LE CANADA DEVRAIT Y ALLER À FOND DANS LES NÉGOCIATIONS COMMERCIALES AVEC
L'UNION EUROPÉENNE
OTTAWA, le 20 sept. /CNW/ - Dans un rapport inédit où il évalue un éventail large d'échanges commerciaux entre le Canada et l'Union européenne (UE) à l'aide de mesures allant au-delà des analyses conventionnelles, le Conference Board fait valoir que les négociations commerciales entre le Canada et l'UE comportent des enjeux plus élevés qu'on ne le pense généralement.
« En seulement une année et demie, les négociateurs canadiens et européens ont progressé rapidement vers une entente sur le commerce et l'investissement. Toutefois, les analyses commerciales conventionnelles nous donnent une image restreinte de nos relations commerciales, et le discours public sur l'entente est dominé par une attitude défensive. Si cette étroitesse persiste, l'entente pourrait tomber à l'eau et, ainsi, compromettre nos chances d'améliorer notre accès à un vaste éventail de possibilités économiques à long terme », déclare Danielle Goldfarb, directrice associée du Centre du commerce et des investissements internationaux.
« Le Canada peut adopter une position plus constructive en fonction des réalités du milieu international des affaires. Nous avons beaucoup à gagner des investissements bilatéraux, du commerce bilatéral des services, du commerce numérique bilatéral, de l'activité bilatérale au niveau des chaînes de valeur et d'autres partenariats avec l'UE à long terme. »
La société Research in Motion (RIM) — fabricant du BlackBerry, l'une des rares marques canadiennes d'envergure mondiale — illustre la réalité du commerce mondial à forte intégration. Les pièces entrant dans la fabrication du BlackBerry, qui est mis au point au Canada, proviennent de fournisseurs de partout dans le monde. RIM fabrique ses nouveaux modèles au Canada, mais en impartit ensuite la fabrication à des pays où les coûts de fabrication sont moindres comme la Hongrie. Mais la valeur du BlackBerry ne s'arrête pas aux pièces et à la confection — les contrats de services de transmission de données et de la voix auxquels les clients souscrivent au sein de l'UE et ailleurs dans le monde représentent une bonne partie des recettes de RIM. Cette gamme élargie d'activités qui permettent à RIM d'être concurrentielle sur la scène mondiale est exclue des analyses et des mesures commerciales typiques.
L'analyse du Conference Board, publiée dans un rapport intitulé Le commerce « manquant » du Canada avec l'Union européenne, a une portée plus vaste que les analyses commerciales traditionnelles, qui mettent l'accent essentiellement sur les exportations de produits. La notion de « commerce d'intégration » regroupe le commerce des services, les chaînes de valeur mondiales et régionales (y compris les pièces importées), les investissements et les ventes par les sociétés étrangères affiliées, le commerce numérique ou virtuel, et les liens entre les biens et les services. Ces formes de commerce sont sous-évaluées dans les mesures traditionnelles.
Lorsqu'on tient compte des services échangés, des pièces importées et des ventes réalisées par des sociétés canadiennes affiliées sur le territoire de l'UE, on constate que les ventes canadiennes de biens et de services à l'UE atteignent au moins 150 milliards de dollars chaque année - soit plus de quatre fois la valeur des exportations déclarées de produits (35 milliards de dollars). En 2008, les ventes de produits et de services de l'UE au Canada étaient encore plus élevées - 440 milliards de dollars contre 70 milliards pour les importations mesurées par les méthodes conventionnelles.
En fait, ce ne sont pas les exportations transfrontalières qui constituent la principale forme de commerce entre le Canada et l'UE, mais plutôt les ventes par les sociétés étrangères affiliées. De plus, contrairement aux croyances, les échanges de services entre les deux régions sont abondants et occupent une place importante plutôt que marginale.
Les auteurs du rapport constatent également que les entreprises de l'UE et du Canada non seulement s'échangent des produits finaux, mais contribuent aussi de façon significative aux chaînes de valeur des unes et des autres, maintenant leur compétitivité par des échanges de matières premières, de pièces et de services. Les chaînes de valeur entre le Canada et l'UE offrent un meilleur potentiel de croissance que les chaînes de valeur canado-américaines.
Ottawa et les provinces (qui sont aussi représentées à la table des négociations avec l'UE) doivent donc confier aux négociateurs canadiens un mandat élargi, qui leur garantira d'autres avantages qu'un accès amélioré à l'UE pour les produits canadiens. Il faudrait notamment accorder la priorité à l'élimination des obstacles au commerce bilatéral de services entre le Canada et l'UE (par exemple en facilitant l'obtention de visas pour les travailleurs temporaires), améliorer l'accès aux investissements bilatéraux et supprimer les obstacles aux intrants qui aident le Canada et l'UE à renforcer la compétitivité de leurs chaînes d'approvisionnement.
Ce rapport a été produit par le Centre du commerce et des investissements internationaux du Conference Board du Canada, qui a pour but d'aider les dirigeants canadiens à mieux comprendre l'incidence que peut avoir la dynamique économique mondiale sur les politiques publiques et les stratégies des entreprises.
Renseignements:
Brent Dowdall, Relations avec les médias, tél. : 613-526-3090, poste 448
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