L'équité, un principe fondamental du journalisme
MONTRÉAL, le 1er févr. 2022 /CNW Telbec/ - Le Conseil de presse du Québec a publié six nouvelles décisions relatives à des plaintes qu'on lui avait soumises. Il a retenu deux plaintes en tout ou en partie et en a rejeté quatre.
D2020-09-120 : Matthieu Willems c. Patrick Lagacé, chroniqueur, et La Presse
Le Conseil a estimé que le chroniqueur Patrick Lagacé avait manqué d'équité envers un lecteur dans une chronique du 5 septembre 2020 intitulée « Parlons de la classe en ligne asynchrone ». M. Lagacé avait reçu plusieurs messages à la suite de la publication d'une autre chronique, mais n'a pas traité ses lecteurs de façon équitable. Le principe déontologique d'équité ne signifie pas qu'un journaliste d'opinion ne peut pas critiquer des personnes, même durement. Il doit cependant le faire de façon juste et équitable.
D2020-07-092 : Alexandre Popovic c. Le Journal de Montréal
Le Conseil rejette une plainte visant un titre du Journal de Montréal au sujet de l'utilisation du mot « bum ». À la suite de la parution de l'article « La triste fin d'un jeune bum » dans l'édition du 28 juin 2020 du Journal de Montréal, M. Popovic a déposé une plainte auprès du Conseil pour titre partial, non-respect de la dignité et absence de correctif. Bien que le Conseil soit sensible aux arguments du plaignant, il rejette la plainte. La liberté éditoriale en matière de ton et de style est primordiale et le terme « bum », même s'il est familier, peut référer à « voyou » ou « délinquant » ce qui peut refléter les antécédents judiciaires de la personne qui était au cœur de l'article.
D2020-09-128 : Isabelle Bérubé c. Frédéric Khalkhal, journaliste et Les Versants du Mont-Bruno
Dans le dossier de plainte d'Isabelle Bérubé relatif à quatre articles de Frédéric Khalkhal publiés le 5 août et le 2 septembre, le Conseil de presse du Québec rejette les griefs de manque d'équilibre, de partialité, de titre sensationnaliste et de manque de fiabilité des informations transmises par une source. Les articles rapportent un événement controversé de 2020 ayant eu lieu au conseil municipal de Saint-Bruno-de-Montarville au sujet du lieu de construction d'un complexe sportif et où deux camps, dont l'un était composé de Mme Bérubé, favorisaient des options différentes. Le Conseil retient deux sous-griefs d'informations inexactes, mais n'adresse aucun blâme aux mis en cause, car il estime que les manquements étaient mineurs et que le média a apporté les correctifs nécessaires.
D2020-10-142 : Fabrice Vil c. Isabelle Maréchal, animatrice, l'émission « Isabelle », la station 98,5 FM et Cogeco
Le Conseil rejette une plainte de Fabrice Vil déposée en octobre 2020 à la suite de propos d'Isabelle Maréchal dans le cadre de son émission sur les ondes du 98,5 FM et dans une publication Facebook. M. Vil reproche, entre autres choses, de l'information inexacte, un manque de rigueur de raisonnement et un manque de respect à la vie privée. Les reproches sont relatifs aux efforts de communication pour rejoindre M. Vil ou d'autres personnalités issues de communautés culturelles de la part de l'équipe de l'émission, d'une opinion sur la censure au Québec et sur le fait d'avoir nommé certaines personnalités publiques qui avaient refusé de participer à l'émission. Le Conseil rejette tous les griefs invoqués par le plaignant considérant que la liberté éditoriale de l'animatrice lui permettait de livrer son opinion et que la mention des noms des personnalités publiques n'est pas un manquement au respect de leur vie privée.
D2020-11-153 : Eve Torres c. Céline Gobert, journaliste, et le journal Métro
À la suite du passage d'Adib Alkhalidey à l'émission « Tout le monde en parle », Céline Gobert publie un compte-rendu de l'entrevue le 16 novembre 2020 dans le journal Métro sous le titre « Adib Alkhalidey s'enflamme sur La Petite Vie et le racisme systémique ». La plaignante reproche à la journaliste un titre sensationnaliste et de la discrimination. Le Conseil rejette la plainte, car il considère que le terme « enflamme » reflète bien l'ardeur et la passion de l'humoriste quand il parlait de la présence de personnes racisées à la télévision et du racisme systémique au Québec. Le fait que la journaliste ait mentionné l'origine ethnique de l'artiste dans son texte n'est pas discriminatoire et n'incite pas à la haine, car cette mention était factuelle et nécessaire à la compréhension du sujet.
D2020-11-158 : Patrice Germain c. Agence France-Presse (AFP) et La Presse
Se basant sur des témoignages entendus lors des auditions organisées par des sénateurs républicains de l'État de Pennsylvanie, le plaignant dépose une plainte en novembre 2020 au sujet de l'article de l'AFP, « "Nous devons inverser cette élection", demande Trump à ses partisans » et publié sur le site Internet lapresse.ca. Il déplore des informations inexactes quant à l'utilisation de l'expression « sans preuve » relativement aux allégations de fraude du président Donald Trump sur les résultats de l'élection américaine. Le Conseil rejette la plainte. Les nombreux revers en justice subis par l'équipe du président déchu ont montré l'absence de preuve d'une telle fraude et par conséquent l'utilisation de l'expression mentionnée était justifiée.
À propos
Le Conseil de presse du Québec est un organisme privé, à but non lucratif, qui œuvre depuis près de 50 ans à la protection de la liberté de la presse et à la défense du droit du public à une information de qualité. Son action s'étend à tous les médias d'information distribués ou diffusés au Québec, qu'ils soient membres ou non du Conseil, qu'ils appartiennent à la presse écrite ou électronique. Le Conseil reçoit les plaintes du public et donne son avis relativement à la déontologie journalistique à travers ses décisions. Mécanisme d'autorégulation de la presse, le Conseil ne peut être assimilé à un tribunal civil, il ne possède aucun pouvoir judiciaire, réglementaire, législatif ou coercitif ; il n'impose aucune autre sanction que morale.
Le Conseil de presse remercie Cision d'avoir rendu possible l'envoi de ce communiqué.
SOURCE CONSEIL DE PRESSE DU QUEBEC
Manon Desrosiers, Conseil de presse du Québec, [email protected]
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