La Fondation Michener honore le Globe and Mail, la journaliste d'enquête Annie Burns-Pieper et la journaliste en ligne Tamara Baluja English
OTTAWA, le 12 juin 2018 /CNW/ - Le Globe and Mail a remporté le Prix Michener 2017 pour sa série Unfounded, une enquête gigantesque sur la mauvaise gestion systémique des cas d'agression sexuelle par les forces policières canadiennes. Ces révélations ont mené à la réouverture de plus de 400 cas d'agression sexuelle, à des changements de politiques et pratiques policières et à un investissement de 100 millions $ destiné à combattre la violence fondée sur le sexe.
«Les juges ont convenu que cette enquête rigoureuse et approfondie est un exemple d'excellence de journalisme d'intérêt public et de la valeur critique des médias pour susciter des changements», a dit Alan Allnutt, président de la Fondation des Prix Michener.
Son Excellence la très honorable Julie Payette, gouverneure générale du Canada, a remis la prestigieuse distinction au Globe and Mail au cours d'une cérémonie à Rideau Hall à Ottawa le 12 juin. L'entreprise de presse figurait parmi les six candidats qui ont été honorés à la cérémonie. Le Prix Michener honore, célèbre et encourage le journalisme d'intérêt public qui a une incidence significative sur la société.
La gouverneure générale a aussi présenté la bourse Michener-Deacon 2018 à la journaliste de la presse écrite Annie Burns-Pieper qui s'intéressera à la façon dont Affaires mondiales Canada s'occupe des Canadiens qui se retrouvent en difficulté à l'étranger et utilise à sa discrétion sa prérogative royale de décider quand intervenir, et s'il y a lieu de la faire, dans ces incidents.
La bourse Michener-Deacon 2018 pour l'enseignement du journalisme a été décernée à Tamara Baluja afin de mettre sur pied un atelier pour enseigner aux étudiants les bases des plateformes des réseaux sociaux, la méthode d'analyse des paramètres et la façon de créer du contenu pour le public et les médias appropriés. Des modules de formation conçus à l'Université de Colombie-Britannique seront à la disposition d'autres écoles de journalisme et d'agences médias.
Globe and Mail : Non fondés
Dans le cadre d'une enquête gigantesque impliquant plus de 250 demandes d'accès à l'information, Robyn Doolittle du Globe and Mail a passé en revue des cas d'agression sexuelle rejetés ou classés « non fondés » par la police au Canada. Il en est résulté cette série, en 2017, appuyée par des propos d'experts et de plaignantes, démontrant qu'une plainte d'agression sexuelle sur cinq était rejetée par la police. La série a aussi révélé que le taux de cas non fondés variait selon les endroits, soulevant des questions d'équité par rapport à l'accès à la justice. Une étude subséquente a déterminé que des milliers de ces cas avaient été mal évalués et qu'une plainte légitime d'agression sexuelle sur trois avait été rejetée à tort. La série a poussé le gouvernement fédéral à améliorer la supervision, la formation et les politiques de la police, et à consacrer 100 millions de dollars à la lutte contre la violence fondée sur le sexe. Statistique Canada a promis de recommencer à colliger et à publier les taux de plaintes non fondées. Finalement, quelque 37 000 cas d'agression sexuelle ont été révisés et plus de 400 cas « non fondés » ont été rouverts.
Des mentions d'honneur ont été attribuées à Canadian Broadcasting Corporation Edmonton, Cogeco Média, Global News, The Globe and Mail, The Toronto Star et The Vancouver Sun.
Canadian Broadcasting Corporation Edmonton: Santé privé, risque publique?
CBC Edmonton s'est distinguée par une série d'enquête à propos de Pure North, la fondation de santé alternative d'un homme d'affaires de Calgary. CBC Edmonton a maintenu la diffusion des reportages malgré une poursuite en diffamation.
Cogeco Media: L'Affaire Gilbert Rozon
En suivant l'évolution du mouvement #Moiaussi (#Metoo) sur les réseaux sociaux, Émilie Perreault, journaliste à la station de radio montréalaise 98,5 FM, est tombée sur un message traitant d'une agression commise par un «homme connu, populaire, riche. Notre Weinstein québécois!» Dans le cadre de leur enquête, Mme Perreault et la journaliste Monic Néron ont gagné la confiance de 10 femmes qui ont fait preuve de courage et, pour certaines, risqué leur carrière en témoignant à visage découvert du harcèlement et des agressions sexuelles dont elles auraient été victimes de la part de Gilbert Rozon, un puissant homme d'affaires et une icône du milieu culturel québécois. Les agressions alléguées se seraient produites entre 1982 et 2016 alors que deux de ces femmes étaient mineures. Le jour précédant la diffusion du reportage, Gilbert Rozon a démissionné de toutes ses fonctions privées et publiques. La police enquête sur une vingtaine de plaintes et d'autres sont à l'étude. À la suite de la nouvelle, le gouvernement du Québec a créé un fonds d'urgence de 25 millions de dollars pour venir en aide aux victimes de violence sexuelle, et le bâtonnier du Québec a réclamé des changements au système de justice trop «rigide».
Global News: Inadmissible
Cette série multiplateforme a exposé de sérieux problèmes dans la façon dont Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) traite les demandes de résidence permanente des personnes souffrant d'un handicap ou d'une maladie grave. L'enquête a découvert que le Canada rejetait annuellement jusqu'à 450 requérants acceptables, les classant comme médicalement inadmissibles parce que leur état de santé créerait un «fardeau excessif» sur les services publics sociaux, médicaux et scolaires. L'équipe de Global News a révélé que les responsables de l'immigration se basaient depuis des années sur des recherches inexactes et périmées pour déterminer un «seuil des coûts» et que leurs calculs n'avaient aucune base crédible. À la suite de la série, IRCC a infirmé sa décision dans deux cas soulevés par Global News, une étude parlementaire a recommandé l'abrogation de l'article du «fardeau excessif» de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés et le gouvernement a reconnu que la loi ne correspondait pas aux valeurs canadiennes et a promis des changements législatifs pour rétablir la confiance envers le système d'immigration.
Globe and Mail: Contaminé
Dans quelle mesure doit-on surveiller l'industrie de la marijuana en voie d'être légalisée? Même si Santé Canada a assuré la population que la marijuana sous règlementation fédérale serait sans risque, le reporter du Globe Grant Robertson a découvert qu'une entreprise lésinait sur la sécurité en utilisant des pesticides toxiques illégaux et que de nombreux consommateurs de marijuana à des fins médicales en tombaient malades. Lorsque le gouvernement a pris connaissance du problème, il n'a pas rendu l'information publique. Grant Robertson s'est donc tourné vers ses sources dans l'industrie pour retrouver d'anciens employés de la compagnie. L'un d'eux a même admis que le personnel cachait les produits chimiques toxiques dans le plafond du bureau. La marijuana médicale d'un patient, testée de façon indépendante par le Globe, contenait pas moins de cinq pesticides interdits. L'enquête tenace de Grant Robertson a généré des articles qui ont finalement poussé Santé Canada à faire marche arrière en imposant un dépistage obligatoire et des sanctions allant jusqu'à 1 million de dollars pour les contrevenants. Les révélations de « Tainted » ont par ailleurs servi de base pour un recours collectif.
Le Toronto Star: Nation temporaire
Cette enquête d'un an a révélé que les entreprises ont de plus en plus recours à des agences de travailleurs temporaires pour l'embauche des employés afin de limiter leur responsabilité en cas d'accidents de travail et de réduire leurs coûts. La série a suivi la journaliste du Star Sara Mojtehedzadeh alors qu'elle infiltrait Fiera Foods, l'une des plus grandes boulangeries industrielles du continent. Des recherches approfondies menées par Mme Mojtehedzadeh et le reporter du Star Brendan Kennedy ont révélé de façon détaillée la situation des travailleurs temporaires - pour la plupart néo-Canadiens, réfugiés et minorités visibles - qui sont exploités, maltraités, blessés et même tués au travail. Ces travailleurs se rendent compte qu'ils n'ont aucune protection parce que l'agence s'avère souvent être une adresse postale ou un local vide dans un centre commercial. La série a mené à un renforcement de la loi pour la protection des travailleurs temporaires, ainsi qu'à un resserrement de la règlementation pour prohiber la discrimination salariale et supprimer les incitatifs financiers à l'embauche de travailleurs temporaires. Fiera Foods s'est immédiatement engagée à se soumettre à un examen indépendant de ses pratiques en matière de santé et sécurité et à revoir son recours aux agences de travailleurs temporaires.
Le Vancouver Sun et Globe and Mail: Crime financier / Argent facile
Dans ces deux séries, le Vancouver Sun et le Globe and Mail ont exposé l'échec des autoritésrèglementaires et des gouvernements à protéger les investisseurs canadiens contre les criminels à cravate. La base de données créée par le reporter du Sun Gordon Hoekstra pour la Colombie- Britannique faisait état d'amendes impayées de plus d'un demi-milliard de dollars au cours des 10 dernières années et de fraudes totalisant 31 millions de dollars. Les reporters Grant Robertson et Tom Cardoso du Globe ont poussé l'enquête au niveau national, analysant la criminalité financière sur une période de près de 30 ans. Les données ont révélé qu'un criminel en cravate sur neuf est un récidiviste qui se soustrait aux autorités et évite les amendes en changeant de province. Les deux séries ont démontré qu'à travers le pays, le système d'amendes, de radiations et de peines d'emprisonnement minimum n'a pas d'effet dissuasif sur les criminels à cravate. Ces révélations ont provoqué des secousses au sein de la communauté financière et des gouvernements. Plusieurs changements s'en sont suivis : le ministre des Finances de la Colombie-Britannique a ordonné à la Commission des valeurs mobilières d'améliorer ses pratiques de perception et de coercition, le ministre des Finances du Manitoba a présenté des amendements à la Loi sur les valeurs mobilières, l'Ontario a proposé une nouvelle loi pour la Commission des valeurs mobilières de la province et la GRC a annoncé de nouveaux efforts pour lutter contre les délits financiers.
Le Prix Michener Comité de sélection 2017
Kim Kierans, Présidente intérimaire du jury, Professeure de journalisme et ancienne reporter et rédactrice à CBC; Carole Beaulieu, Ancienne éditrice et rédactrice en chef du magazine L'actualité; Margo Goodhand, Ancienne directrice du Winnipeg Free Press et de l'Edmonton Journal; et Claude Papineau, Ancien vice-président des services de langue française de La Presse Canadienne et ancien correspondant parlementaire.
Les bourses Michener-Deacon Comité de sélection, 2018
Susan Mitton, Présidente du jury, Ancienne directrice régionale du réseau CBC Maritimes; Michael Goldbloom, Principal et vice-chancelier de l'Université Bishop, à Sherbrooke, et ancien éditeur des quotidiens The Gazette et The Toronto Star; Donna Logan, Membre du conseil de la Fondation des Prix Michener, ancienne vice-présidente de la diffusion régionale à CBC et directrice fondatrice de l'École de journalisme de l'Université de la Colombie-Britannique; Geneviève Rossier, Directrice des communications, des relations publiques et de la visibilité numérique à Bibliothèque et Archives nationales du Québec, et ancienne directrice des communications, du marketing et des contenus numériques à la Place des Arts; et Romayne Smith Fullerton, Professeure associée à la faculté de l'information et des études sur les médias à l'Université Western Ontario, à London, et rédactrice en éthique pour J-Source.
SOURCE LA FONDATION DES PRIX MICHENER
Kim Kierans, (902) 225-4456, Courriel : [email protected]; Bureau de presse de Rideau Hall, Julie Rocheleau, (613) 990-2997, Courriel : [email protected]
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