L'Alliance for Safe Biologic Medicines, devant l'érosion progressive du choix des médecins et des patients en matière de traitement, soulève des inquiétudes à l'égard des patients alors que la Colombie-Britannique élargit sa politique de substitution forcée de produits biologiques English
VANCOUVER, Colombie-Britannique, 11 septembre 2019 /CNW/ - Le 5 septembre, le gouvernement de la Colombie-Britannique (C.-B.) a annoncé qu'il ferait adopter obligatoirement par 1 700 patients atteints d'une maladie intestinale inflammatoire (MII) des alternatives du traitement, le choix du gouvernement de produits « biosimilaires », à la place de leur médicament biologique actuel, et qu'il mettrait fin au remboursement de ce dernier. Cette annonce fait suite au mandat du 27 mai, selon lequel 20 700 patients souffrant d'arthrite, de psoriasis et de diabète se verraient contraindre d'adopter, à la place de leurs médicaments actuels, le choix de produits biosimilaires préférés du gouvernement. Cette politique de substitution forcée, censée être un compromis en contrepartie duquel le gouvernement s'engagera en faveur du remboursement des nouveaux médicaments innovateurs, a été mise en avant bien qu'aucun nouveau médicament pour les MII n'ait été ajouté à la nomenclature publique de la Colombie-Britannique. Selon l'Alliance for Safe Biologic Medicines (ASBM), cette politique ne tient pas compte des considérations scientifiques importantes à l'égard des patients qui prennent des médicaments biologiques et, ce qui est encore plus alarmant, élimine le choix du patient.
L'ASBM, une coalition mondiale de médecins et de défenseurs des droits des patients, dont 14 organisations canadiennes et plus de 50 groupes européens de défense des patients, travaille ces dernières années avec les organismes porte-parole canadiens, et ce, en étroite collaboration, pour faire valoir les perspectives des médecins et des patients auprès des décideurs.
Les produits biologiques sont fabriqués à partir de cellules vivantes et, par conséquent, peuvent susciter des réactions immunitaires indésirables. Pour cette raison, le passage d'un produit à un autre est largement considéré comme une décision qui incombe au médecin traitant en consultation avec le patient. Les biosimilaires sont très semblables, mais pas identiques, aux médicaments d'origine si bien que leur remplacement forcé est un phénomène rare dans les pays avancés et même interdit dans la plupart des pays de l'Europe et aux États-Unis.
Michael Reilly, directeur général de l'ASBM, l'explique : « La compétitivité des biosimilaires et le recours à ceux-ci peuvent être un moyen efficace de réduire les dépenses de santé, mais les économies potentielles ne doivent pas, et ne devraient pas, l'emporter sur le contrôle du patient et du médecin en matière de décisions thérapeutiques. Les pays européens, par exemple, bénéficient de marchés biosimilaires solides et de taux d'adoption plus élevés, mais la grande majorité d'entre eux laissent au médecin traitant, en consultation avec le patient, le choix du médicament biologique à utiliser. Le passage d'un médicament d'origine à un biosimilaire ou d'un biosimilaire à l'autre, constitue une décision clinique que le médecin traitant est le mieux placé à prendre. »
Le ministre de la Santé de la C.-B., Adrian Dix, vantant les taux d'adoption de biosimilaires plus élevés en Europe, les a cités aussi pour justifier la politique de substitution forcée, mais il laisse de côté un fait important, à savoir que l'Europe a presque universellement rejeté la substitution forcée comme mécanisme de contrôle des coûts. Reilly est catégorique : « Aucun pays d'Europe n'a cessé de rembourser les produits biologiques d'origine, et ce, par un décret gouvernemental comme celui de la Colombie-Britannique, et très peu de pays recourent à un processus d'approvisionnement qui remboursera un seul produit ayant remporté l'appel d'offres. » Reilly invite les parties intéressées à consulter une fiche d'information (fact sheet), élaborée par l'ASBM, qui compare la politique de la C.-B. à celle de l'Europe et dissipe les idées fausses.
L'ASBM a mené à deux reprises des enquêtes à grande échelle auprès de médecins européens sur des questions de politique touchant aux biosimilaires. En 2013, l'ASBM a interrogé 479 prescripteurs dans 5 pays et en a communiqué les résultats à plusieurs ministères de la Santé, à la Commission européenne et à l'Organisation mondiale de la santé, au moment où ces organismes de réglementation élaboraient des politiques sur les biosimilaires. Les résultats d'une enquête menée en 2019 auprès de 575 médecins de six pays seront publiés cet automne.
Reilly, soulignant le contraste frappant entre la politique de substitution forcée de la Colombie-Britanniques, une politique toute à fait particulière, et les politiques sur les biosimilaires en Europe occidentale, lesquelles sont fondées sur les principes de l'éducation, de la concurrence et de l'autonomie des médecins, observe :
« Presque tous les pays d'Europe occidentale laissent aux médecins le soin de choisir entre plusieurs produits concurrents, tout en encourageant la prescription volontaire de biosimilaires. Il n'y a qu'au Danemark et dans quelques pays d'Europe de l'Est, comme nous l'avons constaté, que les politiques de substitution forcée en faveur de biosimilaire ont supprimé le choix du médecin et du patient et qu'un seul produit est remboursé. Les patients canadiens méritent des soins de santé de premier ordre, mais cette politique les entraîne dans la direction opposée, et nous exhortons respectueusement le gouvernement de la Colombie-Britannique à reconsidérer sa position. »
D'autres organisations de défense des droits des patients ont fait l'écho à ces préoccupations. La Société gastro-intestinale, qui représente les 250 000 Canadiens atteints d'une MII, a publié une déclaration appuyant le contrôle des décisions de traitement par les médecins et les patients : « Bien que le coût constitue un facteur important pour la durabilité de tout système de santé, lorsqu'il s'agit du choix du traitement, les politiques de remboursement doivent reconnaître et respecter le droit du médecin et du patient, celui de prescrire des médicaments sur la base des preuves cliniques et de choisir le traitement qui lui convient le mieux. » La déclaration, soulignant également la conviction de l'organisation, précise « qu'il incombe aux payeurs (régime public ou privé) de négocier avec les fabricants de produits biologiques novateurs et leurs biosimilaires afin de protéger les options en matière de soins aux patients. »
Selon la Better Pharmacare Coalition, un groupe composé de 28 organisations porte-parole et organismes de bienfaisance, « la Colombie-Britannique est l'une des seules provinces au Canada à payer le prix courant [le prix avant l'application des rabais et remises négociés] pour Remicade®, puisque la convention de prix de vente négociée a pris fin et que BC PharmaCare refuse de négocier avec le fabricant un tarif réduit. »
Crohn et Colite Canada, qui a récemment mené des enquêtes pancanadiennes auprès de patients et de soignants, de gastroentérologues et d'infirmières et infirmiers spécialisés dans les soins des MII, a également publié une déclaration faisant état de ses préoccupations à l'égard de la politique adoptée par la Colombie-Britannique. « Crohn et Colite Canada est un organisme axé sur la recherche. Nous avons pris le temps d'examiner avec soin notre position sur les biosimilaires et, en particulier, sur la politique de substitution connexe autre que pour des raisons médicales, afin de représenter nos patients de façon réfléchie et responsable », déclare Mina Mawani, présidente et chef de la direction de Crohn et Colite Canada. « Notre position selon laquelle une politique de substitution autre que pour raisons médicales n'est pas dans le meilleur intérêt des patients est basée sur ce que nous avons appris ces derniers mois. »
Les médecins canadiens interrogés ont également exprimé de vives inquiétudes. Selon un sondage réalisé en 2017 auprès de 403 prescripteurs de produits biologiques canadiens, 64 % d'entre eux ont des réticences à l'égard du fait qu'un tiers change le médicament biologique d'un patient pour des raisons non médicales (par exemple, le coût). De plus, 83 % considèrent qu'il est « très important » ou « critique » que les médecins prescripteurs décident du produit biologique le mieux adapté à leurs patients.
« Les médecins devraient pouvoir prescrire des biosimilaires ou tout autre produit biologique sûr et efficace. Ce qui est en jeu ici, c'est de savoir qui doit prendre cette décision », a repris Reilly. « Le décideur va-t-il rester le médecin et le patient, comme en Europe, aux États-Unis et dans les pays les plus avancés, ou le gouvernement va-t-il restreindre le choix et obliger les patients stables à se tourner vers un produit du jour préféré du gouvernement, qu'il s'agisse d'un médicament d'origine ou d'un biosimilaire? »
Renseignements aux médias : [email protected]
SOURCE Alliance for Safe Biologic Medicines
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