La Fondation des Prix Michener annonce le nom des finalistes du Prix Michener 2020 pour le journalisme d'intérêt public English
OTTAWA, ON, le 20 avril 2021 /CNW/ - La Fondation des Prix Michener annonce aujourd'hui le nom des finalistes du Prix Michener 2020 pour le journaliste d'intérêt public.
Les finalistes de cette année sont : APTN; CBC News; The Globe and Mail; The Montreal Gazette; La Presse; et Winnipeg Free Press.
« Le Prix Michener constitue la plus importante distinction journalistique au Canada, indique le président de la Fondation des Prix Michener, Pierre-Paul Noreau. Les six finalistes seront tous félicités pour leur dévouement à la vérité, à la justice sociale et à l'intérêt public, particulièrement en cette année difficile ».
Célébrant cette année son 50e anniversaire, le Prix Michener a été fondé en 1970 par le regretté Roland Michener, alors gouverneur général, pour récompenser le journalisme d'intérêt public. La décision du jury s'appuie principalement sur l'impact et les retombées des dossiers présentés par les médias écrits, électroniques et en ligne.
La présidente du jury, Margo Goodhand, a souligné que les candidatures soumises cette année, produites en temps de pandémie, se sont révélées particulièrement inspirantes. Deux des finalistes ont d'ailleurs soumis des dossiers en lien avec la COVID-19, qui sévit partout dans le monde depuis 2020.
Voici les finalistes du Prix Michener 2020 :
APTN - Le rapport de décès
Elle avait six ans lorsqu'elle a montré pour la première fois des signes d'abus sexuels; douze lorsqu'elle s'est donné la mort par pendaison. La courte et tragique vie de Sacha Raven Bob, prise en charge par l'organisme de protection de l'enfance des Premières Nations de l'Ontario, est au cœur de l'intense enquête menée par Kenneth Jackson et Cullen Crozier du réseau APTN. Deux sœurs de Sacha, prises en charge par le même organisme, s'étaient déjà suicidées en l'espace de sept mois. C'est toutefois le rapport de décès de Sacha, combiné à des entrevues avec des sources - qui ont risqué de perdre leur emploi et leur maison en parlant - qui a révélé comment le système l'avait laissée tomber. Dans les semaines qui ont suivi la diffusion des reportages d'APTN, plusieurs enquêtes ont été lancées sur des cas particuliers, plusieurs familles ont été réunies, du financement supplémentaire a été annoncé pour les services d'aide à l'enfance dans les réserves et un moratoire a été imposé en Ontario pour éviter que les jeunes atteignant l'âge adulte soient forcés de quitter leur famille d'accueil pendant la pandémie. Comme le démontre toutefois le réseau APTN, la crise humanitaire se poursuit inlassablement. À l'heure actuelle, il y a au pays plus d'enfants autochtones qui sont pris en charge par le système de protection de l'enfance qu'il y en a eu autrefois dans l'ignominieux système des pensionnats lorsqu'il était à son apogée.
CBC - À l'intérieur de Rideau Hall
Admiré, distingué et surtout non controversé. Voilà les qualités essentielles du gouverneur général du Canada, une position considérée inattaquable, voire intouchable. Toutefois, lorsque la rumeur selon laquelle le règne de la gouverneure générale Julie Payette pourrait être tout sauf sans remous, les journalistes de CBC, Ashley Burke et Kristen Everson, ont contacté d'anciens employés, dont plusieurs craignaient de révéler quoi que ce soit. Rideau Hall a été décrit comme « une maison des horreurs », avec allégations de mauvais traitements et de violence verbale. Leur enquête a levé le voile sur un environnement de travail toxique, des dépenses douteuses et un processus de sélection déficient. Payette et son bras droit ont démissionné, une fin de mandat autrefois inimaginable pour un chef d'État canadien. L'enquête de la CBC ne portait pas seulement sur le service public rendu, mais sur les normes minimales en milieu de travail, la transparence et la responsabilité. Finalement, cette enquête a obligé ceux occupant la plus haute fonction au pays à rendre des comptes.
Le Globe and Mail - Réduit au silence
Le Canada aurait dû être parmi les premiers pays à être au fait de la COVID-19. Le Réseau mondial d'information en santé publique, une filiale de l'Agence de la santé publique du Canada, a déjà été un leader mondial dans la collecte d'information et l'émission d'alertes en matière d'épidémies. Mais comme l'a révélé Grant Robertson du Globe and Mail, le Réseau a en fait été réduit au silence. Des fonctionnaires sans expertise épidémiologique ont été nommés à sa tête, son système d'alerte autrefois ultrarapide a été miné par un processus d'approbation lent pour ensuite être complètement stoppé et ses analystes ont été mandatés pour porter leur attention vers les enjeux nationaux plutôt qu'internationaux. Résultat : quand la COVID-19 a frappé, le Canada était mal informé et mal préparé. Les impacts des révélations ont été immédiats. Le Bureau du vérificateur général du Canada a ordonné une enquête. La ministre fédérale de la Santé a lancé un processus d'examen. Des hauts responsables de l'Agence de la santé publique ont été remplacés. Plus important encore : le système d'alerte rapide du pays a été rétabli.
Montreal Gazette - La résidence de personnes âgées de Dorval
Au début de la pandémie, le Montréal Gazette a ébranlé le pays en révélant les conditions de vie horribles qui sévissaient entre les murs d'une maison de soins de longue durée privée de Dorval. Des résidents ont été trouvés déshydratés, mal nourris, souillés et laissés dans leurs excréments et abandonnés par le personnel quand la COVID-19 a commencé à se propager dans l'établissement. Cette enquête a démarré par un tuyau transmis au journaliste spécialiste de la santé depuis des années, Aaron Derfel. Dans les heures qui ont suivi la publication en ligne de cette triste histoire, des familles ont retiré leurs proches de cette institution et la régie de la santé de l'Ouest-de-l'Île en a pris la direction. En examinant les registres de décès, Derfel a pu montrer par la suite que beaucoup plus de personnes étaient décédées à cette résidence pendant la pandémie que ce que les autorités sanitaires n'admettaient. Il a ainsi braqué les projecteurs sur le sort des personnes âgées institutionnalisées au Canada. Le premier ministre François Legault a ordonné une enquête policière sur les gestionnaires de l'époque pour ce qu'il a appelé une « négligence grave ». Il a aussi exigé l'inspection de 40 centres de soins de longue durée privés de la province.
La Presse - L'autre épidémie : exploitation sexuelle des enfants sur Internet
Depuis le temps que nous sommes touchés par la pandémie de COVID-19, nous pourrions croire que nous savons tout du confinement et de ses conséquences sur nos vies et sur la société. Pourtant, dans ce dossier très troublant, les journalistes de La Presse, Gabrielle Duchaine et Caroline Touzin, nous apprennent comment les prédateurs pédophiles ont profité du confinement des enfants à la maison et de l'apprentissage en ligne pour attirer leurs jeunes victimes. Les cas d'exploitation sexuelle sur Internet ont connu une hausse sans précédent depuis un an, surchargeant encore plus un système judiciaire qui déjà en temps normal ne parvient pas à traiter les dizaines de milliers de signalements reçus chaque année au pays. L'autre épidémie repose sur une année de recherches et d'entrevues menées avec des dizaines d'experts : policiers, procureurs, chercheurs, organismes d'aide, mais aussi avec des victimes et des prédateurs. Le travail des journalistes a fait grand bruit et a forcé le gouvernement du Québec à s'engager dans la création d'un plan d'action pour contrer la pornographie juvénile et à modifier le programme d'indemnisation des victimes d'actes criminels pour inclure les victimes d'exploitation sexuelle sur Internet.
Winnipeg Free Press - Une tache sur notre sport
Dans cette poignante série en six segments, le journaliste du Winnipeg Free Press, Jeff Hamilton, réexamine le cas de l'entraîneur de hockey junior déchu Graham James, un prédateur sexuel dont la première condamnation en 1997 n'a jamais entraîné une plus grande remise en question dans le monde du hockey canadien. Cette série a toutefois permis de recueillir de nouvelles preuves. Le récit émouvant et puissant de Hamilton révèle non seulement comment les agresseurs s'entraidaient, mais comment les directions de l'équipe et de la ligue se sont rendues complices en fermant les yeux lorsque cela était dans leurs intérêts. Hamilton l'illustre en racontant pour la première fois comment on a contrecarré la tentative d'un capitaine d'équipe de mener une révolte des joueurs. Le journaliste a aussi permis à une nouvelle victime de James, inconnue de tous, y compris de sa famille, de partager son secret pour la première fois. Après la publication, le Respect Group de Sheldon Kennedy a été submergé de demandes d'aide de survivants, des victimes ayant trouvé la force de s'exprimer et de surmonter la honte. Des discussions sont en cours pour inclure la série dans un recours collectif en instance.
Plus tôt cette semaine, la Fondation des Prix Michener a annoncé le nom des récipiendaires de ses bourses Michener - L. Richard O'Hagan pour les études en journalisme et Michener-Deacon pour le journalisme d'enquête pour l'année 2021.
La bourse pour les études en journalisme a été attribuée à Allison Baker et à Viviane Fairbank pour leur projet sur la vérification des faits intitulé In Defence of Truth. Leur travail portera sur la création d'un manuel inspiré du site The Walrus Fact-Checking qui proposera des lignes directrices ainsi qu'une méthodologie de présentation et de vérification des faits commune à l'attention des journalistes, des universitaires et du public. Le projet a pour autre objectif la mise sur pied d'un programme de formation sur la vérification des faits gratuit, accessible et numérique offert par l'Université de Carleton.
La bourse pour le journalisme d'enquête a été remise à Ethan Cox et à Erin Seatter qui dirigeront une équipe (Ricochet) chargée d'une enquête sur l'inconduite policière au Canada et le rôle des structures de responsabilité publique qui entourent le travail policier.
Chacune de ces bourses, d'une valeur de 40 000 $, comprend des dépenses à justifier pouvant aller jusqu'à 5 000 $.
On rend traditionnellement hommage aux récipiendaires des bourses Michener lors de la cérémonie annuelle de remise des Prix Michener tenue en juin à Rideau Hall et présidée par le gouverneur général du Canada. Toutefois, attendu la situation sanitaire mondiale actuelle, les célébrations de cette année seront tenues en mode virtuel.
Le jury du Prix Michener 2020 :
- La présidente du jury, Margo Goodhand, ex-rédactrice en chef du Winnipeg Free Press et du Edmonton Journal;
- Pierre Tourangeau, ex-ombudsman et chef des nouvelles de Radio-Canada;
- Sally Reardon, ex-directrice de l'information à CBC-TV;
- Katherine Sedgwick, professeure de journalisme au Collège Loyola et ex-éditrice adjointe à The Montreal Gazette;
- Pierre Asselin, ex-éditorialiste du quotidien Le Soleil;
- Mary McGuire, professeure de journalisme à l'Université Carleton
Les Prix Michener
Les Prix Michener font l'éloge et la promotion de l'excellence en matière de journalisme d'intérêt public au Canada. Le Prix Michener a été créé en 1970 par le très honorable et regretté Roland Michener, gouverneur général du Canada de 1967 à 1974. Cette année, les Prix Michener célèbre le 50e anniversaire de la plus importante distinction journalistique au pays. Le conseil d'administration bénévole de la Fondation des Prix Michener s'occupe des affaires du Prix, en partenariat avec la Fondation Rideau Hall. Pour en savoir plus : www.PrixMichener.ca.
SOURCE LA FONDATION DES PRIX MICHENER
Margo Goodhand; présidente du jury, Prix Michener, [email protected] ; Jill Clark, Gestionnaire des communications, Fondation Rideau Hall, 613-809-1480, [email protected]
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