La Fondation des Prix Michener annonce les finalistes de l'édition 2021 du Prix Michener mettant en valeur le journalisme d'intérêt public. English
OTTAWA, ON, le 21 avril 2022 /CNW/ - La Fondation des Prix Michener a annoncé aujourd'hui les finalistes de l'édition 2021 du Prix Michener qui met en valeur le journalisme d'enquête au service de l'intérêt public.
Les finalistes pour l'édition de cette année sont: CBC News, CBC Saskatchewan, CBC Saskatoon, Global News, Kamloops this Week, et The Globe and Mail.
« Malgré les défis encourus dans le cadre d'une deuxième année de travail en période de pandémie, je suis réconforté de voir la quantité et la qualité des soumissions pour le Prix Michener 2021 », a déclaré le président de la Fondation Michener, Pierre-Paul Noreau. « La portée et la profondeur de ces enquêtes sont remarquables et leur impact se fera sentir pour des années à venir. »
« De plus en plus les journalistes deviennent la cible de menaces et d'injures - voire de violences - de la part de ceux.celles qui ne croient plus aux faits. Mais cette année, nos juges ont été inspiré.e.s par les efforts soutenus de ces salles de rédaction qui s'acharnent malgré tout à découvrir la vérité et qui continuent de le faire pour le bien public. »
Le Prix Michener, créé en 1970 par l'honorable et regretté Roland Michener, gouverneur général à l'époque, récompense la contribution exceptionnelle du journalisme au service de l'intérêt public. La décision du jury s'appuie principalement sur l'impact et les retombées des dossiers présentés par les médias écrits, électroniques et en ligne.
« J'ai surtout été impressionnée par la force et la variété des soumissions de cette année, qui provenaient à la fois de grandes salles de rédaction nationales, de plus petites salles de rédaction locales ainsi que de petites publications Web à travers le pays », a déclaré Margo Goodhand, juge en chef des prix Michener.
Voici les finalistes de l'édition 2021:
Bien avant l'ère du mouvement Me Too, les femmes parlaient déjà du riche et puissant magnat canadien Peter Nygard. À partir de ses résidences de Winnipeg, Toronto, New York, Los Angeles et de son domaine en bord de mer aux Bahamas, Nygard s'est servi de son pouvoir et de ses privilèges pour camoufler son comportement de prédateur sexuel durant des décennies, avant d'être déchu, en grande partie grâce aux reportages acharnés d'une petite équipe d'enquêteurs de Fifth Estate. Pendant des années, la CBC a été la seule à révéler le trafic sexuel et l'abus de mineurs de Nygard et a finalement révélé les systèmes qui le protégeaient, ainsi que d'autres comme lui. Ce fut une bataille coûteuse et litigieuse. L'équipe de Fifth Estate a été la cible de poursuites, de surveillance et d'une cause de diffamation criminelle sans précédent, qui aurait pu être passible d'une peine d'emprisonnement de 5 ans. Leur enquête, et celle de CBC Podcasts: Evin by Design, a changé la façon dont les médias rapportent les traumatismes sexuels et a permis à des dizaines d'autres survivantes de demander justice. Plus de 120 femmes se sont maintenant jointes à un recours collectif. Nygard est en prison au Canada depuis 2020 et risque d'être extradé vers les États-Unis pour des accusations liées au trafic sexuel.
À l'automne 2021, CBC Saskatchewan a publié un article retentissant à l'échelle internationale, qui portait sur la fraude identitaire. L'enquête de 2 mois et demi du journaliste Geoff Leo a révélé que la Dre Carrie Bourassa, l'une des universitaires autochtones les plus célèbres au pays, était en réalité d'origine européenne. Pendant plus de deux décennies, Bourassa a dressé une liste croissante de revendications concernant ses racines, disant qu'elle était Métisse, Anishinaabe et Tlingit. Elle a rapidement gravi les échelons du milieu universitaire, pour finalement être nommée directrice scientifique de la branche autochtone des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). L'enquête de la CBC a créé une onde de choc, tant au pays qu'ailleurs. Au départ, la University of Saskatchewan et la IRSC ont défendu la professeure, mais en l'espace de quelques jours, les deux institutions ont changé de cap. Bourassa a été démise de ses fonctions aux IRSC, et le problème continue de faire des vagues. Sept universités canadiennes ont lancé des enquêtes et mis en place de meilleures politiques pour identifier et éradiquer la fraude identitaire. Une nouvelle organisation nationale de dirigeant.e.s universitaires a été créée. Comme l'a dénoncé la professeure autochtone Winona Wheeler : « Il s'agit de vol. C'est le colonialisme sous sa pire forme et c'est un visage grossier du privilège blanc. »
L'été dernier, Jason Warick de la CBC Saskatoon a révélé que l'Église catholique - qui dirigeait la majorité des pensionnats financés par le gouvernement du pays - n'avait versé qu'une fraction des 79 millions de dollars promis aux survivant.e.s, il y a plusieurs années. Au lieu de cela, des millions avaient été détournés pour payer les frais juridiques et administratifs de l'Église. Et même si l'Église a déclaré qu'elle ne pouvait pas amasser les fonds prévus pour les survivant.e.s, la CBC a révélé qu'elle dépensait près de 300 millions de dollars pour les cathédrales et les églises. Une équipe du Globe and Mail collaborait aussi à cette histoire, menant la toute première analyse des actifs nets de l'Église catholique au Canada, amplifiant la voix des survivant.e.s qui se battaient pour mettre la main sur les registres de la GRC et de l'Église. Le quotidien torontois a produit plus d'une douzaine d'histoires en 2021, qui analysaient minutieusement les obligations financières de l'Église envers les peuples autochtones. Ces deux puissantes enquêtes ont provoqué une marée de changements, allant des excuses nationales des évêques canadiens à une nouvelle campagne de financement de 30 millions de dollars pour des projets liés à la guérison et à la réconciliation sans compter la rencontre avec le pape François à Rome ce printemps, et des excuses historiques aux survivant.e.s. Les répercussions continuent à se faire sentir, tout comme les efforts continus pour assurer des excuses papales en sol canadien.
En mars 2022, l'ancien chef des Forces armées du Canada, le général Jonathan Vance, a comparu devant un tribunal d'Ottawa et a plaidé coupable à l'accusation criminelle d'entrave à la justice. Ce développement hors du commun ne se serait sans doute jamais produit sans les mois de travail de Global News pour dénoncer les inconduites sexuelles dans les plus hauts rangs militaires du pays. Alors qu'un rapport de l'ancienne juge de la Cour suprême Marie Deschamps, datant de 2015, avait révélé une inconduite sexuelle endémique et un environnement hostile envers les femmes et les membres LGBTQ de l'armée, le fait que ce comportement s'étendait jusqu'aux rangs les plus élevés de l'organisation n'avait pas été soulevé. L'équipe de Global News a partagé avec doigté les histoires de femmes militaires qui avaient été victimes d'exploitation. Le reportage a mené à l'accusation criminelle contre Vance, à la destitution de l'amiral Art McDonald du poste de chef d'état-major de la Défense et à un nouvel examen par l'ancienne juge de la Cour suprême Louise Arbour. Cette dernière a demandé à ce que les allégations d'inconduite sexuelle dans l'armée fassent l'objet d'une enquête par les autorités civiles (une recommandation acceptée par le ministre de la Défense du Canada). Aussi, suite au reportage, le gouvernement fédéral s'est engagé à établir un système indépendant de signalement des inconduites sexuelles pour les militaires.
Lorsque ce petit hebdomadaire indépendant a appris en une seule journée qu'un membre du conseil régional du district avait pris des congés payés, puis des vacances, pour ensuite démissionner et finalement prendre sa retraite, il a cherché à tirer les faits au clair, mais s'est buté au silence des autorités. L'équipe KTW de Jessica Wallace, Christopher Foulds et Tim Shoults n'allait toutefois pas se voir refuser les réponses à ses questions. Les membres de l'équipe ont commencé par suivre la piste de l'argent. Ils ont mené des dizaines d'entretien, ont déposé des dizaines de demandes d'accès à l'information et ont finalement créé une base de données qui contenait les détails de cinq années de dépenses douteuses aux frais des contribuables. Leurs reportages ont entraîné des changements majeurs aux politiques de gestion qui ont amplifié la surveillance du District sur l'ensemble des dépenses, reserrant les critères pour l'octroi de subventions et de commandites en passant par l'imposition de limites aux frais de repas et de traiteur. Une enquête criminelle a été lancée par la GRC et une vérification juricomptable indépendante est venue confirmer les conclusions de KTW. Les journalistes ont mené cette enquête à un moment où ils étaient forcés de couvrir d'autres sujets d'ampleur; la pandémie, les feux de forêt de la Colombie-Britannique et les élections fédérales. Si la gouvernance civique est le fondement de la démocratie, le travail indépendant effectué par cette salle de rédaction est un exemple remarquable des assises du journalisme.
L'image de jeunes athlètes d'élite amateurs.res au sommet de leur gloire a été ternie par l'enquête du Globe and Mail qui a révélé qu'un nombre important d'entre eux.elles se gavent, se purgent et s'affament, souvent sous la pression des entraîneur.euse.s et des organisations sportives nationales. La série a révélé que des affirmations douteuses liées à la « science du sport » ont mené certain.e.s athlètes à des désordres alimentaires aux conséquences dévastatrices. Le travail de terrain était difficile - les athlètes avaient peur de parler, craignant que cela ne nuise à leur carrière ou à leur commandite. Mais au fil des mois, les journalistes Grant Robertson et Rachel Brady ont su gagner la confiance des athlètes et ont découvert plus de 40 cas de troubles alimentaires graves chez des olympien.ne.s canadien.ne.s au cours des cinq dernières années. Les révélations de la série ont déclenché des appels à l'action de la part des athlètes, des parents et des professionnels de la santé, et ont conduit à une série de changements à la politique fédérale. La ministre des Sports a annoncé que les organisations sportives nationales devraient adhérer à un nouveau système pour gérer les enquêtes sur les abus envers les athlètes. Natation Canada a changé la façon dont les entraîneur.euse.s sont formé.e.s en matière de troubles alimentaires. Natation Artistique Canada a implanté de nouvelles politiques pour mieux protéger ses athlètes. La série a également donné une voix aux athlètes, pour qu'ils.elles puissent parler de ce problème largement répandu qui a longtemps été caché.
La semaine dernière, la Fondation des Prix Michener a annoncé les gagnants de la Bourse Michener-Deacon pour le journalisme d'enquête. Il s'agit de Stéphane Blais, journaliste à l'environnement pour La Presse canadienne, qui se concentrera sur les impacts environnementaux et les bénéfices économiques liés à l'extraction du lithium, ainsi que Rob Csernyik, journaliste pigiste, qui enquêtera pour sa part sur l'évolution de la relation entre le jeu et les suicides au Canada.
- Juge en chef Margo Goodhand : ancienne rédactrice en chef du Winnipeg Free Press et de l'Edmonton Journal
- Pierre Tourangeau : ancien ombudsman et directeur de l'information de Radio-Canada
- Sally Reardon : ancienne productrice principale de nouvelles de CBC-TV
- Katherine Sedgwick : professeure de journalisme au Loyalist College et ancienne rédactrice en chef adjointe de la Montreal Gazette
- Jim Compton : Producteur chez Rising Day Media, anciennement de CHUM-TV et APTN
- Mary McGuire : professeure de journalisme retirée de la Carleton University
Les prix Michener font la promotion et célèbrent l'excellence en matière de journalisme au service de l'intérêt public au Canada. Créé en 1970 par l'honorable et regretté Roland Michener, Gouverneur général du Canada de 1967 à 1974, le Prix Michener est la plus importante distinction journalistique canadienne. Le conseil d'administration bénévole de la Fondation des Prix Michener s'occupe des affaires du Prix, en partenariat avec la Fondation Rideau Hall et avec le soutien financier de BMO, Cision, Power Corporation du Canada, et TD. Apprenez-en davantage à www.prixmichener.ca.
SOURCE LA FONDATION DES PRIX MICHENER
Jill Clark, Gestionnaire des communications, Fondation Rideau Hall, 613-619-0230, [email protected]
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