L'Association québécoise Plaidoyer-Victimes questionne les visées du projet
de loi C-4, Loi modifiant la Loi sur le système de justice pénale pour
adolescents
MONTRÉAL, le 8 avr. /CNW Telbec/ - Depuis 1984, l'Association québécoise Plaidoyer-Victimes (AQPV) travaille à la mise en œuvre d'une justice plus équitable et plus humaine à l'endroit des victimes d'actes criminels. Dans nos actions et représentations, nous avons toujours été préoccupés par le difficile équilibre que l'on doit maintenir entre la protection des victimes et la réhabilitation des contrevenants. Encore aujourd'hui, nous ne croyons pas que le fait de réclamer un système de justice plus répressif se traduira automatiquement par une plus grande protection des victimes et que c'est le meilleur mécanisme pour contrer ou diminuer les impacts de la victimisation criminelle.
Pour ces raisons, il nous est difficile d'adhérer aux visées du projet de loi C-4, Loi modifiant la Loi sur le système de justice pénale pour adolescents (LSJPA) déposé le 16 mars 2010 par le gouvernement conservateur. Comme d'autres organismes impliqués dans le champ de la justice pénale, nous sommes d'avis que ce projet de loi marque un retour en arrière quant aux pratiques et à l'expertise que le Québec a développées dans la prise en charge et la réinsertion sociale des jeunes contrevenants. Il marque une rupture importante avec la philosophie de traitement de ces jeunes et ouvre la voie à un glissement non souhaitable vers l'intégration dans le système de justice pénale pour les adolescents de mesures calquées sur le système de justice pour les adultes.
En tant qu'organisme de défense des droits des victimes, nous déplorons le fait que le gouvernement actuel "instrumentalise" les victimes avec ce projet de loi en voulant durcir la loi à l'endroit des jeunes contrevenants sans qu'on ait entrepris une véritable consultation auprès des personnes concernées et des organismes qui, depuis au moins trois décennies, s'impliquent à leurs côtés et ont adhéré à leur cause.
Les victimes ne forment pas un groupe monolithique. Elles n'ont ni les mêmes trajectoires, ni les mêmes besoins et réactions face aux contrecoups du crime. Comme le montrent plusieurs études, elles ne souhaitent pas des mesures plus punitives que d'autres citoyens. La voix des victimes est plurielle. Elle doit être entendue dans le respect de leurs différences et des parcours qu'elles empruntent. Prétendre le contraire est réducteur.
Malheureusement, les victimes sont souvent associées à des programmes de répression de la criminalité. Ce discours ne traduit pas la position de l'ensemble des victimes avec les nuances qui s'imposent et il est de plus en plus dénoncé dans plusieurs pays. Il ne sert pas la cause des victimes et nous déplorons que le Canada s'engage dans cette voie, notamment avec le projet de loi C-4.
L'AQPV soutient que des mesures visant à aider les parents et les familles, à réduire la pauvreté et les inégalités sont essentielles pour contrer et réduire la victimisation criminelle. Elles sont aussi davantage susceptibles de conduire à une réduction de la criminalité. C'est un défi pour l'ensemble de notre société que de faire de nos jeunes des citoyens respectueux des lois. Il nous incombe aussi d'assumer pleinement nos responsabilités à leur endroit.
Par ailleurs, le gouvernement actuel a encore beaucoup à faire pour actualiser les droits des victimes, pour leur assurer une plus grande participation dans le système de justice pénale et l'accès à des services leur permettant de se rétablir. Les politiques, législations et programmes à l'endroit des victimes et des contrevenants doivent s'appuyer sur une vision à long terme et éviter toute visée électoraliste.
Enfin, l'AQPV demande à être entendue lors du processus de consultation avant l'entrée en vigueur de la loi.
L'Association québécoise Plaidoyer-Victimes, organisme communautaire à but non lucratif créé en 1984, a pour mission la défense et la promotion des droits et des intérêts des victimes d'actes criminels.
Renseignements: Arlène Gaudreault, présidente, Association québécoise Plaidoyer-Victimes, (514) 526-9037
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