L'Association des pharmaciens du Canada répond à la lettre de la ministre de
la Santé concernant les propositions relatives à la réforme ontarienne sur
les médicaments
OTTAWA, le 3 mai /CNW Telbec/ - Le 12 avril, la ministre de la Santé et des Soins de longue durée, Deb Matthews, a envoyé une lettre aux ministres provinciaux au sujet des problèmes soulevés par la réforme relative aux médicaments. En ce faisant, la ministre a fait monter la question sur la scène nationale, obligeant ainsi l'Association des pharmaciens du Canada (APhC) à prendre position au nom de tous les pharmaciens du Canada.
Nous pensons que les problèmes à long terme ont été ignorés et que le gouvernement et la pharmacie doivent travailler main dans la main pour trouver une meilleure solution.
le 3 mai 2010 Honorable Deb Matthews courriel : [email protected] Ministre de la Santé et des Soins de longue durée Hepburn Block, 10th Floor 80 Grosvenor Street Toronto, ON M7A 2C4
Madame la Ministre,
Votre récente lettre adressée aux ministres de la Santé provinciaux a attiré notre attention. Votre décision de faire monter le problème sur la scène nationale oblige l'Association des pharmaciens du Canada (APhC) à prendre position au nom de tous les pharmaciens canadiens.
Il va sans dire que tous les pharmaciens appuient les valeurs mentionnées dans le deuxième paragraphe de votre lettre, soit "prodiguer aux patients les soins de la plus haute qualité; assurer la viabilité de nos systèmes de soins; prendre la responsabilité des finances publiques et défendre les plus vulnérables", car il s'agit des valeurs qu'ils suivent au quotidien.
Le contenu de votre lettre était axé en grande partie sur la proposition d'éliminer les indemnités professionnelles, auxquelles vous semblez donner une connotation négative en disant que vous proposez de "nettoyer le système". Permettez-nous de nous objecter contre les implications négatives de cette affirmation pour les pharmaciens. Comme le dit clairement Grootendorst1, économiste respecté en matière de santé, dans son article préparé à l'intention du Bureau de la concurrence, ces indemnités ont été créées en réponse aux politiques successives du gouvernement de l'Ontario depuis le lancement du Programme de médicaments de la province. Le gouvernement ontarien a rendu ce problème encore plus compliqué en refusant d'augmenter notablement les indemnités professionnelles des pharmaciens pour des services fournis dans le cadre de ce programme. Le gouvernement et les assureurs privés ont été heureux que les fabricants de génériques indemnisent à leur place la prestation de services pharmaceutiques au cours de ces 20 dernières années. Pour résumer, le gouvernement de l'Ontario est grandement responsable de l'état actuel des choses.
Vous avez également exagéré les problèmes soulevés par la vérification des indemnités professionnelles. On explique clairement à l'article 1(8) du règlement ontarien 201/96 que les indemnités professionnelles peuvent être considérées comme des salaires. Pour toute personne ouvrant au sein des soins de santé, il est clair que les salaires englobent la plupart des coûts de la prestation d'un service. Par conséquent, il n'est pas vraiment étonnant qu'on signale un taux de non-respect de 3 %. Le problème du recyclage n'a été soulevé que par une poignée de pharmaciens, et il nous semble injuste de condamner la profession tout entière pour les faits et gestes d'un petit nombre. De par la nature et l'exercice de leur profession, les pharmaciens observent très scrupuleusement la Loi. D'ailleurs, leurs règlements professionnels et leur code d'éthique les y obligent.
Comme nous venons de l'expliquer, les propositions de réforme auront des effets négatifs sur la population ontarienne. En 2003, le gouvernement de l'Afrique du Sud a mis en ouvre un schéma similaire, en vertu duquel on abolissait toute forme de remises et rabais, sans récompenser adéquatement les pharmaciens. Le résultat en a été la fermeture de plus de 500 pharmacies de proximité2.
En Ontario, dans le meilleur des cas, le public se verra grandement réduit l'accès aux pharmaciens et devra payer pour des services actuellement financés en vertu des règlements sur les indemnités professionnelles, votés par votre gouvernement en 2006. De plus, l'augmentation proposée des indemnités professionnelles ne peut combler l'écart largement reconnu entre le coût de la prestation de services et les indemnités versées. Si vous ne croyez pas à l'existence de cet écart, un pas dans la bonne direction serait de conclure un partenariat entre votre gouvernement et la pharmacie pour en déterminer l'ampleur.
Nous aimerions également attirer votre attention sur les conséquences à long terme. Une mesure essentielle qui pourrait assurer la viabilité du système de soins de santé serait la mise sur pied des dossiers de santé électroniques universels interexploitables s'accompagnant d'un système de prescription électronique. Cependant, étant donné l'impact dévastateur des réformes proposées sur la pharmacie, le gouvernement devra en assumer tout seul la subvention.
D'autres options existent. D'abord, la réduction des prix de génériques n'est pas incompatible avec le versement d'indemnités professionnelles. Le meilleur exemple actuel est celui de la Grande-Bretagne. Là-bas, les prix des génériques sont parmi les plus bas du monde. Ce résultat a été obtenu grâce au partenariat conclu entre le gouvernement et la pharmacie, qui a mené à la signature d'un contrat dont la structure incite les pharmaciens à acheter des génériques à un bas prix et à garder une partie des économies ainsi réalisées. Récemment, le National Audit Office3 a fait un rapport favorable sur ce schéma, appelé "marge retenue", en faisant état d'économies à hauteur de 1,8 milliard de livres sterling et d'une rentabilité de la pharmacie accrue de 8 %.
À titre d'association vouée aux soins de santé, nous reconnaissons le besoin d'une réforme du système de délivrance des médicaments. Nous avons été des partisans convaincus d'une stratégie pharmaceutique nationale, et avons été déçus lorsque le processus FPT n'a pas réussi à enregistrer des progrès à cet égard. Nous avons également soutenu le fait que les prix des médicaments génériques devraient être réglementés de la même manière que le fait le Conseil d'examen du prix des médicaments brevetés.
Depuis 2006, nous menons une initiative nationale majeure en vue de préparer l'avenir de la pharmacie. L'initiative du Plan directeur pour la pharmacie4 a été appuyée par 78 organisations pharmaceutiques, incluant toutes les principales chaînes de pharmacie. Il faut faire des réformes sur le plan des ressources humaines en pharmacie, des lois, règlements et responsabilités, de l'éducation et de la formation et de l'adoption des technologies de l'information, mais surtout, toutes ces réformes doivent être entreprises dans un cadre qui maintient la viabilité et la pérennité financières. En fait, il est impossible de modifier une seule pièce de ce casse-tête et de garantir ainsi au public un quelconque gain. Nous accueillons très favorablement votre proposition visant à verser des montants additionnels pour de nouveaux services professionnels, et cela nous semble un pas en avant dans la bonne direction, mais elle ne pourra pas fonctionner si d'autres propositions viennent saper le modèle de financement actuel.
Il est facile pour le gouvernement de livrer un problème en pâture à l'opinion publique, mais un gouvernement digne de ce nom fournit une direction, et des discussions plus en profondeur sont réellement nécessaires. Les Ontariens apprécient et respectent les services de haute qualité que leurs pharmaciens communautaires leur fournissent. Le gouvernement et la pharmacie doivent travailler main dans la main pour maintenir cette haute qualité et pour assurer la viabilité et la pérennité d'un système de soins de la santé qui répond aux besoins des générations futures.
Nous vous prions d'accepter, Madame la Ministre, l'expression de notre haute considération.
Le président, Dwight Ball cc Dennis Darby, P-D-G, Ontario Pharmacists' Association, Nadine Saby, Présidente et directrice générale de l'Association des chaînes de pharmacie, Ben Shenouda, Président, Independent Pharmacists of Ontario Références 1. http://individual.utoronto.ca/grootendorst/workingpapers.htm 2. Communication personnelle, Johan Bothma, Community Pharmacy Sector, Pharmaceutical Society of South Africa 3. www.nao.org.uk/publications/0910/communitypharmacy.aspx 4. www.pharmacists.ca/blueprint
À propos de l'Association des pharmaciens du Canada
L'Association des pharmaciens du Canada est l'organisation nationale des pharmaciens, qui assume la direction de la profession et s'investit dans amélioration de la santé des Canadiens.
Renseignements: Jennifer L. Hood, Spécialiste en communications, Association des pharmaciens du Canada, (613) 523-7877, 1-800-917-9489 x219, [email protected]
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