La formation des inhalothérapeutes doit toujours relever du collégial, estime la fédération des cégeps
MONTRÉAL, le 18 déc. 2020 /CNW/ - Invitée par l'Office des professions du Québec à réagir au mémoire Demande de rehaussement du diplôme donnant ouverture au permis d'inhalothérapeute, déposé en juillet dernier par l'Ordre professionnel des inhalothérapeutes du Québec (OPIQ), la Fédération des cégeps a présenté aujourd'hui, au ministère de l'Enseignement supérieur, un mémoire dans lequel elle réaffirme la nécessité de maintenir au niveau collégial la formation des inhalothérapeutes. L'OPIQ n'a pas su démontrer que la tâche des inhalothérapeutes exige une formation universitaire, estime la Fédération, qui souligne le manque de rigueur méthodologique de l'ordre professionnel qui met notamment de l'avant des arguments issus de consultations ou de travaux qu'il a menés seul et ne s'appuyant sur aucune donnée factuelle.
« Alors qu'il n'a pas l'expertise pour le faire, l'OPIQ se lance dans une analyse de la qualité du programme d'études Techniques d'inhalothérapie élaboré par le ministère, donnant l'impression de chercher à profiter de la crise sanitaire actuelle pour réclamer une fois de plus le rehaussement de la formation. Au fil des ans, l'OPIQ n'a jamais réussi à faire la démonstration d'un réel besoin à cet égard, alors que la plus récente analyse de la profession menée par le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport, en 2010, a démontré que, malgré une complexification des tâches des inhalothérapeutes, leur formation devait encore relever de la formation technique. Le programme de qualité offert dans sept établissements du réseau collégial public est donc toujours pertinent, ce qui ne veut pas dire cependant qu'il ne doit pas être actualisé, comme nous en faisons la recommandation à notre ministère », a indiqué le président-directeur général de la Fédération des cégeps, M. Bernard Tremblay.
Un programme actualisé en fonction de toutes les compétences
Dans son mémoire, la Fédération demande au ministère de l'Enseignement supérieur d'entreprendre une analyse de la profession qui comprendrait un état de situation permettant à toutes les parties concernées par ce dossier de se faire entendre. Elle lui recommande également d'inviter l'OPIQ à lui fournir un argumentaire plus détaillé concernant les liens que ce dernier établit entre des manquements des inhalothérapeutes et les lacunes du programme Techniques d'inhalothérapie. En tenant compte du référentiel de compétences de l'Alliance nationale des organismes de réglementation de la thérapie respiratoire, le ministère devra ensuite, selon la Fédération, faire de l'actualisation du programme Techniques d'inhalothérapie une priorité, en s'assurant que l'ensemble des compétences enseignées couvrent tous les aspects de la profession.
Les cégeps ont constamment innové afin que le programme Techniques d'inhalothérapie, qui n'a pas connu de révision ministérielle depuis son implantation en 1997, demeure en adéquation avec l'évolution de la pratique de l'inhalothérapie. En prenant appui sur la culture d'assurance qualité bien implantée dans le réseau collégial, ils ont régulièrement adapté les compétences du devis ministériel tout en se soumettant au regard externe de la Commission d'évaluation de l'enseignement collégial (CEEC). Chaque cégep offrant le programme met également en place un comité de liaison avec les milieux de stages, ce qui permet la rétroaction quant aux compétences nécessaires à l'exercice de la profession. Malgré tous ces efforts, les cégeps attendent avec impatience l'actualisation du programme par le ministère de l'Enseignement supérieur.
Dans son analyse des besoins de rehaussement de la formation, le ministère pourrait par ailleurs tenir compte des différentes propositions de diplômes inscrites dans l'avis Retracer les frontières des formations collégiales : entre l'héritage et les possibles du Conseil supérieur de l'éducation, en s'assurant toutefois que les cégeps continuent d'être porteurs de la formation initiale des inhalothérapeutes, affirme la Fédération.
Rendre le baccalauréat obligatoire : inutile et risqué
Selon des données portant sur les dix dernières années, les deux tiers des étudiantes et des étudiants qui s'inscrivent en Techniques d'inhalothérapie y arrivent après des études dans un autre programme collégial ou universitaire. L'âge moyen de ces personnes est de 26,5 ans, alors qu'il est de 21,4 ans dans les autres programmes techniques, et 80 % au moins de ces personnes sont des femmes. Comme ces étudiantes plus âgées peuvent avoir des enfants à charge, voire être monoparentales, la Fédération croit qu'imposer le baccalauréat comme seuil minimal pourrait avoir des répercussions négatives sur les effectifs étudiants et, par conséquent, sur la main-d'œuvre, puisque ces personnes sont généralement en quête d'un parcours de formation rapide. Rehausser le diplôme dans ce contexte pourrait donc compromettre l'attrait de la profession auprès de personnes qui seraient dorénavant tenues de terminer cinq années d'études postsecondaires avant d'exercer la profession, sans parler des droits de scolarité beaucoup plus élevés à l'université qu'au collégial.
Considérant le profil des personnes qui s'inscrivent en majorité en Techniques d'inhalothérapie, modifier ainsi les conditions d'accès au permis de pratique pourrait s'avérer désastreux au moment où les besoins dans le milieu de la santé et des services sociaux sont particulièrement criants. Pour la Fédération des cégeps, il s'agit d'un pari que le Québec n'a pas les moyens de prendre, d'autant plus qu'il peut déjà compter sur une formation collégiale de qualité, une formation qu'on peut tout simplement actualiser.
On peut consulter sur son site Web le mémoire présenté aujourd'hui par la Fédération des cégeps.
La Fédération des cégeps est le regroupement volontaire des 48 collèges publics du Québec. Elle a été créée en 1969 dans le but de promouvoir le développement de la formation collégiale et des cégeps. Elle agit comme porte-parole officiel et lieu de concertation des cégeps, à qui elle offre des services en matière de pédagogie, d'affaires étudiantes, d'affaires internationales, de formation continue et de services aux entreprises, de financement, de recherche, de ressources humaines, d'évaluation de la scolarité, d'affaires juridiques, de ressources informationnelles, de négociation et de relations du travail. La Fédération des cégeps représente les collèges pour la négociation des conventions collectives. www.fedecegeps.ca.
Suivez-nous sur Twitter : @fedecegeps
SOURCE Fédération des cégeps
Judith Laurier, directrice des communications, 514 381-8631, poste 2337; cellulaire : 514 239-2088
Partager cet article