La FPJQ appelle à sauvegarder le journalisme en région
MONTRÉAL, le 5 déc. 2013 /CNW Telbec/ - Ce qu'on a appelé la «guerre des hebdos» prend fin avec la vente au groupe TC Média des 74 hebdos Québecor publiés au Québec. La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) craint néanmoins que la conclusion de ce conflit fasse une nouvelle victime au cours des prochains mois: l'information régionale.
Le portrait de la presse hebdomadaire régionale vient de changer radicalement d'un seul coup. Il ne reste plus sur le terrain qu'un seul groupe de presse fortement dominant, TC Media, qui détient désormais plus de 150 journaux. À peine une soixantaine de journaux demeurent indépendants.
Les conséquences de cette transaction seront à examiner cas par cas et touchent surtout l'information régionale.
Dans les régions où un hebdo a été créé ou renforcé au cours des dernières années expressément afin de concurrencer l'autre grand groupe de presse, il faut redouter des fermetures ou des fusions d'hebdos et la disparition de postes de journalistes.
C'est une funeste perspective pour les citoyens, un recul de la diversité. Dans une étude commandée en 2008 par la FPJQ sur l'information régionale, on apprenait que les citoyens, lorsqu'ils veulent s'informer sur l'actualité de leur région, comptent d'abord sur la télévision (31%), puis tout de suite après sur les hebdos (22%). C'est la deuxième source d'information locale et régionale.
La FPJQ demande à TC Media de tout faire pour sauvegarder les postes des journalistes dont l'hebdo serait fermé et de maintenir ainsi les forces existantes en information.
L'information régionale pourrait également pâtir de cette transaction sous un autre angle. Ce sont les hebdos Québecor qui fournissent en partie les nouvelles sur les régions dans le Journal de Montréal, le Journal de Québec et dans le 24 heures. Cette source d'information sur les régions rendue disponible à l'ensemble des citoyens du Québec va disparaître.
La transaction annoncée aujourd'hui semble confirmer ce que plusieurs redoutaient lors du lancement de la guerre des hebdos en 2010: les marchés publicitaires locaux peuvent difficilement faire vivre plusieurs journaux concurrents.
Mais l'initiative avait entraîné dans certains cas la création de nouveaux journaux et de nouveaux postes de journalistes ou le renforcement de journaux existants.
L'expérience fut courte, mais elle a eu certaines conséquences positives pour l'information des citoyens, notamment plus de diversité et une saine émulation en matière de nouvelles.
Elle se menait cependant à coups de rabais extrêmes sur les prix des pages publicitaires, avec des répercussions fâcheuses pour les journaux indépendants incapables de pratiquer de tels tarifs et d'encaisser des pertes sur une longue période.
Vue sous cet angle, la transaction n'annonce pas nécessairement des jours plus difficiles pour les journaux indépendants, mais la FPJQ estime qu'elle devra être scrutée par le Bureau de la concurrence afin d'en mesurer l'impact.
SOURCE : FEDERATION PROFESSIONNELLE DES JOURNALISTES DU QUEBEC
Pierre Craig, président de la FPJQ, 514 953-3673
FPJQ 514 522-6142
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