La transformation des soins de santé: une responsabilité partagée
OTTAWA, le 4 août /CNW Telbec/ - L'Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC) a accueilli avec un mélange d'optimisme et d'inquiétude le nouveau rapport de l'Association médicale canadienne (AMC) sur la transformation des soins de santé.
"Il faut féliciter l'AMC de contribuer au débat sur la transformation du système de santé", a déclaré la présidente de l'AIIC, Judith Shamian. "Nous nous réjouissons de voir que beaucoup des recommandations sont harmonisées avec des réformes que les infirmières et infirmiers autorisés proposent depuis des années, y compris l'amélioration pour les patients de l'accès aux soins à domicile et aux soins de longue durée et une convergence plus prédominante sur les déterminants sociaux de la santé. Les infirmières et les infirmiers du Canada souhaitent une discussion ouverte et franche sur la meilleure façon d'appliquer ces réformes."
L'AIIC est d'avis qu'il faut faire progresser et améliorer le système de santé du Canada afin que les membres de sa population puissent avoir accès à un éventail complet de services sans compromettre leur situation financière. Par ailleurs, nous devons tous faire progresser le système dans le contexte d'un cadre de rentabilité. Mais si l'AIIC est d'accord qu'il y a longtemps qu'on aurait dû agir pour transformer le système de santé, il n'est pas clair comment les recommandations stratégiques de l'AMC permettront, en fait, de répondre aux besoins légitimes en soins de santé des Canadiens à un coût abordable pour le Trésor.
"Certaines des recommandations présentées dans le rapport nous préoccupent sérieusement, a déclaré Mme Shamian, surtout celle qui préconise la réouverture de la Loi canadienne sur la santé."
L'AIIC croit qu'il est nécessaire de modifier la Loi pour pouvoir offrir des services uniformes aux Canadiens dans les domaines qui ne sont pas couverts actuellement - comme les services de réadaptation, les soins préventifs, les soins à domicile et d'autres encore. L'ouverture de la Loi canadienne sur la santé pourrait donner naissance à une situation précaire qui mettrait en danger l'esprit de la Loi. Dans son document, l'AMC propose des modifications importantes de la Loi et notamment un éventail de possibilités de financement et d'incitatifs au rendement ouvrant la porte aux services de soins privés à but lucratif qui feraient directement concurrence au système public.
"Dans son rapport, l'AMC a préconisé 'le courage et le leadership politiques', ainsi que la flexibilité à partir de l'intérieur des professions de la santé", a signalé la directrice générale de l'AIIC, Rachel Bard, qui a ajouté : "Nous devons demander ce que la communauté médicale est prête à modifier dans le contexte de sa contribution à la transformation du système de santé. Nous ne pouvons bâtir un système de santé transformé et axé sur les patients en fonction d'un modèle de prestation axé sur les médecins." L'AIIC signale que même dans les domaines qu'elle pourrait appuyer, comme le dossier de santé électronique pour tous les Canadiens, le rapport adopte un ton axé sur le "dossier médical" et les médecins et préconise que le gros des investissements concerne le recours aux médecins plutôt qu'aux équipes de santé.
Selon l'AIIC, beaucoup d'autres professionnels de la santé - infirmières praticiennes, physiothérapeutes et psychologues, notamment - constituent des points d'entrée rentables dans le système de soins de santé. "Nous savons, par exemple, que la plupart des Canadiens favorisent un rôle élargi pour les infirmières et infirmiers praticiens", a déclaré Mme Shamian. Trois Canadiens sur quatre affirment qu'ils se sentiraient à l'aise de consulter une infirmière praticienne plutôt que leur médecin de famille. Un sondage Harris-Decima et Presse canadienne réalisé en 2009 a révélé que 88 p. 100 des répondants seraient à l'aise d'être traités par une infirmière praticienne dans une clinique sans rendez-vous. Des études montrent que l'ajout de l'infirmière autorisée dans un cabinet de médecine familiale a un effet positif énorme sur le nombre de patients qu'il est possible de servir.
À large échelle, de telles stratégies rentables atténueront le goulot d'étranglement que constitue le recours aux médecins et qui ralentit l'accès aux soins de santé en temps opportun.
"Nous avons hâte de réinscrire au programme politique la réforme des soins de santé", a déclaré Mme Shamian. Pour l'AIIC, la réforme des soins de santé inclut toutefois les politiques générales sur le logement, la santé des personnes qui vieillissent, le soutien du revenu, sans compter qu'il faut réfléchir à l'utilisation des ressources dans tout le système au lieu de supposer qu'il faut toujours en ajouter davantage.
Selon Mme Shamian, la profession infirmière propose "des solutions rentables axées sur l'avenir pour assurer qu'il est vraiment possible de répondre aux besoins généraux de tous les Canadiens dans le domaine de la santé de façon viable dans le contexte du système de santé public. L'AIIC créera de nouvelles possibilités de mobiliser les professionnels de la santé, les gouvernements et les décideurs s'ils participent à des dialogues réels sur la transformation du système".
Porte-parole national de la profession infirmière au Canada, l'AIIC est une fédération de 11 associations et ordres d'infirmières des provinces et des territoires qui représente plus de 139 893 infirmières et infirmiers autorisés. L'AIIC est d'avis que la viabilité d'un système de santé sans but lucratif, financé par le secteur public et de qualité repose sur des effectifs infirmiers dynamiques.
Renseignements: Heike Hemlin, Coordonnatrice des communications, Association des infirmières et infirmiers du Canada, Téléphone: 613-237-2159, poste 536, Courriel: [email protected]
Partager cet article