L'approbation de Keystone n'est qu'un élément de la solution pour le secteur énergétique canadien English
L'augmentation de la production aux États-Unis, l'influence croissante des marchés asiatiques et la concurrence accrue pour les investissements posent des défis pour l'industrie au Canada
TORONTO, le 3 avril 2013 /CNW/ - Bien que l'approbation de l'oléoduc Keystone soit importante, elle ne permettra pas à elle seule de surmonter les défis avec lesquels le secteur pétrolier et gazier du Canada est aux prises, peut-on lire dans un nouveau rapport de Marchés mondiaux CIBC.
« Keystone améliorera l'accès aux États-Unis et limitera les écarts de prix défavorables pour les producteurs de l'Ouest canadien », indique Avery Shenfeld, économiste en chef à la Banque CIBC. « Cependant, certains événements survenus récemment au sein de l'industrie pétrolière mondiale, que ce soit au Venezuela, en Iraq, au Dakota du Nord, au Mexique, en Californie ou en Chine, donnent à penser que Keystone n'est qu'une pièce importante parmi plusieurs autres dans le grand puzzle du secteur de l'énergie au Canada. »
« On observe trois tendances clés, soit les perspectives de plus en plus prometteuses pour l'exploitation de l'huile de schiste aux États-Unis, le déplacement vers l'Asie de la croissance de la consommation et le nombre grandissant de pays producteurs de pétrole ouverts à la participation étrangère. Chacune de ces tendances représente un défi pour le Canada en ce qui a trait à l'optimisation de sa base de ressources. »
Comme il est indiqué dans le rapport, l'huile de schiste qui ne représentait il y a cinq ans qu'une part négligeable de la production des États-Unis compte maintenant pour près du tiers de celle-ci. Au prix de 40 $ à 60 $ le baril, les coûts du cycle complet de l'huile de schiste aux États-Unis sont largement inférieurs à ceux d'une exploitation de sables bitumineux conventionnelle, mais supérieurs à ceux de la plupart des pays du Moyen-Orient. De plus, ce pétrole se retrouve maintenant en concurrence pour l'accès aux mêmes circuits qui sont utilisés pour acheminer le brut canadien vers le marché.
« L'incidence conjuguée de l'augmentation de la production de schiste aux États-Unis et de la trajectoire beaucoup plus modérée de croissance de la demande à moyen terme dans ce pays fait en sorte que les besoins d'importations nettes des Américains viendront inévitablement contrecarrer les projets du Canada d'accroître sa production de deux millions de barils par jour pour le reste de la présente décennie », ajoute M. Shenfeld.
Il est donc improbable que le Canada conserve encore longtemps l'avantage dont il jouissait habituellement en tant que voisin direct du plus grand importateur de pétrole à l'échelle mondiale. En fait, selon les prévisions, la Chine devrait supplanter les États-Unis comme principal importateur de pétrole dans le monde en 2013. Il y a à peine une décennie, le pays produisait encore plus de pétrole qu'il n'en consommait.
« Le monde a encore besoin du brut du Canada, puisque la demande devrait encore augmenter considérablement en Asie, et nous ne croyons pas que les conditions de l'offre et de la demande permettront de maintenir les prix éternellement en deçà du seuil de rentabilité pour les projets canadiens », souligne M. Shenfeld. « Cependant, il est de plus en plus important que le Canada aille de l'avant avec un ou plusieurs des autres projets d'oléoducs qui permettront à notre pétrole de prendre la direction de l'Asie. Les marchés pétroliers des régions du centre et de l'est du Canada représentent une autre option, mais la croissance de la demande à long terme risque d'y être médiocre également. »
Selon le rapport, la concurrence mondiale est également en train de transformer le secteur de l'énergie alors que des pays comme l'Iraq, le Mexique et le Venezuela mettent maintenant l'accent sur le développement de leur production destinée à l'exportation.
« Le Canada était auparavant l'un des rares pays favorables aux capitaux étrangers dans le secteur pétrolier », écrit Peter Buchanan, économiste principal à la Banque CIBC, dans le rapport. « Il y a tout juste dix ans, près des trois quarts des réserves de pétrole mondiales étaient inaccessibles aux grandes sociétés internationales, parce qu'elles étaient exploitées par des sociétés d'État, parce que cela était purement et simplement interdit, pour des raisons de sécurité ou pour d'autres motifs. »
Comme le souligne M. Buchanan, beaucoup de pays sont aujourd'hui à la recherche d'investisseurs pour développer et accroître leur production. Les États-Unis ne sont pas seuls dans cette situation : l'Iraq est maintenant en pleine reconstruction, le Mexique semble plus ouvert à l'afflux des capitaux et de l'expertise de l'étranger, tandis que les vents du changement politique pourraient entraîner la même évolution un jour au Venezuela.
M. Shenfeld est d'avis qu'en matière d'oléoducs, il faudra de la transparence pour attirer les capitaux, tant nationaux qu'étrangers, qui sont requis pour financer la croissance de la production canadienne. Il estime également que les gouvernements devront en faire plus pour obtenir l'investissement nécessaire.
« Sur le plan des politiques canadiennes, cela veut dire que même si Ottawa a imposé de nouvelles restrictions quant aux activités des entreprises d'État étrangères dans le secteur des sables bitumineux, il pourrait devoir prendre d'autres mesures allant dans le sens contraire. La concurrence étant plus vive pour l'obtention de l'argent des investisseurs, les gouvernements fédéral et provinciaux auront, dans leur lutte aux déficits, moins de marge de manœuvre qu'auparavant pour imposer des taxes et des redevances. »
« Les oléoducs et les redevances, pourvu qu'elles soient raisonnables, joueront un rôle déterminant pour éviter qu'on ne tue la poule aux œufs d'or noir. »
Vous pouvez consulter le rapport intégral de Marchés mondiaux CIBC à http://research.cibcwm.com/economic_public/download/eiapr13.pdf.
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SOURCE : Marchés Mondiaux CIBC
Avery Shenfeld, économiste en chef, 416 594-7356, [email protected]; Kevin Dove, Communications et affaires publiques, 416 980-8835, [email protected]
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