La violence à l'école: la majorité des enseignantes et enseignants en est
victime - La FAE dénonce l'inaction du gouvernement et lance une campagne de
sensibilisation
MONTRÉAL, le 12 mai /CNW Telbec/ - Un sondage Léger Marketing(1) réalisé en mars 2010 et auquel plus de 2000 enseignantes et enseignants ont participé révèle que 85 % des enseignantes et enseignants affirment être victimes de violence psychologique ou verbale et la moitié d'entre eux a vécu une forme de violence physique.
En avril 2008, le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) lançait un plan d'action pour prévenir la violence à l'école.
Deux ans plus tard, force est de constater que le ministère n'a toujours pas produit l'état de situation promis et qu'il n'a surtout pas respecté ses engagements pour préserver et réduire la violence dans les écoles du Québec.
"En 2008, nous avions émis de sérieuses réserves quant au plan ministériel et sur le fait que le ministère négligeait les mesures d'intervention directes auprès des élèves. Nous avions insisté sur la nécessité de mettre en place pour le personnel enseignant les conditions pour contrer cette violence et sur l'importance de lui offrir un soutien constant de la part des directions d'établissement pour l'enrayer. Il est déplorable de constater que malgré ce sérieux avertissement, rien n'a été fait pour améliorer les conditions d'exercice dans lesquelles œuvrent les enseignantes et enseignants et leur assurer un cadre sécuritaire de travail", a déclaré Pierre St-Germain, président de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE).
Formes de violence
Les formes de violence psychologique ou verbale les plus couramment rencontrées par le personnel enseignant sont :
- les propos méprisants (74 %); - l'intimidation (46 %); - les menaces d'agression physique (35 %); - le harcèlement (25 %).
Fait non négligeable, le sondage démontre que cette violence psychologique ou verbale apparaît dès le préscolaire et demeure constante jusqu'à la fin du secondaire. Près du quart (23 %) des enseignantes et enseignants indique subir des actes de violence psychologique ou verbale sur une base régulière.
De plus, la moitié des enseignantes et enseignants sondés a été victime de violence physique.
La violence contribue à la détresse psychologique
Ce sondage s'ajoute aux données de l'étude sur la détresse psychologique des enseignantes et enseignants, rendue publique récemment, qui démontrait que près de la moitié de ceux-ci vit de l'anxiété et que 60 % d'entre eux présentent des symptômes d'épuisement professionnel au moins une fois par mois. En effet, 85 % des personnes sondées ayant été victimes de violence affirment avoir éprouvé des répercussions sur leur santé physique ou psychologique et qui a parfois entraîné un arrêt de travail. Fait troublant, au moment où les réseaux vivent une sérieuse pénurie de personnel et où le gouvernement nous répète qu'il souhaite une plus grande stabilité du personnel, 45 % des enseignantes et enseignants victimes de violence ont affirmé mener une réflexion quant à la possibilité de quitter la profession.
Absence de soutien pour contrer la violence
Le sondage met en évidence le peu de soutien reçu par les victimes de violence. La moitié des victimes de violence indique n'avoir reçu aucun soutien de la direction de leur école à la suite des actes de violence subis. Seule une faible proportion d'enseignantes et enseignants affirme que leur école a préparé un document faisant état des manifestations de violence et des actions pour la prévenir et la traiter.
Les enseignantes et enseignants semblent assez démunis pour faire face à la violence dans leur milieu de travail. Seulement 21 % du personnel enseignant juge avoir reçu une formation adéquate pour faire face à la violence dans leur milieu de travail.
"On nous reproche souvent d'être alarmiste lorsque nous dénonçons les conditions difficiles dans lesquelles doit évoluer quotidiennement le personnel enseignant. Pourtant, cette situation est bien réelle et très préoccupante et ce qui est encore plus désastreux c'est que le ministère ne semble pas partager avec nous l'urgence d'intervenir malgré le plan ministériel de 2008. Si l'étude sur la détresse psychologique a pu démontrer à quel point les enseignantes et enseignants ont subi au fil des ans les séquelles de la dépossession de leurs moyens par l'imposition d'une tâche de plus en plus lourde sans les ressources nécessaires pour réaliser adéquatement leur travail, ce sondage montre à quel point il est essentiel de mettre en place, à l'école, tous les éléments pour en faire un milieu de vie sain, sécuritaire et respectueux des gens qui la fréquentent et qui y travaillent quotidiennement. Or, on le constate, les moyens pour prévenir et contrer la violence à l'école ne sont pas au rendez-vous. La violence sous toutes ses formes demeure inadmissible. Ce message doit être véhiculé partout en société, mais doit aussi être bien compris par les directions d'établissement", précise le président de la FAE, Pierre St-Germain.
Touche pas à mon prof
Devant l'inaction gouvernementale et compte tenu de l'importance de s'attaquer à ce fléau, la Fédération autonome de l'enseignement annonce aujourd'hui qu'elle entreprend une campagne de sensibilisation pour mettre un terme à la violence dont sont victimes les enseignantes et enseignants. Le thème "Touche pas à mon prof" apparaîtra sur des affiches et des macarons qui seront distribués en milieu scolaire. La FAE souhaite interpeller de la sorte les élèves, les directions d'établissement, les parents et toutes les personnes qui croient essentiel d'enrayer l'escalade de cette violence.
"Ce doit être tolérance zéro en ce qui concerne la violence et les enseignantes et enseignants doivent pouvoir compter sur un soutien indéfectible et inconditionnel de la part de tous les acteurs sociaux. Il faut qu'ils comprennent que lorsqu'on s'attaque aux enseignantes et enseignants, on s'attaque au symbole même de l'école. Actuellement, le personnel enseignant ne dispose ni des conditions, ni des moyens pour contrer cette violence, pas plus que des conditions inhérentes à l'accomplissement de sa mission première qui est d'enseigner. Nous exigeons du gouvernement et des commissions scolaires plus que de la compassion, mais de l'action; qu'ils cessent de tergiverser et qu'ils se dotent, de concert avec les enseignantes et enseignants, d'un véritable plan d'action pour contrer la violence. L'absence de reconnaissance, le manque de soutien de la part des directions et des classes qui débordent, voilà des conditions qui entretiennent une forme de mépris envers le personnel enseignant et ça aussi c'est une forme de violence insidieuse", ajoute Pierre St-Germain.
La FAE regroupe neuf syndicats de l'enseignement qui représentent quelque 30 000 enseignantes et enseignants (le tiers du personnel enseignant au Québec) du préscolaire, du primaire, du secondaire, du milieu carcéral, de la formation professionnelle et de l'éducation des adultes ainsi que le personnel scolaire des écoles Peter Hall et du Centre académique Fournier.
------------------------- (1) Le sondage WEB a été réalisé du 2 février au 1er mars 2010 auprès d'un échantillon représentatif de 2082 enseignantes et enseignants des neuf syndicats de la FAE. La marge d'erreur est de +/-2,06%, et ce, 19 fois sur 20.
Renseignements: Armand Dubois, conseiller aux communications, (514) 666-7763, poste 296 - bureau, (514) 910-1754 - cellulaire; Source: Fédération autonome de l'enseignement
Partager cet article