Selon une analyse inédite, les changements climatiques pourraient entraîner des coûts financiers majeurs dans le secteur d'habitation au Québec et au Canada, à moins qu'une partie des nouvelles constructions ne soit relocalisée vers des zones sécuritaires.
MONTRÉAL, le 6 févr. 2025 /CNW/ - Selon les règles de construction actuelles à travers le Canada, jusqu'à 540 000 nouvelles habitations pourraient être construites dans des zones vulnérables aux inondations, et 220 000 dans des secteurs à haut risque de feux de forêt d'ici 2030. Et la facture sera particulièrement salée, selon un tout nouveau rapport de l'Institut climatique du Canada (ICC) rendu public aujourd'hui. Selon l'Institut, les propriétaires, les assureurs et les gouvernements pourraient être forcés de débourser plus de trois milliards de dollars par an à l'échelle du Canada pour aider la reconstruction et offrir de l'aide aux sinistrés.
Un enjeu majeur pour le Québec
Au Québec, où les coûts liés aux catastrophes climatiques pourraient atteindre 214 millions de dollars par an, les inondations printanières et les feux de forêt récents ont causé des ravages sans précédent. Le rapport souligne l'urgence pour le gouvernement du Québec et les municipalités d'adopter des politiques d'aménagement du territoire limitant la construction en zones vulnérables.
Le rapport met en évidence une solution claire : déplacer seulement 3 % des nouveaux chantiers vers des zones plus sûres permettrait d'éviter 80 % des pertes financières anticipées d'ici 2030. Une planification rigoureuse pourrait ainsi préserver des milliards de dollars tout en garantissant la sécurité des Québécoises et Québécois.
Le rapport, intitulé Des risques à nos portes : construire de nouveaux logements à l'abri des impacts climatiques, révèle que les coûts associés à ces catastrophes potentielles seraient particulièrement élevés en Colombie-Britannique, où ils pourraient atteindre 2,2 milliards de dollars par an dans le pire des scénarios.
D'autres provinces ne seraient pas épargnées, avec des pertes estimées à 360 M$ au Manitoba et 220 M $ en Alberta. Au Yukon, les seules inondations pourraient faire grimper les dépenses par logement de 1 200 $, un montant bien supérieur à la moyenne nationale.
Recommandations pour un aménagement plus résilient
Soulignant que tous les ordres de gouvernement ont un rôle à jouer pour réduire la menace des catastrophes climatiques, le rapport recommande notamment les mesures suivantes :
- Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux devraient favoriser les investissements dans le logement et les infrastructures en zone à faible risque.
- Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux devraient revoir les programmes d'aide aux sinistrés pour décourager la construction risquée, par exemple en rendant inadmissibles à l'aide publique les maisons récemment construites dans une zone à haut risque.
- Le gouvernement fédéral devrait donner le pouvoir et les moyens aux communautés autochtones de bâtir des logements résilients au climat dans des zones sûres de leur territoire.
- Les gouvernements devraient créer, tenir à jour et diffuser publiquement des cartes des zones vulnérables, et exiger que l'information qu'elles contiennent soit divulguée dans les transactions immobilières afin que propriétaires, locataires et promoteurs puissent prendre des décisions éclairées.
- Les gouvernements provinciaux et territoriaux devraient renforcer les politiques d'utilisation du territoire de manière à éviter la construction en zone à haut risque.
Les modèles de risques de feux de forêt utilisés dans le rapport ont été élaborés par la coopérative canadienne de services financiers Co-operators et la modélisation des risques d'inondations a été réalisée par Fathom Global. SSG (Sustainability Solutions Group) a analysé les risques futurs en matière de logement.
L'Institut climatique a également commandé le rapport Indigenous Housing and Climate Resilience, produit par Shared Value Solutions, qui met en lumière les défis uniques des Nations autochtones pour construire des logements résilients aux changements climatiques, notamment en territoire réservé. Il présente les pratiques éprouvées et propose neuf recommandations stratégiques pour renforcer leur résilience.
Le point de vue des experts
« La construction de nouveaux logements en zone vulnérable serait une erreur incroyablement coûteuse. Ce rapport phare est le premier à illustrer les coûts de l'aménagement résidentiel dans les zones à risque de feu incontrôlé ou d'inondation. Heureusement, il montre aussi qu'il existe des façons de construire les millions de logements tant attendus sans hypothéquer l'avenir : il appartient maintenant aux décideurs d'agir. » -- Rick Smith, président, Institut climatique du Canada
« Le logement le plus abordable est celui qui n'a pas à être reconstruit après une catastrophe. Il suffirait pour les gouvernements canadiens de rediriger un petit pourcentage des nouvelles constructions en lieu sûr, loin des risques d'inondation et de feu incontrôlé, pour prévenir des milliards de dollars de dommages et protéger la population. Notre nouveau rapport présente les outils dont les décideurs disposent pour favoriser la construction sécuritaire et améliorer l'abordabilité. » -- Ryan Ness, directeur de l'adaptation, Institut climatique du Canada
« Pour résoudre la crise du logement au Canada, il ne suffit pas de construire plus de logements, il faut aussi s'assurer qu'ils sont abordables à long terme. Cela implique de construire de nouveaux logements dans des endroits sûrs, capables de résister à des inondations et à des incendies de plus en plus graves. Ce nouveau rapport de l'Institut climatique met en évidence les risques financiers auxquels le Canada est confronté si la politique du logement continue d'autoriser un développement risqué, et propose des solutions concrètes pour protéger les personnes et les biens. »
-- Lisa Raitt, vice-présidente de Global Investment Banking, CIBC; coprésidente du Groupe de travail pour l'habitation et le climat
« Le Canada est à la croisée des chemins. Nous avons urgemment besoin de nouveaux logements pour rétablir l'abordabilité, mais les politiques désuètes permettent la construction en zone vulnérable aux catastrophes climatiques comme les feux incontrôlés et les inondations. Ce rapport révolutionnaire de l'Institut climatique du Canada est le premier à quantifier ce risque. Il s'agit d'un signal d'alarme pour les décideurs : des milliards de dollars sont en jeu. » -- Don Iveson, Conseiller exécutif, investissement climatique et résilience communautaire, Co-operators; coprésident du Groupe de travail pour l'habitation et le climat; et membre du groupe d'experts sur l'adaptation, Institut climatique du Canada
« Les changements climatiques ne sont plus des risques lointains: ils façonnent déjà nos réalités et amplifient les risques d'inondations et de feux de forêt. Continuer de construire des logements comme avant met nos communautés en danger et entraîne des coûts majeurs pour l'ensemble de la population. C'est pourquoi il est urgent d'adopter et de mettre en œuvre des politiques strictes et durables qui dirigent les nouvelles constructions vers des zones sécuritaires. » -- Alain Webster, président du Comité consultatif sur les changements climatiques du Québec
« S'il faut bâtir rapidement de nouvelles habitations pour répondre à la crise du logement actuelle au pays, les construire dans des zones à risques d'inondations ou de deux de forêt ne fera qu'augmenter les coûts et accentuer le problème. Le rapport de l'Institut climatique met en garde les gouvernements contre le laxisme dans l'encadrement de la construction dans les zones à risque. » -- Caroline Larrivée, directrice de la programmation scientifique à Ouranos
« Co-operators a aidé des milliers de personnes à s'orienter et à se rétablir après avoir perdu leur maison et leurs moyens de subsistance à la suite de catastrophes météorologiques, de feux de forêt et d'inondations - une réalité dont la fréquence et la gravité ne cessent d'augmenter. Nous sommes fiers de nous associer à l'Institut climatique pour aider des millions d'autres personnes en partageant nos renseignements et notre expertise dans le cadre de cette analyse, afin de réduire les risques, d'influencer les décisions politiques, d'accroître l'accessibilité financière et d'atténuer les dommages et les pertes lorsque les événements inévitables se produisent.» -- Robert Wesseling, Directeur général, Co-operators
« Il est de plus en plus risqué d'habiter, de travailler et de s'assurer au Canada. La météo extrême, exacerbée par les changements climatiques, menace nos familles, nos collectivités et notre économie. Ce nouveau rapport de l'Institut climatique du Canada fait valoir l'importance d'éviter les coûts et les risques inacceptables du statu quo et fournit des recommandations pragmatiques pour préserver l'assurabilité et répondre à la crise du logement. » -- Jason Clark, directeur national, Défense des changements climatiques, Bureau d'assurance du Canada; et président, Un Canada résistant au climat
« Aux premières lignes des crises du climat et du logement, les autorités municipales seront des partenaires essentielles pour protéger la population et les collectivités de la menace climatique grandissante. Ce rapport fait valoir l'urgence pour les différents secteurs et ordres de gouvernement de se coordonner afin de protéger le Canada des inondations et des feux incontrôlés toujours plus dangereux. » -- Carole Saab, directrice générale, Fédération canadienne des municipalités
RESSOURCES
- Rapport | Des risques à nos portes : construire de nouveaux logements à l'abri des impacts climatiques
- Balado | Climat en bref
- Billet de blogue | Québec ne doit pas céder aux pressions politiques sur les cartes inondables
- Billet de blogue | De Los Angeles à Jasper : comment le Canada peut mieux se préparer aux feux incontrôlés
- Fiche de renseignements | Changements climatiques et feux de forêt
- Fiche de renseignements | Changements climatiques et inondations
À propos de l'Institut climatique du Canada
L'Institut climatique du Canada est l'organisme par excellence au pays pour la recherche sur les politiques climatiques. Il produit des analyses rigoureuses, des modélisations économiques et des études approfondies pour stimuler la croissance économique propre et la concurrentialité sobre en carbone, pour réduire les émissions et accélérer la transition du Canada vers la carboneutralité, et pour augmenter la résilience de l'économie et des infrastructures face au réchauffement climatique.
SOURCE L'Institut climatique du Canada
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Renseignements et demandes médias : Claudine Brulé (heure de l'Est), Cheffe, communications et relations externes, Institut climatique du Canada, [email protected], 514 358-8525
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