Le 28 avril: toujours trop de morts sur les chantiers québécois
MONTRÉAL, le 28 avr. /CNW Telbec/ - La santé et la sécurité au travail demeurent un enjeu central des négociations pour le renouvellement des conventions collectives dans l'industrie de la construction au Québec, mais peu de progrès a été réalisé jusqu'à ce jour à la table de négociation.
C'est le triste constat que fait le président de la Fédération de la CSN-Construction, Aldo Paolinelli, en cette Journée internationale de commémoration des travailleuses et travailleurs morts ou blessés au travail.
"Tous secteurs d'activité confondus, l'industrie de la construction brille comme championne au Québec, pour le nombre de travailleurs morts. Ce secteur, avec 5 % de la main d'œuvre au Québec, y compte pour le quart des morts reliées au travail", a déclaré Aldo Paolinelli lors d'une conférence de presse sous l'échangeur Turcot, à Montréal.
Durant la décennie 1998 - 2007, 179 des 415 morts reliées au travail par la Commission de la santé et de la sécurité au travail du Québec sont survenues dans le secteur de la construction, a noté M. Paolinelli.
La CSN-Construction est l'une des quatre membres de l'Alliance syndicale actuellement en négociation avec les associations patronales de la construction. Certaines revendications relatives à la santé et à la sécurité, parfois des éléments de base, sont essentielles pour l'Alliance. Elle exige donc :
- Des agents de prévention indépendants de l'employeur ; - Des conditions d'hygiène améliorées, tant pour les cabinets d'aisance que pour les lieux de repos et de restauration des travailleurs ; - Des vaccins pour contrer des infections pour les travailleurs à risque, dans certains métiers ; - Une limitation des affectations temporaires des accidentés durant les premiers 14 jours.
Échangeur Turcot
Aujourd'hui, avec des militants de la CSN, M. Paolinelli a souligné le décès, il y a 45 ans, de sept travailleurs dans un tragique accident au chantier de l'échangeur Turcot, lors d'une cérémonie solennelle sous les bretelles de l'imposante structure.
Ils sont morts, le 16 décembre 1965, à la suite de l'effondrement d'une section de coffrage qui venait de recevoir une coulée de 1600 tonnes de ciment. Les travailleurs y ont été enterrés. Malgré des lacunes d'ingénierie, et malgré un incident presque identique de la même firme de construction l'année précédente, après enquête, cet effondrement a été déclaré un accident.
"Un accident ? s'est questionné Aldo Paolinelli. Peut-être. Mais c'est certain que c'était une opération bâclée : mal conçue par les ingénieurs à l'emploi d'une compagnie qui ne respectait pas les normes de base, ni les règles de l'art."
"La conséquence ? Sept hommes sont décédés."
Michel Chartrand
L'implication du mythique militant de la CSN, Michel Chartrand, dans les suites qui avaient été données à cet incident a été soulignée par l'actuel président du Conseil central de Montréal métropolitain de la CSN, Gaétan Châteauneuf.
"Michel Chartrand, comme militant, puis comme président du conseil central, a été un critique acharné sur la façon dont les décès et les blessures étaient considérés, à savoir que c'était des conséquences naturelles du travail", a observé Gaétan Châteauneuf.
"Michel n'avait pas laissé passer sous silence cette tragédie, a-t-il poursuivi. Et nous voulons également, aujourd'hui, souligner le travail colossal que notre camarade a accompli pour la défense des travailleuses et des travailleurs victimes d'accidents de travail ou de maladies professionnelles. Merci Michel !"
De 1965 à 2010
Quarante-cinq ans plus tard, les décès et les blessures sur les chantiers de construction sont encore à un niveau inacceptable, a dénoncé Aldo Paolinelli. Pour lui, ce fait est dû à plusieurs causes reliées aux conditions d'emploi dans cette industrie au Québec :
- L'absence des clauses d'ancienneté ; - La précarité de l'emploi ; - L'exigence constante des employeurs d'augmenter la productivité ; - Les longues heures de travail ; - La quasi-inexistence des comités de santé et de sécurité.
Sans une transformation de cette réalité, la mort et les blessures seront des conséquences présentes et malheureuses pour les travailleuses et les travailleurs de la construction. Pour la CSN-Construction, il ne faut jamais les accepter comme naturelles ou inévitables.
"Bientôt, l'échangeur Turcot sera, encore une fois, un vaste chantier, a observé Aldo Paolinelli. Aux employeurs et au gouvernement, je vous dis : il ne faut plus de morts, ici ou ailleurs, à la suite d'accidents ou de maladies professionnelles évitables."
Renseignements: Lyle Stewart, Service des communications de la CSN, (514) 796-2066; Source: CSN-Construction
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