La négociation de l'Accord de libre-échange Canada-Jordanie doit cesser d'ici
à ce que la Jordanie cesse de recourir au servilisme
C'est l'avertissement qu'ont lancé le National Labor Committee des États-Unis et le Syndicat des Métallos à un comité parlementaire
OTTAWA, le 19 oct. /CNW/ - À cause des conditions de travail effroyables qui prévalent dans les usines de la Jordanie, lesquelles s'apparentent à celles des ateliers de misère, le Canada ne devrait pas conclure de traité commercial avec ce pays. C'est l'avertissement qu'a reçu lundi le Comité permanent du Parlement sur le commerce international.
Les usines de la Jordanie qui approvisionnent les marchés nord-américains se caractérisent par leur recours au servilisme ainsi que par le caractère déplorable de leurs conditions de vie et de travail, ont affirmé aux membres du comité le Syndicat des Métallos et le National Labor Committee des États-Unis.
Selon le témoignage de Charles Kernaghan, directeur administratif du National Labor Committee des États-Unis, neuf ans après la signature d'un accord commercial entre les États-Unis et la Jordanie, des milliers de travailleurs étrangers « invités » au royaume du Moyen-Orient sont toujours dépossédés de leur passeport, forcés de travailler 99 heures par semaine sans toucher de salaire décent et hébergés dans des dortoirs infestés de punaises de lit.
M. Kernaghan a notamment évoqué l'usine d'International British Garments (IBG) dans le parc industriel Ad Dulayl. IBG fabrique des vêtements pour Nygard International, entreprise canadienne du secteur du vêtement.
« En avril 2010, nous avions dénoncé le fait que 1 200 travailleurs invités provenant du Sri Lanka, du Bangladesh et de l'Inde - 75 % d'entre eux étant des femmes - ont fait l'objet d'un trafic vers l'usine d'International British Garments, ont été dépossédés de leur passeport et ont été détenus dans un état de servitude. Pour 102,5 heures de travail par semaine, ces travailleurs touchaient tout au plus 35,77 $. »
M. Kernaghan a mentionné que les conditions se sont améliorées depuis la publication du rapport, « ce qui est entièrement attribuable à ces courageux travailleurs de l'industrie du vêtement qui se sont battus pour défendre leurs droits juridiques. »
Les Métallos appuyaient l'accord commercial entre les États-Unis et la Jordanie lorsque celui-ci a été négocié en 2000, a rappelé Tim Waters, directeur politique du syndicat international.
« C'est une décision que notre syndicat a fini par regretter amèrement », a déclaré M. Waters au comité permanent.
Le traité commercial entre les États-Unis et la Jordanie a été à l'origine du trafic de dizaines de milliers de travailleurs étrangers vers des usines de Jordanie, a dénoncé M. Waters.
« Le Syndicat des Métallos demande au gouvernement du Canada d'interrompre immédiatement toute forme de négociation dans le cadre du projet d'Accord de libre-échange Canada-Jordanie d'ici à ce que le gouvernement jordanien puisse prouver concrètement que les droits juridiques des travailleurs invités sont enfin respectés et protégés. »
D'après l'ensemble des renseignements disponibles, la Jordanie néglige d'appliquer ses propres lois en matière de travail et les normes relatives aux droits des travailleurs prescrites par l'Organisation internationale du Travail, lesquelles sont reconnues à l'échelle mondiale, a déclaré M. Waters.
Renseignements:
Pat Van Horne (représentant législatif des Métallos), 613-731-6315
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