ministre sur les vraies raisons associées au manque de ressources attribuées pour l'accès aux sages-femmes et aux maisons de naissance. Dans un contexte de surcharge hospitalière et de manque criant d'accès à des services de base pour les femmes enceintes, un gouvernement responsable du bien-être de sa population se doit de lui assurer l'accès aux soins et au soutien appropriés.
Rappelons que dans la Politique de périnatalité 2008-2018 quelques 13 nouvelles maisons de naissance sont prévues et 10 % des femmes doivent avoir accès aux services de sages-femmes d'ici 2018. "Si le MSSS fait marche arrière, il nous rencontrera sur son chemin", de conclure Mirabelle Lavoie.
La Coalition pour la pratique sage-femme
La Coalition pour la pratique sage-femme est composée de 14 groupes :
Afeas (Association féminine d'éducation et d'action sociale) Association pour la santé publique du Québec (ASPQ) Cercle des fermières Confédération des syndicats nationaux (CSN) Fédération des femmes du Québec (FFQ) Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN) Fédération québécoise des organismes communautaires famille (FQOCF) Groupe MAMAN, Mouvement pour l'autonomie dans la maternité et pour l'accouchement naturel L'R des centres de femmes du Québec Regroupement Les sages-femmes du Québec (RSFQ) Regroupement Naissance-Renaissance (RNR) Réseau des Centres de ressources périnatales du Québec (Réseau des CRP) Réseau québécois d'action pour la santé des femmes (RQASF) Seréna Québec
Renseignements: Jacqueline Rodrigue, Service des communications de la CSN, Cellulaire: (514) 773-0060, bureau: (514) 598-2139; Source: Coalition pour la pratique sage-femme
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