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Fédération québécoise des professeures et professeurs d'université16 févr, 2024, 08:00 ET
MONTRÉAL, le 16 févr. 2024 /CNW/ - La science n'existe pas que pour enrichir des portefeuilles et favoriser l'économie, rappelle la Fédération québécoise des professeures et professeurs d'université (FQPPU) au ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Pierre Fitzgibbon. Dans un projet de loi présenté la semaine dernière (PL44), celui-ci s'arroge désormais le pouvoir d'élaborer et de mettre en œuvre la stratégie en matière de développement de la recherche et de la science, et consacre du même coup la subordination des Fonds de recherche du Québec (FRQ) à son ministère. L'abolition des trois FRQ (Nature et technologie, Santé, Société et culture) pour les fusionner en un seul fonds laisse également présager un appauvrissement de la diversité de la recherche au Québec, de même qu'une inféodation des objectifs du fonds à des visées marchandes.
Mentionnons que la rédaction du PL44 s'est faite sans consultation préalable des communautés universitaires ciblées par ces transformations importantes, soit les professeur•es et les étudiant•es de maîtrise et de doctorat. Plus tôt cette semaine, le scientifique en chef, Rémi Quirion, rencontrait la présidente et le vice-président de la FQPPU pour les rassurer sur les mesures proposées par le ministre - les mettant, ce faisant, devant le fait accompli. La rencontre a malheureusement eu l'effet contraire, confirmant les appréhensions initiales de la Fédération. « On nous laisse entendre que les transformations prévues par le projet de loi ne changent rien dans les faits, mais force est de constater qu'elles relèvent d'une posture assujettissant la recherche et l'avancement des connaissances à des impératifs économiques », déplore Madeleine Pastinelli, présidente de la FQPPU. « Quoi qu'en dise M. Quirion, ça nous fait craindre le pire, tant pour l'avenir de la recherche fondamentale que pour les disciplines desquelles on n'attend généralement pas de retombées économiques. Le projet de loi suscite aussi de vives inquiétudes concernant la liberté académique. »
La FQPPU était d'ailleurs surprise d'apprendre que, selon Christopher Skeete, ministre délégué à l'Économie, le PL44 favoriserait le « développement de la recherche intersectorielle, multidisciplinaire et collaborative ». C'est un objectif que partage également la Fédération : cependant, l'analyse sérieuse et approfondie du projet de loi pointe vers une tout autre conclusion. Ici, l'objectif allégué ne représente pas une justification, mais bel et bien un prétexte. Il est fondamental de rappeler que la recherche n'est pas un potage, et que l'uniformisation recherchée par l'abolition des trois Fonds augure une perte pour la variété et la richesse qui caractérisent la science au Québec. « Le gouvernement a ici une belle occasion de montrer qu'effectivement, l'intégrité fait partie de l'ADN de la CAQ », affirme Finn Makela, vice-président de la FQPPU. « Nous l'encourageons à nous consulter pour trouver de réelles solutions pour relever ce défi majeur. Cela, bien sûr, si l'intersectorialité, la multidisciplinarité et la collaboration constituent pour le gouvernement des ambitions véritables ! »
Depuis 1991, la FQPPU est l'instance de concertation et de représentation du corps professoral universitaire québécois.
SOURCE Fédération québécoise des professeures et professeurs d'université
Émile Bordeleau-Pitre, conseiller aux communications, 514-692-3643, [email protected]
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