La prochaine flambée épidémique : se préparer à l'imprévisible English
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Centre de recherches pour le developpement international27 août, 2014, 14:30 ET
par Craig Stephen et Zee Leung
OTTAWA, le 27 août 2014 /CNW Telbec/ - Les maladies infectieuses ignorent les frontières, que ce soit le virus Ebola qui se propage de la Guinée au Liberia, la rougeole qui s'est déclarée dans la vallée du Fraser et dont le virus a été introduit au Canada par des voyageurs en provenance des Philippines, ou encore le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (SRMO) qui fait des victimes partout dans cette région. Ces crises sanitaires nous rappellent cruellement que les maladies infectieuses, qu'elles soient connues depuis longtemps ou d'apparition récente, frappent souvent de façon surprenante, au moment et à l'endroit où l'on s'y attend le moins.
Mais, étant donné les changements environnementaux sans précédent qui se produisent, l'intensification du commerce mondial, la croissance démographique et la mobilité des populations, nous devons nous préparer à l'imprévisible.
Le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), le virus du Nil occidental et la grippe A (H1N1) constituent des exemples récents de propagation mondiale. Ils nous rappellent que de nouvelles maladies vont sans doute continuer de faire leur apparition en raison des interactions complexes entre les êtres humains, les animaux et l'environnement.
On attribue l'épidémie d'Ebola qui sévit actuellement à la viande de brousse, à la migration de chauves-souris et au déboisement. On procède à la fermeture de postes frontaliers en Afrique de l'Ouest alors que le nombre de décès continue d'augmenter. Les membres du personnel médical eux-mêmes sont à risque; quelques-uns ont été infectés par le virus, et certains y ont succombé. Que pouvons-nous faire face aux flambées épidémiques aux conséquences dévastatrices qui se produiront inévitablement ?
Jusqu'à présent, le monde a réagi en présumant que tout est prévisible et que la prochaine épidémie pourra être endiguée avec le bon test diagnostic et le bon médicament. Mais la nature est imprévisible, comme l'atteste notre triste bilan en matière de prévision de flambées épidémiques.
Et comme c'est le cas avec l'épidémie d'Ebola, les diagnostics et les traitements médicaux efficaces peuvent être impuissants face à la méfiance des collectivités, aux tensions historiques et aux coutumes funéraires locales.
Pour se protéger contre la prochaine flambée qui se profile à l'horizon, il faut non seulement planifier des interventions d'urgence en étroite collaboration avec les collectivités locales, mais également investir afin d'assurer la salubrité des écosystèmes et la vigueur des collectivités : milieux propres et sûrs, sources accessibles d'aliments nutritifs, éducation en matière de santé, installations sanitaires de base, systèmes efficaces de soins et lutte vigoureuse contre les infections. Voilà quelques-unes des mesures qui peuvent contribuer à renforcer la résilience des populations pour faire face à un avenir incertain.
Le Canada contribue d'une manière notable à l'atteinte de cet objectif. Il est l'un des chefs de file du soutien à des projets de recherche novateurs associant des scientifiques et des collectivités en vue d'améliorer les interventions en cas d'épidémie et la prévention de maladies dangereuses, comme celle causée par le virus Ebola. La cinquième conférence biennale de l'International Association for Ecology and Health a eu lieu à Montréal en août. Cinq cents délégués de 62 pays y ont pris part. Le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), organisme canadien, qui a fièrement coparrainé cette conférence, oeuvre depuis longtemps à l'établissement de partenariats réunissant des scientifiques, des gouvernements et des collectivités du Canada et d'ailleurs en vue de réduire la vulnérabilité des êtres humains et des animaux aux maladies.
C'est le cas, entre autres, en Tunisie, où les changements climatiques et les pénuries d'eau ont contribué à des flambées de leishmaniose cutanée, une maladie grave qui est transmise par les rongeurs et un parasite (le phlébotome) et qui peut défigurer. De concert avec des agriculteurs, des chercheurs subventionnés par le CRDI se sont employés à repenser les méthodes d'irrigation, dans le but de contenir la propagation de la maladie.
En 2011, en Thaïlande, le CRDI a aidé des scientifiques, des fonctionnaires de la santé, des écoles et des dirigeants communautaires à lutter contre un parasite qui cause le cancer du foie et à la transmission duquel contribuent les aliments et les mauvaises conditions d'hygiène. Il en a résulté une stratégie de lutte qui associe la prise de médicaments à l'éducation en matière de santé visant à améliorer les conditions d'hygiène et la salubrité des aliments et qui a contribué à réduire de moitié le taux d'infection en deux ans seulement.
D'autres initiatives canadiennes ont adopté une démarche semblable pour lutter contre les maladies qui menacent la faune. Le Réseau canadien de la santé de la faune travaille en collaboration avec des partenaires provinciaux et nationaux, ainsi qu'avec des partenaires des États-Unis, pour lutter contre le syndrome du museau blanc, dont sont atteintes les chauves-souris. Ces mammifères revêtent une importance cruciale pour les agriculteurs en raison de leur efficacité dans la lutte contre les insectes ravageurs et contribuent à préserver la salubrité des écosystèmes.
Bien qu'il ne soit pas possible de prédire la prochaine maladie qui verra le jour, nous pouvons prendre des mesures pour préserver les populations de ses ravages : investir dans les connaissances et les infrastructures locales en santé, améliorer la compréhension des mesures de prévention et de lutte et accroître la confiance avant qu'une crise ne sévisse, aider les collectivités à se procurer des aliments et de l'eau de sources propres et sûres, etcréer des milieux salubres et fonctionnels pour les êtres humains et les animaux.
Craig Stephen est directeur exécutif du Réseau canadien de la santé de la faune (RCSF). Zee Leung est administrateur de programme au sein du programme Écosystèmes et santé humaine du Centre de recherches pour le développement international.
SOURCE : Centre de recherches pour le développement international
Marianne Goodwin, Conseillère principale, Médias et affaires publiques, Division des communications, Centre de recherches pour le développement international, +1 613 696-2343, [email protected]
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