Le Canada doit respecter le droit à l'autodétermination d'Haïti
MONTRÉAL, le 9 juin 2021 /CNW Telbec/ - Nous, les membres du collectif Concertation pour Haïti, sommes extrêmement inquiets de la situation générale qui persiste en Haïti et du climat d'impunité qui s'y est installé depuis maintenant plusieurs années.
Nous déplorons notamment l'instabilité politique provoquée par le gouvernement illégitime actuel de Jovenel Moïse qui refuse de respecter la Constitution haïtienne dont il est censé être le défenseur et le protecteur. La décision du gouvernement de tenir un référendum illégal et de prolonger illégalement son mandat à la tête du pays a pour effet de maintenir la société civile dans un contexte d'insécurité permanente. Cet état de fait perpétue la déstabilisation de la société dans un contexte de crise sanitaire, ce qui vient exacerber une situation déjà catastrophique.
Par ailleurs, à cet égard, nous ne pouvons que décrier le rôle du CORE GROUP et celui du Canada qui en fait partie, dont les actions et le positionnement politique constituent un affront au droit démocratique du peuple haïtien de décider par et pour lui-même de la voie à suivre pour cheminer vers un idéal de bien-être collectif et d'un accès aux outils d'émancipation collective auxquels ont droit les peuples libres. Ce concept appelé le droit à l'autodétermination est sacré et doit être respecté par l'ensemble des États.
Le gouvernement Moïse a volontairement mis à mal le cadre législatif du pays en se donnant de la sorte des pouvoirs très étendus. Si on ajoute l'insécurité et l'impunité généralisées qui prévalent en Haïti, il en résulte l'impossibilité de survivre pour les personnes, majoritairement les femmes, dont la subsistance est étroitement liée à l'économie informelle. De plus, force est de constater que les luttes ouvrières et celles pour la défense des droits de la personne sont durement réprimées et que militantes et militants sont régulièrement criminalisés par ce gouvernement.
Enfin, plusieurs questions se posent. Pourquoi l'expression démocratique de la volonté du peuple haïtien continue-t-elle à être bafouée ? Pourquoi la tutelle internationale est-elle maintenue ? Et pourquoi encourage-t-elle le non-respect de la Constitution haïtienne ? La réponse est évidente : le bras de fer actuel ne peut se perpétuer sur le dos de la population haïtienne.
En conséquence, nous exigeons du gouvernement canadien, des institutions internationales et singulièrement du Core Group :
- De respecter la souveraineté des Haïtiens et Haïtiennes, et de s'abstenir de dénoncer toute ingérence dans les affaires d'Haïti.
- D'écouter les acteurs et actrices de la société civile haïtienne, qui se sont prononcés publiquement et à maintes reprises contre la tenue d'un référendum inconstitutionnel et d'élections qui, dans les conditions actuelles, ne seront ni libres ni démocratiques, et ne peuvent s'apparenter qu'à une farce tragique, risquant de conduire à la restauration de la dictature.
- De dénoncer l'illégitimité du référendum et du processus électoral, ainsi que l'absence de conditions pour que des élections libres et démocratiques puissent être réalisées avec Jovenel Moïse au pouvoir.
- De soutenir un processus de transition exigé et mis en œuvre par les Haïtiens et Haïtiennes, en se référant à la Constitution de 1987.
- D'appuyer le travail des organisations haïtiennes pour que les responsables des violations des droits de la personne - au premier rang desquels les massacres et la dilapidation des fonds Petrocaribe - soient jugés de façon juste et équitable.
- De revoir plus largement, avec humilité et honnêteté, leurs politiques poursuivies ces dernières années, et même décennies, qui ont contribué à l'impasse actuelle.
Fondée en 1994, la Concertation pour Haïti (CPH) est un regroupement d'organismes de la société civile et de membres individuels du Québec qui participe au mouvement de solidarité avec le peuple haïtien. La CPH œuvre pour la promotion des droits de la personne et des libertés fondamentales en Haïti, du développement solidaire et de la sensibilisation du public.
SOURCE FTQ
Hélène Gobeil, AQOCI, pour la CPH, 438-828-2965
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